Le rapport est accablant et l’ampleur du phénomène dépasse l’entendement. Après deux ans et demi de travaux, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) rend ce mardi les conclusions, dans un rapport, qui annexes comprises, passera finalement à «2 500 pages». Les chiffres de ce rapport sont effrayants. Il y a eu «entre 2 900 et 3 200 pédocriminels», hommes prêtres ou religieux au sein de l’Église catholique en France depuis 1950, a déclaré à l’Agence France-Presse, Jean-Marc Sauvé, président de la Commission qui enquête sur la pédocriminalité dans l’Église. A y voir de près, il s’agit d’une estimation minimale, fondée sur le recensement et le dépouillement des archives (Église, justice, police judiciaire et presse) et sur les témoignages reçus par cette instance. C’est un chiffre à rapporter à une population générale de 115 000 prêtres ou religieux au total sur cette période de 70 ans.
S’il faut se féliciter que le clergé ait pris les devants pour crever cette gangrène vieille comme le monde, la question principale qui taraude les esprits, reste celle de savoir quelle suite sera donnée à ce travail de fourmi qui vient d’être réalisé ? Sujet resté tabou depuis plusieurs générations, la pédocriminalité constitue l’une des plaies de l’Eglise qui traine avec elle. Et c’est à se demander s’il ne s’agirait pas d’un mal congénitale difficile à éradiquer. En attendant la remise officielle de ce rapport à la Conférence des évêques de France (CEF) et à la Conférence des religieuses et religieux des instituts et congrégations (CORREF), on peut dire que c’est une bombe qui vient d’être lâchée entre les mains de l’Eglise qui devra après réception, s’attaquer à ses brebis égarées avec la rigueur qui sied. Cela y va de sa crédibilité et de sa survie, car telle une pieuvre, ce phénomène dispose de plusieurs ramifications qu’il faudra sectionner pour rendre justice aux milliers de victimes qu’il aura fait à travers le monde et à travers les âges.
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