Palais de justice  : Des violeurs et trafiquants de drogue à la barre

Palais de justice : Des violeurs et trafiquants de drogue à la barre

Les jours passés, un certain nombre de procès ont eu lieu au Tribunal de grande instance de Ouagadougou (TGI). Parmi les dossiers jugés, trois auront le plus retenu l’attention du public. Le premier est celui de trois amis qui ont été jugés pour consommation de drogue, alors qu’ils militent dans une association qui lutte contre la prise de ce stupéfiant. Le second est celui d’une récidiviste qui a tenté de livrer le même produit qu’elle a caché dans son sexe, à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Le troisième est un pasteur condamné à cinq années de prison ferme pour avoir violé la fillette âgée de 15 ans de sa voisine. Nous vous proposons le résumé de ces trois affaires.

«L’habit ne fait pas le moine». Cet adage sied très bien à Abdoulaye Somé, Pierre Kaboré et Alexandre Sawadogo. Ils sont tous les trois des agents d’une association qui œuvre dans la lutte contre les infections à VIH/SIDA en faveur des personnes qui se droguent à l’héroïne par voie intra veineuse. Aux yeux des responsables de l’association, tout comme ceux qu’ils sensibilisent au quotidien, ce sont des exemples à suivre. Au fond, ce sont des hypocrites qui se fond passer pour ce qu’ils ne sont pas, car en-dessous de leurs mentaux de sensibilisateurs, se cachent des consommateurs de drogue. Ils ont été mis aux arrêts par la police à la suite d’un appel anonyme les dénonçant. Sans perdre de temps, les forces de défense et de sécurité, ouvrent une enquête, selon le procureur du Faso qui va les conduire au domicile de Adoulaye Somé. Sur les lieux, il sera pris la main dans le sac en train de se droguer, en compagnie de Pierre Kaboré. Ils sont sur le point d’être embarqués, quand Alexandre Sawadogo ignorant ce qui se passe, fait son entrée au domicile de son ami. De façon professionnelle, les policiers vont l’interroger et le fouiller. C’est au cours de la fouille, qu’ils vont retrouver dans un sac qu’il avait sur lui, des seringues et des préservatifs, a confié le procureur. Ce dernier rappelle que lesdites seringues ont été modifiées pour qu’elles ne puissent pas contaminer, en procédant à l’injection au cas où l’un des utilisateurs serait infecté par le VIH/SIDA. Selon ses dires, ce sont des seringues transformées par l’association en question, car en place et lieu du fer, c’est du plastique qui est utilisé. Il sera embarqué avec ses deux compagnons et les trois seront présentés devant le parquet. Tout comme les deux autres qui ont reconnu les faits qui leur sont reprochés, Alexandre Sawadogo, gestionnaire d’hôpitaux, raconte pour sa défense, qu’il a été pris dans cet engrenage par ses activités, et qu’il ne consomme de l’héroïne qu’une seule fois par mois. Son mea-culpa ne va pas convaincre le procureur qui estime qu’un agent public doit servir d’exemple pour les autres ; et de surcroît, s’il s’est engagé dans la sensibilisation contre la drogue. Pour sa part, il a requis contre les trois compagnons, une peine de 12 mois de prison avec sursis, en tenant compte du statut de Alexandre Sawadogo qui est un agent public et qui risquerait de perdre ses avantages. La délibération est prévue pour avoir lieu le 3 avril 2018.

Le second dossier jugé dans la semaine a également trait à la drogue. La différence est que l’accusée, une femme, a été interpellée à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) où elle a tenté de faire passer le stupéfiant qu’elle a caché dans son sexe. Il s’agit en effet, de Solange Ouédraogo, une ex-détenue, qui avait été condamnée pour purger une peine de 12 mois de prison pour consommation de drogue et qui s’est retrouvée dehors pour avoir bénéficié de la grâce présidentielle en décembre 2017. Selon le procureur, elle a réussi à passer le poste de contrôle avec le stupéfiant et c’est à l’intérieur qu’elle sera interpellée par une garde pénitentiaire quiva procéder à une fouille plus approfondie. C’est cette dernière qui va retrouver le stupéfiant caché dans un plastique noir dissimulé dans le sexe de  l’accusée, a-t-il soutenu. Il faut rappeler que le concubin de Solange Ouédraogo est incarcéré actuellement à la MACO pour fait de consommation de drogue. Pour sa défense, elle a confié que la drogue trouvée sur elle n’est pas destinée à ce dernier, mais à sa consommation personnelle. Elle justifie elle-même sa présence à la maison d’arrêt par  le souci de rendre visite à une ex-codétenue qui l’avait aidée durant son passage à la MACO. Bien entendu, les explications de la récidiviste n’auront pas convaincu le procureur qui aura requis trois ans de prison ferme contre elle. Le président du tribunal ira dans le même sens que lui et va la condamner à la peine requise.

Le pasteur violeur

Quand monsieur le pasteur fantasme sur la fille de sa voisine et qu’il a du mal à se maîtriser, il finira par se retrouver derrière les barreaux. C’est ce qui va arriver à Ismaël Koffi, se disant pasteur, de nationalité étrangère. Il sera condamné à cinq ans de prison ferme par le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou qui l’a reconnu coupable de viol sur la fillette âgée de 15 ans de sa voisine et qui l’a condamné à verser à cette dernière, la somme de cinq millions de francs CFA pour dommages et intérêts. Selon le procureur, la victime et son bourreau vivent dans une cour commune. Il explique que la fillette qui se rendait dans la douche pour se laver a rencontré le pasteur qui s’y rendait également pour la même raison. Bien éduquée, elle a cédé la place à ce dernier qui a décliné le geste sous prétexte qu’il rentrait dans la toilette pour se soulager d’abord, a-t-il souligné. Il raconte que c’est quand cette dernière est rentrée dans la douche que Ismaël Kaboré s’y est introduit également, en la menaçant avant de la violer. D’après le procureur, c’est à la fin de son calvaire, que la fillette tout en larmes est sortie de la douche pour aller raconter à sa tante, le calvaire qu’elle venait de vivre. Cette dernière portera plainte contre son voisin le lendemain, après avoir amené sa nièce à l’hôpital pour des soins, de 19 heures à minuit passée, a souligné le ministère public. Il rappelle que c’est après que la tante de la victime eut montré le certificat médical à la gendarmerie que le prévenu a été appréhendé par les forces de sécurité.

Comme lors de nombreux procès, l’accusé, après avoir reconnu le fait qui lui est reproché, lors de l’enquête, devant la cour, nie et déclare que c’est la petite de 15 ans qui a attrapé son sexe. Bien entendu, ses dires ne vont convaincre aucun des juges qui finiront par le condamner à cinq ans de prison ferme plus une amende de cinq millions de francs CFA pour dommages et intérêts à sa victime.

Il faut rappeler que celui-ci est un habitué de la justice. Il avait été en effet, condamné à une peine de 5 ans dans un pays voisin du Burkina Faso, qu’il a purgée, avant de migrer au Burkina en 2013.

Thierry AGBODJAN

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