Les 13 et 14 décembre 2019 s’est tenu à Ouagadougou, le 5e congrès de la Société burkinabè de pneumologie (SOBUP) sur le thème : «Innovation pneumologique au Burkina Faso». L’un des faits marquants de cette rencontre a été la sortie de la première promotion de médecins pneumologues entièrement formés au Burkina. Dans les lignes qui suivent, le Pr Georges Ouédraogo, pneumologue tabacologue au CHU-YO et secrétaire à l’organisation de la SOBUP revient sur les principales activités menées au cours de ces quarante-huit heures, les perspectives… Il donne également des conduites à tenir en cette période froide et poussiéreuse favorable à de nombreuses maladies.
Qu’est-ce que la SOBUP ?
La Société burkinabè de pneumologie (SOBUP) est une société savante qui regroupe toutes les personnes engagées dans la prise en charge des maladies respiratoires de façon globale. Des médecins des infirmiers ou toute autre personne voulant s’impliquer. Les membres participent aux activités de la Société, couronnées tous les deux ans par un congrès afin de faire le point des travaux. La SOBUP a douze (12) années d’existence.
Les 13 et 14 décembre derniers s’est tenu votre 5e congrès sur le thème principal : «Innovation en pratique pneumologique au Burkina Faso». Pourquoi ce choix ?
Depuis que la SOBUP existe elle fait la promotion des bonnes pratiques de soins dans la prise en charge des maladies respiratoires. Nous avons voulu regarder dans le rétroviseur pour voir ce qu’il y a comme innovation dans notre pratique quotidienne dans la prise en charge de ces maladies.
Vous avez débattu également autour de quelques sous-thèmes. Quels étaient ces sous-thèmes ?
Le premier sous-thème concernait l’allergologie (les maladies allergiques) ; le deuxième c’était le tabagisme ; le troisième a concerné la tuberculose ; le quatrième a porté sur l’apnée du sommeil qui est une maladie peu connue même par les agents de santé et le cinquième, la chirurgie thoracique qui est d’accessibilité récente dans notre pays.
Quels sont les progrès réalisés par la SOBUP dans notre pays ?
Là où nous avons progressé d’une certaine manière c’est dans le domaine de la formation. Nous avons ouvert la spécialisation en pneumologie au Burkina et la première promotion vient d’effectuer sa sortie. Nous avons aussi modifié et adapté la formation pour la prise en charge de la tuberculose ciblant les agents (médecins, infirmiers) en formation initiale pour pouvoir faire une formation beaucoup plus axée sur la lutte contre la tuberculose qu’un enseignement sur la tuberculose. Et depuis quelques années, nous arrivons à donner des formations qui s’adaptent aux besoins sur le terrain. Autre innovation, c’est l’ouverture de l’unité de sevrage tabagique, coordonnée par l’équipe de la SOBUP en collaboration avec le service de cardiologie. En plus de cela, il y a des innovations qui touchent le domaine des soins qui se sont améliorés en qualité : l’endoscopie- bronchique désormais disponible, les explorations fonctionnelles respiratoires notamment la spirométrie, le bilan allergologique et l’enregistrement du sommeil que nous pouvons maintenant réaliser ici. Et bientôt ce sera le dosage des gaz de sang.
Quels sont les pays représentés à ce congrès ?
Les participants sont venus de neuf (9) pays : l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Congo, le Cameroun, le Mali, le Niger, le Togo, le Sénégal et le Burkina Faso. Plus de 174 personnes ont participé aux travaux et nous avons eu à traiter près de 10 conférences dont deux lors d’une session spéciale en anglais, 63 communications orales et 23 communications affichées. Les échanges sur ces thèmes spécifiques ont permis aux participants d’améliorer leurs connaissances. Ça été deux jours riches en connaissance et en acquisition de compétences. Il convient d’ajouter la tenue d’’un atelier sur l’apnée du sommeil.
Quelle a été la contribution de ces pays ?
Leurs contributions ont été immenses. De façon générale, les pneumologues venus des pays cités nous ont accompagnés d’abord dans l’évaluation pratique et clinique de nos médecins spécialistes en fin de formation. Ensuite, tous ont fait partie des jurys pour les soutenances de mémoire. Enfin, ils ont fait des communications et des conférences lors du congrès. Je voudrais faire une mention particulière à l’Algérie qui nous accompagne grandement depuis un certain nombre d’années et qui vient toujours avec une importante équipe. Lors du dernier congrès, tenu il y a deux ans, l’équipe d’Algérie est venue avec tout l’équipement nécessaire pour animer un atelier sur la pratique de la thoracoscopie. Le président général des jurys de soutenance, le Pr Habib Douagui nous accompagne dans la formation en allergologie. La plupart des pays s’ouvrent en quelque sorte à nous pour que nous puissions développer la coopération sud-sud et renforcer ainsi notre réseau et notre collaboration. Je saisi cette occasion pour leur exprimer toute notre reconnaissance pour leur présence à nos côtés dans ces moments particuliers que traverse notre pays
L’un des faits marquants à ce 5e congrès a été la sortie de la première promotion de médecins pneumologues entièrement formés au Burkina. Quel est le nombre de ces nouveaux pneumologues et leur nationalité ?
Ils sont 10 pneumologues à effectuer leur sortie. Parmi lesquels, 8 Burkinabè dont 2 femmes, 1 Camerounais et 1 Nigérien.
Pouvez-vous nous entretenir sur le déroulé de la formation ?
C’est une formation ouverte à tout médecin qui veut s’engager dans l’amélioration de la prise en charge des maladies respiratoires. Nous encourageons les jeunes médecins à venir parce que nous ne sommes pas nombreux pour l’instant. Hormis les 8 nouveaux pneumologues qui viendront renforcer nos rangs, nous n’étions que douze (12) dans tout le pays. C’est une formation qui dure 4 ans comme la plupart des formations pour l’obtention d’un Diplôme d’études spécialisées (DES).
Comment se sont déroulées les soutenances de mémoire et la délibération ?
Une innovation est à noter à ce niveau. En effet, nous avons voulu que les membres des différents pays soient là, la plupart étant des professeurs en pneumologie. On avait dix jurys avec un président général qui coiffait ces dix jurys. La réunion de délibération s’est tenue juste après le passage des impétrants reçus en deux vagues. Mais avant, il y a eu une rencontre préalable de tous les membres de jurys pour nous accorder sur les critères d’appréciation. Quant à la proclamation des résultats, elle s’est faite lors de la cérémonie d’ouverture du congrès placée sous le patronage de la ministre de la Santé, le parrainage du Directeur général (DG) de Coris Bank International et la marraine de cette première promotion était Irène Tiendrébéogo, épouse du père de la pneumologie burkinabè, le Pr Hilaire Tiendrébéogo, par ailleurs nom de baptême de cette promotion
Quelles sont les perspectives que vous vous fixez par rapport à cette formation ?
Les maladies respiratoires sont classées deuxièmes des motifs de consultation au Burkina Faso. Donc c’est très important que plus de personnes soient formées pour qu’il y ait un impact positif sur la prise en charge de ces maladies. Les perspectives sont : continuer cette formation, inciter plus de personnes à s’inscrire. Du reste, le coordonnateur de la formation, le Pr Martial Ouédraogo a fait un plaidoyer auprès de la ministre de la Santé pour que quelque chose soit faite pour augmenter le nombre de bourses afin que beaucoup de Burkinabè puissent bénéficier de cette formation.
En cette période froide et poussiéreuse, favorables aux maladies respiratoires, quels conseils avez-vous à donner aux populations ?
Le maître-mot, c’est de se protéger. Bien se couvrir, ne pas s’exposer à la poussière et tout ce qu’elle contient. Particulièrement aux asthmatiques, c’est le moment d’être plus regardant sur non seulement la protection mais aussi sur la prise des médicaments.
Propos recueillis par Boureima SAWADOGO
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