Patrice Lumumba : 64 ans après, petit pas vers la justice historique

Patrice Lumumba : 64 ans après, petit pas vers la justice historique

 

 

«Ce n’est qu’une avancée, après autant d’années de silence, on prend les choses étape par étape, le problème c’est qu’il n’y a aucun coupable… Lumumba n’était pas un homme seul, il y avait d’autres personnes. C’est notre histoire, l’histoire du Congo», paroles de Julianna Lumumba, après la décision du parquet belge de poursuivre Etienne Davignon.

Qui a commandité l’assassinat de l’ancien premier ministre de l’ex-Zaïre, Patrice Lumumba ? Qui l’a livré à son pire ennemi Moïse Tshombé, gouverneur du Katanga à l’époque de là où il a subi les pires sévices avant d’être achevé ? Aucune réponse malgré les témoignages, les documentaires et les bribes confidences, aucun coupable ou plutôt une responsabilité, celle de la Belgique, consécutive à une enquête parlementaire de la Belgique.

Naturellement, tout porte à croire que celui qui fut son secrétaire particulier, Mobutu, lequel, après son coup d’Etat, ordonne depuis l’ancien Léopoldville, la mise en résidence surveillée de Lumumba. A-t-il laissé faire son alors sécurocrate en chef Godefroid Munongo.

64 ans après celui dont la dernière image date du 28 novembre 1960 est le trentenaire qu’on malmène sur un camion, et 14 ans après, la plainte de ses enfants, un survivant va peut-être répondre ou en tout être jugé pour cette disparition : Etienne Davignon, ex-diplomate au ministère des Affaires étrangères, ancien commissaire européen, 92 ans.

La chambre du Conseil du tribunal correctionnel de Belgique possède des indices sur la participation de l’intéressé à des tortures concernant ce monsieur. Ils étaient 9 Belges, il y a quelques années dans ce cas, puis 6, mais de nos jours, d’Avignon est le dernier survivant. Léopoldville confirmera-t-il que Patrice Lumumba a été exfiltré vers le Katanga (Lubumbashi) où il a été fusillé avant que son corps ne soit dissous dans de l’acide ? Des sicaires de l’armée zaïroise, la sûreté belge, la CIA et l’incontournable Jacques Foccart sont-ils vraiment mêlés à cet assassinat ?

Nonagénaire, donc avec une mémoire forcément défaillante, Etienne Davignon se remémore-t-il vraiment ce qui s’est passé, si tant est qu’il est mêlé à cette sordide affaire d’Etat ? Seul le parquet royal belge nous le dira.

C’est du reste ce que Julianna Lumumba, la fille du célèbre suppliciée du Katanga a espéré. Il est vrai qu’il y a un an de cela, le seul reste mortel de son père était une dent qu’un Belge avait d’ailleurs gardée par devers lui.

Ce dossier Lumumba s’il aboutit devrait inspirer les Africains à de plus en plus aplanir certains pans du passé qui ne passent pas. Oser réveiller certains fantômes pour en conjurer le halo et pouvoir vivre en cohésion, ceci manque souvent sur le continent.

On a tué, on a fait du tort, et les pouvoirs se succèdent mais nul n’ose. On parle bien sûr de réconciliation, de justice mais il n’y a pas souvent ni aveu, encore moins de coupable. Nul n’ose assumer, et quand bien même la justice passerait, on a la vérité judiciaire, mais celle historique, repassez. On espère qu’en Belgique, les 2 pourront être dites encore faut-il qu’Etienne Davignon s’en souvienne et qu’il soit mêlé.

Aujourd’hui au Faso

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR