Ni dernier meeting, ni connaissance des tendances, rien sauf un ultime message vidéo à ses ouailles sur son lit d’hôpital (heureusement qu’Internet n’était pas coupé en ce moment) ou plutôt sur son lit de décès, car il était quasiment à l’article de la mort. Initialement prévu pour être évacué dans la matinée du dimanche 21 mars, le jour même du scrutin, on a préféré attendre pour stabiliser Guy Parfait Kolelas, l’opposant principal au Congo afin de l’amener à Paris pour des soins contre la Covid-19.
Hélas, hospitalisé seulement la veille, c’est dans la nuit de ce 21 au 22 mars que le patron de l’UDH-YUKI a rendu l’âme dans l’avion médicalisé, à l’atterrissage sur l’aéroport de Bourget. Sa dernière parole électorale était d’inviter ses partisans à poursuivre la lutte, comme s’il se savait déjà condamné.
En Afrique, un tel évènement est immédiatement rattaché au destin : il était dit qu’il ne serait pas président ! Dieu en a décidé ainsi diront croyants et même non croyants et agnostiques !
A titre de comparaison, enjambons l’autre rive du fleuve Congo. Là, un autre fils de … en l’occurrence Félix Tshisekedi est bien devenu président. Pourtant, en matière de lutte, et si le pouvoir s’obtenait à force d’abnégation, de résistance, et combat au long cours, c’est bien son père, Etienne Tshisekedi qui aurait dû être président en RD Congo. De Mobutu à Kabila fils, le fondateur de l’UDPS s’est toujours dressé contre, s’est bâti une solide réputation d’opposant intraitable, et qui a résisté au temps, puisque son histoire se confond avec une partie du Congo-Kinshasa. Ce n’est pas pour rien que le sphinx de Limeté lui collait à la peau.
Mais voilà ironie du sort, quelque part, il semble que ce sera son fils biologique qui récoltera les dividendes de ce parcours politique. Puisque le père mort, voilà le fils qui au détour d’un deal politique, au lendemain d’une élection, s’installera en janvier 2019 au palais de la Nation.
Au Congo-Brazza, le leader de l’UDH-YUKI est aussi le fils d’un grand «quelqu’un», Bernard Kolelas ex-premier ministre, grande figure de l’opposition congolaise avec son parti le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégré (MCDDI), parti dans lequel, militera son rejeton, qui en deviendra même le secrétaire général entre 2012 et 2015, avant de larguer les amarres pour créer sa formation, l’Union des démocrates humanistes (UDH-YUKI), qui sera le cornac de la plateforme d’opposition appelée Initiative pour la démocratie au Congo (IDC).
Ses partisans, son parti vont continuer à suivre le décompte des voix de cette présidentielle 2021, dont les résultats sont attendus dans 48 heures, sans lui. La mort met fin à une ambition qui n’était pas démesurée, loin s’en faut. Jean-Marie Mokoko embastillé, de même qu’André Okombi Salissa et Claudine Munari «empêchée», Kolelas fils jouait l’opposant n°1, même si dans ce Congo de Sassou, cela ne veut rien dire, tant tout part et aboutit au pater familia d’Oyo : Denis Sassou N’Guesso.
Mais qui sait, peut-être que Guy Parfait Kolelas aurait pu avoir un destin national dans l’après-DSN, le défunt n’avait que 61 ans, et pouvait encore espérer en 2026 ou 2031 et rééditer l’exemple du voisin séparé par le fleuve éponyme !
La grande faucheuse en a décidé autrement et en Afrique dans des circonstances pareilles, on dit que Dieu n’a pas posé le bonnet du chef sur la tête de Kolelas. Adage populaire qui signifie qu’on peut s’échiner à chercher la présidence, lutter des années durant, être un grand opposant mais vous ne serez jamais chef, un adversaire viendra prendre allègrement ce pouvoir suprême à votre nez et barbe. On ne devient pas chef, on naît chef selon la mentalité africaine.
La REDACTION
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