Présidentielle à Madagascar : Touchons du bois que du meilleur jaillisse du vainqueur

Présidentielle à Madagascar : Touchons du bois que du meilleur jaillisse du vainqueur

Dans le calme, la tranquillité et la discipline, l’élection présidentielle a volé tel une brise doucereuse et bienveillante sur Madagascar, ce 7 novembre 2018. Les Malgaches ont fait parler les urnes. Pour le moment, elles sont muettes. Il faut attendre vendredi pour entendre leur début de murmures. Les candidats, eux, croisent certainement les doigts. Ils attendent de savoir qui sont les deux élus pour la bataille finale ou s’il y aura un surprenant gagnant du jackpot du tour unique.

Mais les attentes les plus fébriles doivent plus se recenser  dans les rangs de la population de la Grande Île. Elle vit depuis presqu’une dizaine d’années comme sur tapis volant traversant une tempête. Elle a payé sang et eau la façon dont ses fils ont dirigé leur pays, sautant d’espoir en désespoir comme un infortuné dans un océan de braises. Coup d’Etat, démission, tentative de destitution ont été expérimentés sur son dos endoloris, le tout marqué par des répressions dont elle a été celle qui en a le plus souffert.

Aujourd’hui, l’offre qui lui est faite n’est pas très alléchante. Comme si on lui demandait de remâcher un vieux chewing-gum qu’elle avait pourtant jeté loin de son appétit. Les candidats sérieux qui émergent de la pléthore qui se bouscule aux portes du palais présidentiels ont déjà en effet présidé à sa destinée avec plus ou moins des infortunes.

Hery Rajaonarimampianina, le président sortant candidat à sa propre succession, a comme boulet chevillé au pied, le taux de popularité. Il affirme vouloir remettre le pays sur les rails et a besoin d’un nouveau bail pour terminer ce qu’il a commencé. Mais  il est souvent difficile de faire du bien à une personne qui ne veut plus vous voir. Une situation qui pourrait peser lourd dans la balance.

Andry Rajoelina, président de la Transition de 2009 à 2013,  a pour lui par contre le vote de la popularité. Ce même vent qui l’avait propulsé à la tête de l’Etat depuis son fauteuil de maire. Déroché par une interdiction, il avait dû ronger son frein pour attendre cette occasion de faire valoir ses compétences. Mais Marc Ravalomanana, chef d’Etat de 2002 à 2009, est présent et n’entend pas se faire conter les résultats de la présidentielle comme au défaitiste. Il a pour lui l’expérience de la gestion du pouvoir et également, une certaine assise politique qui pourraient compter pour lui.

Qui sera l’élu au sortir des urnes ? Le suspense est bien dense et opaque et il faudra certainement attendre les résultats avant d’oser avancer un nom, voire les identités de ceux qui pourraient s’affronter en «finale». Quoi qu’il en soit, le futur président malgache a du pain sur la planche. Qu’il soit le nouvel ancien ou l’ancien nouveau locataire du palais présidentiel, il n’aura certainement pas le temps de savourer sa victoire que les vagues houleuses des attentes de ses compatriotes monteront jusqu’à lui et certainement pas pour lui conter fleurette. Tous les 3e ex-présidents, ont déjà montré leur visage, on ne se refait pas à 50 ans, et à l’exception d’Andrey Rajoelina qui a 44 ans, qui pourrait changer, encore que cela reste à prouver. Marc et Hery sont quinquagénaires, bien sonnés, et à l’épreuve du pouvoir, ont déjà montré un certain visage. «Le chien ne change pas sa position de s’asseoir», dit l’adage populaire.

Mais avant cette étape, un homme de foi serait bien inspiré de frapper toutes les roches qui ceignent la taille de la Grande Île pour leur demander que la houle qui vient se briser contre elles prenne l’intonation d’une belle sérénade aux oreilles des vieux démons de Madagascar. Pourvu qu’ils ne se réveillent pas à la proclamation des résultats du premier tour pour murmurer des idées moribondes aux oreilles des acteurs politiques malgaches. Il n’est plus besoin d’être un superbe plongeur pour savoir que sous cet appendice du continent africain se terrent des volcans qui entrent en éruption lorsque les urnes ont fini de cracher leur vérité. Pourvu que la loi soit enfourchée pour exprimer les désapprobations de résultats. C’est aussi l’autre résultat inconnu de cette présidentielle à Madagascar. Touchons du bois que le meilleur jaillira du vainqueur qui ne peut être que l’un des 3 «ex». Rendez-vous le 19 décembre.

Ahmed BAMBARA

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