Partenariat équilibré UE-Afrique : Quand Jean-Claude Juncker enfonce une porte déjà ouverte!

Partenariat équilibré UE-Afrique : Quand Jean-Claude Juncker enfonce une porte déjà ouverte!

«Une nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe». C’est le nouveau drapeau de marketing qu’agite le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, devant les yeux de l’Afrique. Cette alliance voudrait que l’Europe et l’Afrique se tutoient, se parlent d’égal à égal et instaure une zone de libre-échange de continent à continent. On ne parlera donc plus de partenariat UE-Zimbabwe ou UE-Burkina, mais de collaboration entre deux entités plus globales. Les importations et les exportations parleront le langage de la liberté.

L’idée n’est pas mauvaise. A un tournant des relations commerciales marqué par une offensive très agressive de la Chine, qui propose des opportunités très alléchantes, risquant de damer le pion aux intérêts européens, l’UE  se doit de trouver une parade et une riposte à la hauteur pour ne pas définitivement perdre pied face au nain devenu géant et gourmand chinois.

A partir du moment où l’Afrique a l’embarras du choix, il a désormais le loisir de regarder vers le drapeau qui lui fait le plus de bons signes et lui offre de meilleures perspectives de développement. Continent où tout est prioritaire et où les indicateurs sont à des années lumières de ses «frères» d’Europe, d’Asie et d’Amérique, il lui faut faire route avec des partenaires qui l’aideront à gravir les pentes de la montagne, non pas avec la mentalité de l’assisté, mais plutôt d’un continent souverain à part entière. Tout cela, en tenant compte de ses intérêts afin de ne pas être finalement un tremplin où tout le monde prend pied pour maintenir sa suprématie, enfonçant davantage le continent.

10 millions d’emplois en cinq ans. La perspective est alléchante pour l’Afrique où ses bras valides enjambent les frontières pour se jeter dans les eaux des océans au péril de leur vie pour un eldorado qui ne s’avère pas au final, aussi beau qu’il n’y paraît de loin. Mais les investissements que Juncker annoncent seront-ils faits au profit de l’Afrique et de l’Europe ou pour le seul gain des Européens ?

Du reste, l’instauration d’une zone de libre-échange ne risque-t-elle pas, notamment dans certains secteurs aussi sensibles que l’agriculture, de plonger davantage l’Afrique vers les abysses du sous-développement ? L’idée est bonne et louable. Mais admettre un combat entre un bras d’argile et un bras d’acier dans un duel où tous les coups sont permis est évidemment irréaliste. Oui donc pour «la nouvelle alliance» sans paternalisme, sans emprise de dominant sur le dominé, mais dont les contours devront être balisés, raffinés et décapés afin que l’Afrique se hisse au niveau de l’Europe et non pour que le premier reste l’éternel souffreteux en quête de pitié.

Ahmed BAMBARA

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