Pas de sanctions contre le Burkina au sommet extraordinaire de la CEDEAO : L’enfant de Nakalbo débute avec la baraka

Pas de sanctions contre le Burkina au sommet extraordinaire de la CEDEAO : L’enfant de Nakalbo débute avec la baraka

La clémence a pris le dessus sur la rigueur à Accra ce jeudi 3 février 2022, lors du sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Au terme de cette journée de cénacle très attendue, l’instance régionale a décidé d’épargner le Burkina Faso de nouvelles sanctions dans l’attente d’un  «chronogramme assez raisonnable de sortie de crise pour aller aux élections». Ainsi, la CEDEAO très critiquée ces dernières semaines s’en tiendra à la sanction principielle et basique à savoir la suspension du pays des hommes intègres de ses instances. Le parallèle avec le voisin malien est vite fait, même si les circonstances diffèrent. Au Mali comme au Burkina Faso, deux présidents réélus aux suffrages universels ont été renversés par des colonels. Le contraste se trouve encore dans le renversement du président Bah Ndaw et de son premier ministre Moctar Ouane, par le colonel Goïta et ses camarades.

Si le pouvoir de Bamako, après un premier calendrier fixant les consultations électorales en février 2022 s’était rebiffé pour demander plus de temps  (4 à 5 ans de Transition) avant d’aller à un quelconque scrutin, au Burkina Faso rien de cela n’a pour l’heure été décidé.

C’est donc la principale raison de cette clémence de la CEDEAO envers le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, auteur du coup d’Etat du 24 janvier dernier et Cie. Il est vrai que le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) du lieutenant-colonel Damiba entame sa deuxième semaine de règne. Mais, ce serait faire preuve de myopie politique que de croire que c’est ce temps qui a joué en sa faveur au sein de la CEDEAO qui s’est inspirée du cas malien pour  examiner la situation socio-politique qui prévaut au Burina Faso.

Le contexte l’exigeait et c’était le meilleur moyen pour l’organisation sous régionale d’éviter les tirs de barrage qu’elle a essuyés après les dures sanctions adoptées contre le Mali. On pourrait croire que la CEDEAO, perçue comme un club ou encore un syndicat de chefs d’Etat tente de toucher les cœurs au sein de l’espace communautaire en tempérant ses décisions. Cette attitude pourrait aussi trouver une explication dans l’accueil empreint de courtoisie et le contenu rassurant des discussions entre les émissaires de l’organisation avec le nouvel homme fort burkinabè à Ouagadougou. Vraisemblablement, cette mission dont le rapport circonstancié milite en faveur d’une certaine mansuétude à l’égard de MPSR, a pesé dans la balance lors de ce sommet extraordinaire. Souvent, tout est question de diplomatie et d’approche pourrait-on dire.

Si dans le principe de la CEDEAO, toute prise du pouvoir par les armes doit être condamnée et les auteurs châtiés, il n’en demeure pas moins qu’après le cas malien, la CEDEAO dont l’espace a connu 4 coups d’Etat en 18 mois, est plus que jamais sur la sellette car ses méthodes semblent improductives.  A présent, ce moment de répit accordé au Burkina Faso constitue donc une aubaine pour Paul-Henri Damiba d’affiner calmement sa stratégie et de mener des consultations afin de présenter un chronogramme acceptable.  Cela sous-entend donc, la mise en place d’une Transition Short Short. Mais, dans ce Burkina Faso dont des pans entiers du territoire échappent au contrôle de l’Etat, peut-on aller à la va-vite ? Comment va procéder le nouveau pouvoir face aux pressions internes (sécuritaires)  et extérieures qui attendent que le Kaki cède rapidement la place aux costumes et gandouras des politiques ?

Pour l’heure, l’enfant de Nakalbo (village natal du lieutenant-colonel Damiba distant de 4 kilomètres de Koupéla) a la baraka avec lui et devrait en profiter pour avancer rapidement avec des gages qui convainquent et rassurent sur la composition du gouvernement, mais surtout le timing de transition. Cela y va de sa crédibilité, car la chance demeure une coquine trop fugace surtout dans ce Burkina multiprise.

Davy Richard SEKONE

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