Poursuites contre Alpha Condé et 187 ex-dignitaires : Un autre front pour la justice guinéenne

Poursuites contre Alpha Condé et 187 ex-dignitaires : Un autre front pour la justice guinéenne

C’est un nouveau front que vient d’ouvrir la justice guinéenne. Au moment où les Guinéens
ont les yeux rivés vers le tribunal de première instance de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel
de Conakry à Kaloum, (quartier des affaires), où se tient le procès du massacre du 28
septembre 2009, le pouvoir en place a ordonné de nouvelles poursuites contre le régime
Condé.

C’est par le biais d’une correspondance publiée le jeudi 3 novembre 2022 que le
ministre de la Justice guinéen, Charles Wright, a demandé aux procureurs généraux
«d’engager des poursuites judiciaires» contre des «personnes morales et physiques», dont
l’ancien Président Alpha Condé et 187 autres personnalités ayant servi sous son règne. C’est
donc au total 188 anciens dignitaires dont l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory
Fofana, l’ex-ministre de la Sécurité, Camara Damatang et Mohamed Lamine Condé, ex-
chargé de mission à la présidence qui se trouvent sur la liste du ministre de la Justice. Selon
la correspondance, c’est sur la base «des présomptions graves et concordantes de
corruption, d’enrichissement illicite, de blanchiment d’argent, de faux et usage de faux en
écriture publique, de détournement de deniers publics y compris la complicité que les
comptes des personnes mises en cause ont été gelés pour éviter toute dissimulation des
preuves financières qui peut être préjudiciable aux procédures d’enquête, d’instruction et
de jugement» que cette demande a été faite. Voilà donc, les soupçons qui pèseraient sur le
Pr déchu et ses «hommes» plus d’une année après le coup d’Etat qui a écourté son troisième
mandat. Et pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué. On se rappelle qu’après
sa chute, l’ancien opposant devenu président était passé par la case de la résidence
surveillée, où il avait été privé de certains de ses droits avant de se voir autorisé à aller pour
un checkup médical à l’étranger. A sa suite, et sous la houlette de la Cour de répression des
infractions économiques et financières (CRIEF), créée par la junte, plusieurs de ses ministres
dont les plus emblématiques, Ibrahim Kassory Fofana, Albert Damatang Camara, Tibou
Camara, … avaient été placés sous mandat de dépôt plusieurs mois durant avant d’être
libérés. Alors qu’aucun juge n’a prononcé l’extinction de cette procédure, les voici de
nouveau dans le collimateur de la justice. Et c’est l’ensemble des collaborateurs de l’ancien
président qui sont visés. Le colonel Mamadi Doumbouya l’avait promis lors de sa première
prise de parole. Plus d’un an après sa prise de pouvoir, s’est-il enfin décidé à allumer la
boussole de la justice censée guider son action ? Dans quelle direction va être orientée cette
boussole ? S’agit-il du début du nettoyage des écuries d’Augias ? C’est un truisme, la Guinée
a mal à sa justice et ce depuis des décennies. A l’image de nombre de pays d’Afrique, c’est
l’une des plaies béantes de la démocratie sous nos tropiques. Après l’épisode de l’expulsion
forcée qui avait frappé les opposants Dalein Diallo et Sydia Touré dont les domiciles ont été
rasés, de la dissolution du FNDC, et du massacre du stade du 28-Septembre perpétré dans le
stade éponyme, c’est désormais autour d’Alpha Condé et ses cadres de répondre devant la
justice. Gageons donc, que tout se fasse dans le respect des règles juridiques loin des sirènes
de la chasse aux sorcières pour qu’enfin le pays de Sékou Touré se débarrasse de ces vieux
démons de la mal gouvernance qui plombent son essor.

Davy Richard SEKONE

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