Pactisation Armée-Manifestants au Soudan : Les haricots en voie de cuisson pour Omar El Béchir ?

Pactisation Armée-Manifestants au Soudan : Les haricots en voie de cuisson pour Omar El Béchir ?

Sans être une forme de signe républicain, la pactisation des armées africaines avec les manifestants depuis les fameux printemps arabes de 2011, est devenue un signal fort pour les dictateurs, tyrans et autres timoniers du continent.

Le cas de l’Algérie actuelle où malgré les coups de semonce du général Gaïd Salah, on sent un penchant de l’armée nationale populaire (ANP) pour les millions d’Algériens, semble faire son effet domino au Soudan.

Voilà plus de 3 mois, le 19 décembre exactement que des émeutes liées à la faim ont servi de détonateur à un vaste mouvement qui ne cesse de grossir, qui gronde, exige et ne recule pas devant l’arsenal répressif du pouvoir d’Omar El Béchir.

Depuis ce 6 avril 2019, il y a comme une révolution copernicienne dans ces manifestations anti-El Béchir. Faisant échos à l’appel de Sadek-Al Mahdi le patron de l’opposition soudanaise, qui exige désormais le départ du chef de l’Etat, les forces de l’opposition regroupées dans le conglomérat «Liberté et Changement» demandent la démission de Béchir et tout le gouvernement que cornaque le très contesté Mohamed Taher Ayala. Depuis ce 6 avril 2019, les manifestants ont investi un coin névralgique de Khartoum : le quartier général de l’armée à quelques pattés du palais présidentiel et le coin est désormais infesté de manifestants et de militaires qui tentent de déloger les occupants. Depuis ce 6 avril également, les militaires ont tiré à balles réelles tuant 7 manifestants à Khartoum et au centre Darfour.

Pourtant malgré ces échauffourées entre la soldatesque et les émeutiers soudanais, on a senti une sorte de pactisation entre les deux entités. En tout cas, plusieurs témoignages concordants font état de ce courant dans l’armée qui se tourne vers les manifestants. Mieux, le Conseil militaire et sécuritaire national, autrement dit  l’instance décisionnelle de l’armée, a clairement affirmé qu’il faut «écouter les réclamations des manifestants», autrement dit Omar El Béchir doit tendre une oreille attentive à la bronca de ses compatriotes.

Or, outre les services de renseignements, c’est sur cette même armée que El Béchir s’est adossé pour régner sans partage depuis 30 ans sur le Soudan. Début d’un lâchage par ses frères d’armes du célèbre homme oblong à l’éternel canne de Khartoum ? Les haricots sont-ils en passe d’être cuits pour le présumé massacreur de Darfouris recherché ardemment par la CPI ? Pourquoi malgré la valse des bérets, El Béchir, ayant nommé récemment dans l’armée, ses fidèles, pourquoi alors, ceux-ci semblent se démarquer de leur mentor ?

Les Soudanais plus forts que la CPI ? Peut-être, mais, il se susurre un scénario échafaudé par la même armée : appuyer les manifestants pour faire dégager Omar El Béchir, tout en lui trouvant un point de chute, hors des griffes de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda. Où ? Dans les monarchies arabes ? Toujours est-il qu’il souffle un vent de changement au Soudan, une bourrasque de fin de règne que semble avoir senti l’armée. Le chant du cygne pour El Béchir ? Quand ? Nul ne le sait, car c’est connu aussi, les dictateurs se battent souvent jusqu’au dernier retranchement avant, de guerre lasse, rendre le pouvoir. El Béchir fera-t-il exception ? On peut en douter.

Sam Chris

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