Passation de pouvoir en RD Congo : «Fatshi» pourra-t-il vraiment habiter la fonction ?

Passation de pouvoir en RD Congo : «Fatshi» pourra-t-il vraiment habiter la fonction ?

Trois kaléidoscopes en ce 24 janvier 2019, jour béni s’il en est pour la RD Congo :

1) Le cercueil d’Etienne Tshisekedi qui trône toujours dans un funérarium bruxellois depuis deux (2) ans ;

2) A 6 000 km de là, son fils prêtant serment pour être le premier chef d’Etat civil dont la dévolution du pouvoir s’est faite via les urnes, et non par raccourci militaire ou par la canonnière rebelle. Entre les deux, des liens de père à fils, de sang, d’héritage politique du second qui bénéficie des quarante (40) ans de lutte du premier.

3) Kabila président-sortant, toujours dans son palais présidentiel qu’il ne quittera pas du reste, est à la baguette pour cette cérémonie de passation de charge du pouvoir suprême. Un pouvoir qu’il sait transmettre pour la forme à un «homme coincé», un homme qu’il tiendra par le premier ministre qu’il lui collera et à la marge de manœuvre quasi inexistante qui sera la sienne à l’Assemblée nationale, le FCC, son camp détenant la majorité des sièges.

Dix-sept (17) chefs d’Etat conviés, certains à leur demande, la plupart triée sur le volet par le pouvoir sortant, en fonction des relations avec ceux-ci et surtout en tenant compte de la posture adoptée par chacun, à l’issue de la proclamation des résultats des élections du 30 décembre. Des voisins immédiats, mais aussi éloignés, tels la Tanzanie, l’Angola, le Malawi, la Namibie, le Soudan, le Maroc, la Côte d’ivoire, sont ainsi invités mais aussi des voisins indésirables comme le Rwanda, donneur de leçon de démocratie, mais pas démocrate et dont le président est toujours président de l’UA, mais également la Zambie dont le n°1 Lungu qui prônait le recomptage des voix.

Une transmission de pouvoir réglée au cordot par la galaxie kabiliste, qui est partie en théorie, sans avoir bougé d’un iota, en dépit du fait que Kabila jure la main sur le cœur, que son successeur aura les pleins pouvoirs. CQFD = ce qu’il faudra démontrer.

Bien sûr, sobriété pour sobriété, Félix Tshisekedi entendra les grands juges de la Cour constitutionnelle lui renvoyer à son serment, devant l’aréopage de personnalités présentes, il sera revêtu de pourpre et d’hermine, les attributs présidentiels, mais possédera-t-il pour autant l’entièreté du pouvoir qui sied à un chef d’Etat ?

Félix Tshisekedi aura-t-il les moyens de réformer un Etat congolais qui depuis des décennies est une coquille vide ? Dépourvu de l’armée qui reste fidèle à l’ancien pouvoir et  face à une justice vermoulue et une corruption endémique, le président élu aura-t-il la latitude d’agir en sa guise ?

Machiavéliquement doué, Kabila a quasiment tout verrouillé et de son palais ou de sa ferme de Kingakati, du haut de ces deux (2) observatoires donc, il continuera à régenter la RD Congo comme il le veut.

Si Tshisekedi n’y prend garde, ce sera même son premier ministre, qui concentrera la réalité du magistère suprême entre les mains, endossé qu’il sera au pouvoir sortant.

Car il ne  faudra pas rêver, Tshisekedi ne pourra pas jouer les Joao Laurenço d’Angola, pour imprimer sa marque et nettoyer les écuries de Kabila, comme l’Angolais l’a fait pour Dos Santos. Nanti déjà de peu d’expérience politique et président-lige, Tshisekedi a sans doute accepté ce deal, qui le propulse à la tête du Congo, pour le reste, il risque d’être réduit à inaugurer les chrysanthèmes.

Dès aujourd’hui, prenons date, la RD Congo a peut-être son Poutine, mais a-t-il pour autant son Medvedev ? Un président de la République qui n’a pas la main mise sur les finances, (le pouvoir sortant est riche comme Crésus) ni sur l’armée, alors que le pays a mal à son flanc Nord, Est (gangrenés par des rebellions à fragmentation), ni le levier politique (primature et Assemblée nationale ne lui sont  pas acquises) donc supportant malgré lui une cohabitation, un tel président de la République est-il réellement le n°1 du pays ?

On peut en douter. D’où la question : «Fatshi» pourra-t-il vraiment habiter la fonction ? Seuls lots de consolations pour l’impétrant du jour, il sera dans les grands sommets, dialoguera avec les représentants de l’UE et des USA et les grands de ce monde qui ont finalement décidé de collaborer avec le nouveau pouvoir.

Sam Chris

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