Paraphe de l’Accord inter-centrafricain de Khartoum : Un texte à l’épreuve d’un Etat failli

Paraphe de l’Accord inter-centrafricain de Khartoum : Un texte à l’épreuve d’un Etat failli

La signature de l’accord est reportée. Prévue pour dimanche, une contrainte de calendrier a retardé le geste symbolique à Khartoum. Mais l’on peut dire que l’affaire est pliée. Après des trains d’atterrissage, qui refusaient de se déployer et freinaient l’avion des négociations de prendre pied sur le tarmac de la paix, les points de blocage ont ensuite pu être levés et les sourires et soulagement se lisent sur les visages des négociateurs de l’Union africaine. Les 14 groupes armés et le gouvernement de la République centrafricaine ont enfin trouvé un terrain d’entente avec le pouvoir où ils pourront lancer le jeu de la sortie de crise et des affrontements sanglants, gorgés de massacres et autres exactions.

Mais à quel prix ?

Il est à noter que l’argument qui a fait sourire les groupes armés et facilité leur adhésion à cet accord de paix est l’amnistie générale qui leur sera accordée. Une pluie générale qui va doucher les atrocités qui maculent le corps de ces hommes qui ont commis des actes inhumains et massacré à leurs semblables à tour de bras dans la RCA meurtrie, perforée et percluse de toutes parts. Tous les crimes commis sous la lame tranchante des machettes, le bout meurtrier des balles de fusil et autres actes innommables perpétrés sur leurs prochains seront donc effacés, jetés dans «un trou noir» dont on n’entendra plus jamais parler. Et ce, avec les noms, les pleurs, les cris, les souffrances et les peines étouffées des victimes vivantes et mortes de ces années de sang en Centrafrique.

Evidemment et une fois de plus, l’Histoire humaine sera marbrée par un «blanchiment»  des égarements des êtres humains. Au nom de la paix et du besoin de retrouver la stabilité dans cette RCA, les Hommes deviendront aveugles vis-à-vis de leurs propres actes. Sauf énième report, les chefs d’Etat de la RCA, du Tchad et du Soudan seront présents à Khartoum aujourd’hui 5 février, pour le paraphe de ce document censé faire taire les armes dans l’ex-Oubangui-Chari.

Il est clair que les dents vont grincer en RCA lorsque cet accord sera enfin paraphé à Khartoum. Du reste, il faudrait se garder de toute conclusion hâtive, car on ne ferme pas aussi sereinement les portes de temps d’atrocités. Des buttes, des poches, des creux et des encoignures de résistance resteront, tant du côté des fameux 14 groupes armés que des populationsqui s’estimeront lésées par l’accord.

Il faudra néanmoins espérer que c’est le bout du tunnel et que la crise centrafricaine cessera désormais de se décliner en termes de nombre de macchabées. Avant sa signature à Bangui, c’est un accord à l’épreuve d’un pays où l’autorité centrale se limite à la capitale, pour ne pas dire au palais présidentiel de la Renaissance et ses alentours.

Le reste étant la chasse-gardée de rébellions, si ce n’est de seigneurs de guerre ou de mercenaires qui exploitent les richesses du sous-sol. Quel problème va régler cet accord entre protagonistes centrafricains ?

Ahmed BAMBARA

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