Présidentielle au Congo Brazza : «L’empereur» remplit sa formalité en vase clos

Présidentielle au Congo Brazza : «L’empereur» remplit sa formalité en vase clos

Le  20 mars, ils étaient  11 contre un et  5 années plus tard, hier  21 mars  2021 ils ne sont que 7 pour conquérir le fauteuil présidentiel occupé depuis 37 ans (avec l’intermède 92-97) par Denis Sassou N’Guesso (DSN).

Mais dans ce Congo-Brazza, le temps politique cale sur ce dernier et les scrutins législatifs comme présidentiels se suivent et se ressemblent comme deux gouttes d’eau du fleuve Alima : Sassou reste le maître des horloges, avec son puissant parti le PCT, sa fortune, l’armée et n’a en face de lui que des opposants affaiblis ou embastillés, si fait qu’en 2002, 2009 et 2016, ce fut toujours un boulevard électoral pour l’ex-putschiste «ennobli» par des scrutins plus trompe-l’œil les uns que les autres, malgré les contestations pré et postélectorales. Hier encore le scénario bien huilé s’est répété. Les 2,5 millions d’électeurs congolais se sont rendus dans les isoloirs pour choisir leur président pour le prochain quinquennat. Et entre Guy Parfait Kolelas, évacué fissa hier sur la France pour cause de Covid-19, Dave Uphrem Manfoulo, Mathias Dzon, Anguios Engombé, Joseph Kignambi Kia-Bougou et Albert Oniangue, c’est un rendez-vous de l’entre-soi, et électoralement, le maître du Congo qui brigue une 4e levée  demeure l’hyper-favori.

Dans l’ensemble, le vote s’est tenu dans le calme, et rien d’étonnant dans tout cela, car côté sécurité surtout quand il s’agit de tout verrouiller pour que cela paraisse correct, le pouvoir vieux de 3 décennies est rodé. Internet, Facebook, réseaux sociaux tout a été cadenassé comme ce fut le cas en Guinée, voici venus les présidentielles en vase-clos, hors du village planétaire qu’est la toile numérique. Circulez, il n’y a rien à voir ou observer. Du reste, le millier d’observateurs nationaux, la vingtaine de l’Union africaine, et ceux du CIRGL n’y verront que du feu. Le problème se situe également ailleurs, soulevé le 3 février dernier par l’épiscopat congolais, par la voix de son porte-parole Monseigneur Victor Abagna Mossu, lequel avait suspecté la liste électorale peu fiable, car comportant des noms de morts et autres doublons. Une sortie qui a eu l’heur de provoquer l’ire du pouvoir qui n’a pas accrédité les 4 000 observateurs du clergé.

Le  clergé congolais avait également jeté le discrédit sur la CENI, qui roulerait pour le pouvoir donc partisane, toute chose qui explique que les électeurs sont blasés des votes, foi de l’Eglise congolaise.

Et encore, le président sortant a beau multiplier les sorties pour affirmer que certains prisonniers qui faisaient la politique dont des adversaires électoraux et qui sont dans ses donjons le sont pour des motifs de droit commun, difficile de convaincre sur les cas André Okombi Salissa et surtout du général Jean Marie Mokoko, arrivé 3e à la dernière présidentielle avec 9% et qui s’est retrouvé emprisonné pour un coup d’Etat qu’il aurait fomenté 9 ans plus tôt, en 2007.

Certes, dans une vidéo, le proscrit effectivement parle allusivement de coup de force, mais cette vidéo, l’objet du crime, sorti opportunément en juin 2016 alors que les élections venaient de se tenir, et que Jean Marie Mokoko, avait endossé la tenue du contestataire n°1 de la victoire de DSN, cette exhumation de la vidéo sème le doute, quant à la crédibilité des faits qui sont reprochés à celui qui fut jusqu’en février 2016, le conseiller de Sassou.

A 77 piges, dont presque 37 au compteur de président «l’empereur», DSN comme on le surnomme est assuré de rempiler pour un 4e mandat. Il faut dire du reste qu’en charcutant la Constitution en octobre 2015, aval référendaire à l’appui, Sassou ne comptait pas avoir une vie après la présidence, car ce «bateau qu’il a mis dans l’eau, qu’il doit tester, et corriger les quelques erreurs» (la nouvelle constitution) lui ouvre encore les portes du palais jusqu’en 2031 !

Et les chantiers ce n’est pas ce qui manque également à commencer par ce pool frondeur et guerrier qui avait pris les armes en 1992 contre Sassou et dont le totémique Pasteur Ntoumi qui en est n’initiateur, avait aussi contesté la victoire de Sassou en 2016, cette région-là, est un véritable casse-tête pour DSN.

Bien que le pasteur ait appelé récemment au calme, à la paix à ce scrutin du 21 mars 2021 le pool, et ses ouailles se sentent un peu comme des citoyens de seconde zone, après la ravageuse guerre civile de 1997. Reconvertis dans l’agriculture, et les petits boulots, ces ex-Ninjas rongent malgré tout leur frein.

C’est une présidentielle, qui marque en apparence le bon fonctionnement de la démocratie, mais sans alternance, et avec des problèmes insolubles, tels que le chômage, la pauvreté, 70% des Congolais vivent avec moins d’un dollar, et une frustration de la jeunesse, qui a l’impression qu’on lui vole ses années d’illusion, mais d’espérance également. Guy Parfait Kolelas qui tente de porter les habits d’opposant n°1 n’y parvient et le sort s’en est mêlé avec son Covid-19, l’amazone Claudine Munari est Out.  Face à Sassou, c’est quasiment «patate douce» ! Et «l’empereur» remplit une sorte de formalité dans un Congo fermé dont il contrôle tous les rouages.

Il y a eu donc une présidentielle hier au Congo-Brazza et «l’empereur» est presqu’assuré de l’emporter. DSN cristallise beaucoup de choses mais demeure incontournable au Congo. Reste à ce qu’il songe au passage de témoin, à tout le moins, à ce qui tiendra lieu de son héritage ne soit pas saccagé par d’abord un départ non désiré (peu probable), mais surtout par un après-Sassou désastreux, car impréparé. Pour tout chef d’Etat, tout président, surtout qui est resté longtemps sur son fauteuil, tout tient à cet APRES .

La REDACTION

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