Le jeudi 14 juin 2018, le ministre des infrastructures, Eric Bougouma et ses collaborateurs ont effectué le déplacement du village de Poa, dans la commune de Kyon. Objectif de cette sortie, découvrir le fameux pont en bois de la localité, encore appelé «échangeur de Poa». A la suite de son constat, le ministre a promis la construction prochaine d’un ouvrage de franchissement plus moderne, sans pour autant supprimer celui existant qualifié d’œuvre à caractère touristique.
Véritable œuvre architecturale, le pont en bois de Poa ou «l’échangeur de Poa», long de 200 m, constitue la principale passerelle pour des populations de plusieurs localités de la commune de Kyon (30 km de Koudougou), dans la province du Sanguié. Si cet ouvrage de franchissement artisanal réalisé en 1969 par des «architectes» locaux fait office d’utilité pour plus de 20 000 habitants, il devient potentiellement dangereux, une fois la saison pluvieuse installée. En effet, six villages, trois sur chaque rive (Est et Ouest) restent coupés les uns des autres et même du reste du pays. A défaut de l’emprunter, il faudra faire un détour de près de 80 km, afin de rallier Kyon, à partir de Poa. Dans le but de toucher du doigt cette réalisation qui est en passe de souffler ses 50 bougies et dont en a fait écho un de nos confrères dans sa parution en début juin, à travers son titre «L’histoire d’un échangeur en bois de 200m», le ministre des infrastructures, Eric Bougouma, s’est rendu sur le site jeudi dernier. Pour mieux apprécier le joyau, celui-ci l’a emprunté et au sortir s’est dit émerveillé. «Je suis très fier de nos parents et grands-parents qui ont construit ce pont depuis 1969, permettant aux deux côtés de la commune de Kyon de pouvoir communiquer. C’est dire qu’ils ont du génie, du savoir et de la compétence technique», a confié Eric Bougouma.
Selon lui, ils avaient programmé d’y venir, depuis un certain temps, en vue de s’imprégner de cette belle œuvre. Toutefois, il fait observer que conformément au Plan national de développement économique et social (PNDES), il est assigné comme mission à son département de doter le pays de routes et de ponts de qualité. Et d’ajouter que cela se voit un peu partout. Ainsi donc, pour ce dernier, après 50 ans, ce pont doit être maintenant remplacé par un ouvrage de franchissement moderne et plus solide. «Nous prenons l’engagement de réaliser un pont sans détruire l’existant, qui gardera un caractère touristique et qui témoignera de l’ardeur au travail, de la rigueur et des nombreux sacrifices consentis par les dignes fils de cette localité», a-t-il assuré.
Tout en se réjouissant de la promesse faite par M. Bougouma, les populations, sorties nombreuses, ont, par la voix de leur député, Bienvenu Antoine Bationo, exigé une date pour sa concrétisation. Et sur ce point, il promet que ce nouveau pont verra effectivement le jour, sans cependant, fixer un délai. «Ce n’est pas avec légèreté que nous prenons l’engagement. Nous le prenons parce que nous sommes sûr que les travailleurs du ministère savent faire ce qu’ils disent et savent dire ce qu’ils font. Dès que nous retournerons à Ouagadougou, nous allons déjà mettre une équipe technique sur le dossier, car on ne réalise pas un pont sans étude. Et ces études seront réalisées le plus tôt possible, pour que dans un proche avenir, vous puissiez constater le début des travaux», précise-t-il. A en croire le patron des infrastructures, au regard de la charge historique et émotionnelle que nous inspire ce pont en bois, il est tout à fait normal que le gouvernement fasse en sorte que ce site soit préservé pour être connu de nos enfants et petits-enfants. Pour sa part, le maire de Kyon, André Batiana, a laissé entendre que c’est un ouf de soulagement pour sa commune.
«Depuis hier, quand nous avons reçu l’information que le ministre des infrastructures venait constater de visu le pont sur instruction du Président du Faso, les gens se réjouissaient déjà parce qu’ils savent que la solution est déjà trouvée. Et cela se ressent à travers la mobilisation», a fait savoir le maire, avant de signaler que la population a voulu voir et croire, car il y a longtemps que cette route a fait l’objet de promesse. Pour M. Batiana, avec l’actuel pont, il est difficile de transporter les céréales pour inonder les différents marchés et il s’avère également dangereux, quand il s’agit d’évacuer les malades vers les centres de santé. C’est pourquoi, il en appelle à sa réalisation rapide qui soulagera la peine des populations. Avant de prendre congé des populations de Kyon, le ministre Eric Bougouma s’est rendu au domicile du chef du village de Poa, lui-même faisant partie des géniteurs du pont. Bénédictions et encouragements ont été les maître-mots de ce dernier, en l’endroit de la délégation ministérielle.
Boureima SAWADOGO
COMMENTAIRES