Philippe au Congo-Kinshasa : Réchauffement des relations entre un ex-Suzerain et son ancien féal

Philippe au Congo-Kinshasa : Réchauffement des relations entre un ex-Suzerain et son ancien féal

Philippe au Congo du 7 au 13 juin comme Tintin au Congo en 1931 ? Non, on n’est pas  en 1931, et l’un est une fiction imagée, l’autre une réalité de 2022 ! L’un est reporter (Tintin) l’autre un vrai roi, celui des Belges.

Impossible pourtant d’évoquer la visite d’un roi belge au Congo, sans une petite réminiscence de Tintin au Congo, l’œuvre de Hergé qui retrace les pérégrinations du petit reporter à travers l’Afrique, notamment au Congo, impossible aussi de ne pas voir le racisme cru derrière chaque phrase et chaque dessin, de cette saga romanesque du dessinateur Belge. Mais impossible aussi de ne pas contextualiser le fait que l’œuvre du jeune Hergé datant de 1930, était de son temps. A l’époque on était raciste par culture qu’on vienne de France, de Belgique ou d’ailleurs en Occident.

Et on comprend d’ailleurs pourquoi en 2007 le citoyen belgo-congolais Bienvenu Mbutu Mondondo a déposé une plainte à Bruxelles pour qu’on interdise la diffusion de Tintin, dont les parutions ont été rééditées en 1946, puis en 1970.

Philippe au Congo, à partir d’aujourd’hui, c’est une passerelle pour cimenter un passé cruel et douloureux avec un avenir que Congolais et Belges espèrent prometteurs.

Le roi Philippe était loin, très loin, dans le sein de sa mère lorsque son trisaïeul Leopold II fit du Congo-Kin sa propriété privée. Un pays de forêts et de richesses géologiques, 80 fois grand comme la Belgique. Il y a plus d’un siècle.

Prévu pour 2020, à l’occasion des noces de diamant de l’indépendance du Congo, mais différé pour cause de Covid-19, ce voyage royal, s’inscrit dans le cadre d’une poursuite de la décrispation des relations entre un ex-Suzerain et son ancien féal, mais inaugure aussi le temps de «lâchage» et de la prise en main réelle du destin du Congo par les Congolais.

62 ans  après (30 juin 1960) la venue de Baudouin, 10 ans après celle d’Albert II, voici Philippe, la reine Mathilde d’Udekem d’Acoz et le premier ministre Alexander De Croo au Congo-Kinshasa.

Katanga, Lubumbashi, puis cap sur Bukavu, chez «le réparateur des femmes», le Dr Denis Mukwenge, Prix Nobel de la paix, qui dans cette région donne espoir aux femmes victimes de terribles violences sexuelles et transformées ainsi en véritables armes de destructions massives, voici l’itinéraire du roi Philippe en RD-Congo.

Indéniablement, c’est le réchauffement des relations entre l’ex-Métropole et l’ex-colonie, surtout après les «profonds regrets pour les actes de violences commis au Congo» exprimés en 2020 par Philippe. C’est une forme de mea culpa royal qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Et ce voyage peut se percevoir comme une bonification des rapports avec cette tentative de faire disparaître les scories d’un passé qui a du mal à passer tels la remise dans deux semaines à la RDC, des restes mortels de Patrice Lumumba, en réalité une seule dent, du héros national assassiné dans le Katanga par les sicaires de Moise Tchombé. C’est un acte fort que les Congolais apprécieront à sa juste valeur à l’heure où le dénominateur commun, qui reste aux populations est le nationalisme et … la musique, en particulier, la rumba.

Et que dire des 84 000 œuvres congolaises exposées au Musée d’Afrique de Tervuren près de Bruxelles, créé par Leopold II, il y a 124 ans ? Lesquelles œuvres d’art seront remises au Congo, notamment des fétiches, des objets aratoires, des pirogues, etc. Enfin, l’arrivée de Felix Tshisekedi, le 2e véritable président postcolonial de la RD Congo est propice également à un dégel complet entre la Belgique et la RD Congo (cela avait débuté un peu avec Kabila junior), et cette visite royale est en soi un signe que «Fatshi» est sur le bon chemin pour un développement du pays.

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR