Roch a écouté son peuple. Depuis le 5 juin dernier, suite aux crimes de guerre commis à Solhan exacerbés par la mort de 11 policiers et 2 soldats le 22 juin sur la bretelle Foubé-Barslogho, le vulgus et les salons feutrés réclamaient Urbi et Orbi ou mezza voce, le congédiement de responsables de premier choix.
Relayée par l’opposition qui en a fait un des motifs de sa marche projetée pour les 3 et 4 juillet, les têtes de Chériff Sy et Ousséni Compaoré étaient assurément sur le billot ! D’autres actions pourraient suivre peut-être la valse des bérets au niveau des troupes.
Pour ceux qui s’attendaient à ce qu’on émonde toutes les branches de l’arbre gouvernemental, ils en sont pour leur frais. Le Président du Faso a effectué une pichenette gouvernementale, les maillons faibles ont été extirpés, la défense est prise en charge au plus haut niveau par le chef de l’Etat en personne, mais au contraire des fois dernières, il est secondé par un militaire ministre délégué. Une petite inflexion de Roch qui avait laissé entendre depuis son premier quinquennat qu’il n’y aura pas de soldat dans son gouvernement. Une décision qui avait eu l’heur selon certains de ramollir l’ardeur des soldats et la phosphorescence stratégique de certains hauts gradés dans la lutte contre le terrorisme.
Il revient donc dans les faits au colonel-major Aimé Barthélemy Simporé de galvaniser davantage une grande muette qui depuis des mois est sous les feux des tirs au propre comme au figuré. Le ministre délégué à la Défense, mais de fait celui qui aura en charge l’action d’être au charbon est ci-devant le patron du Centre national d’études stratégiques (CNES), un centre de haut niveau, créé en octobre 2019, axé sur la réflexion et l’anticipation stratégique par la résolution globale des problèmes de défense et de sécurité. Le colonel-major est un officier de valeur qui a fait ses armes en tant que chef de corps, formé aux Etats-Unis… Il a le profil de l’emploi.
C’est donc désormais à un stratège qu’est confiée par délégation la lutte contre le terrorisme, un colonel qui recevra ses ordres directement du locataire de Kosaym. Quant au remplacement du titulaire de la sécurité, Maxime Koné, c’est un jeune juriste, diplômé en gestion des conflits, et diplomate et jusqu’à sa nomination comme premier flic, il était ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères chargé de l’intégration africaine et des Burkina de l’extérieur. Il aura la lourde mission de gérer le malaise supposé ou réel entre flics et pandores. Et de tasser l’ ambiance pésante consécutive à la tuerie des 11 policiers sur l’axe Foubé-Barsologho. Maxime Koné devrait pouvoir et savoir parler à la troupe.
Cherrif Sy et Ousséni Compaoré sont passés à la trappe, l’opposition notamment le CFOP a été entendue. Sauf pour le premier ministre qui reste en place, satisfaction partielle pour Eddie Komboïgo et ses ouailles, mais assez suffisante pour attendre de voir venir.
Et maintenant, on fait quoi ? En maintenant sa marche des 3 et 4 juillet, le CFOP joue gros, certes ce n’est pas la défenestration du premier ministre et les 2 ministres indexés qui justifient cette manifestation, il y a la malgouvernance et la corruption qui sont autres justificatifs à cette prochaine sortie dans la rue de l’opposition, mais quoiqu’on dise, le pouvoir a ôté à l’opposition l’essentiel pour lequel, beaucoup n’aurait pas marchandé pour sortir : la question sécuritaire pour laquelle, il fallait opérer des changements. On est en politique et il y a souvent des agendas cachés et le CFOP est en présence de pain béni pour ruer dans les brancards
Ensuite, depuis le premier quinquennat, on en est au 4e ministre de la Défense et au 4e titulaire de la sécurité. Si nécessité fait loi, et si les contingences sécuritaires imposent ce «petit tournez manège» de Roch, trop de mobilité ministérielle confine à la déperdition des compétences.
C’est pourquoi, l’heure est grave, le Burkina est en guerre et on espère qu’on ne va pas perdre le temps à des paperasseries administratives, à des réajustements inutiles et bagarre byzantines ! Les temps sont comptés et le caractère exceptionnel des agressions dont sont victimes civils et Forces de défense et de sécurité (FDS) commandent une réponse politique ferme, laquelle réponse ne peut être que militaire : la guerre contre le terrorisme !
La REDACTION
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