Présidentielle au Mali | Dénonciation de bourrage d’urnes : le ton est donné !

Présidentielle au Mali | Dénonciation de bourrage d’urnes : le ton est donné !

Alors que les portes de la CENI et du Ministère de l’administration territoriale restent hermétiquement fermées, les supputations vont bon train dans les causeries. En attendant les voies officielles, la ferveur, avec pour principale source les QG de candidats, s’est emparée des rues… Dame-Rumeur et sa cousine Radio trottoir inondent les réseaux sociaux, les gargottes et même les salons cosy.

Devenu l’un des endroits les plus protégés de Bamako, rien ne filtre du ministère de l’administration territoriale, centre névralgique des opérations de comptage des voix. Néanmoins, l’organisation interne des différents directoires de campagne des candidats permet de se faire une idée sur la configuration de l’élection présidentielle du 29 juillet.

Des résultats provisoires qui sont à prendre avec des pincettes, il ressort que le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta occupe confortablement une pole position. Les grands bastions électoraux tels que Ségou, Kati, Koutiala, Kayes ou Sikasso lui auraient renouvelé leur confiance. Si dans le district de Bamako le gâteau a été morcelé comme il fallait s’y attendre, IBK conserverait tout de même le gros morceau, par rapport à ses poursuivants immédiats que sont Cheick Modibo Keïta et Aliou Diallo. A Koro dans la région de Mopti, IBK aurait également convaincu les électeurs. Dans cette localité, il devancerait l’ancien ministre des sports et de l’éducation nationale, Housseini Guindo dit Poulo. Soumaïla Cissé n’arriverait qu’en 3e position.

Dans les régions du Nord et du Centre, le choix des électeurs s’est plutôt porté sur Soumaïla Cissé qui arrive largement en tête. Malheureusement, c’est dans cette partie du pays favorable au principal challengeur du président-candidat que les votes ont été le plus perturbés. La veille de l’élection déjà, une attaque perpétrée contre les membres de la CENI par deux individus armés circulant sur des motos avait jeté l’émoi à Goundam-Douekiré. Le commissaire de la CENI avait été dépossédé de son matériel. Le dimanche dans un village appelé Zinzin, ce sont des urnes qui avaient été emportées par des hommes armés non identifiés. Très rapidement, certains partisans de Soumaïla Cissé avaient trouvé bien curieux que les attaques qui ont émaillé l’élection de dimanche ne se soient produites que dans les zones acquises à la cause de leur champion.

Hier, le directoire de campagne d’IBK a laissé entendre par l’intermédiaire de son chargé de communication, Mahamadou Camara, sa satisfaction pour le bon déroulement des votes, mais aussi pour les résultats glanés à travers le pays. Il a salué au passage «l’esprit patriotique et responsable des 24 candidats», et souhaité que les résultats soient accueillis dans le même état d’esprit. Même s’il s’est refusé de révéler les chiffres pour ne pas griller la politesse à la CENI, tout laisse penser que le camp du président-candidat est confiant d’une réélection dès le premier tour. Tel un ballon d’essai, le chiffre de 53% à volontairement fuité.

En face, la réponse ne s’est pas fait attendre. Le directeur de campagne de Soumaïla Cissé, a sans détour dénoncé les bourrages d’urnes opérés par IBK et ses hommes dans des localités comme Talket ou Soumaïla Cissé n’aurait récolté aucune voix, alors qu’IBK en compte 8 000. Il en serait de même selon Tiébilé Dramé, des localités telles que Lataye et Salam où le candidat sortant est crédité de plus de 6 000, voire de 8 000 voix. Plus cocace, il ressort que dans d’autres localités, le nombre de votants aurait même dépassé le nombre d’habitants. D’où, la nécessité d’un «recomptage contradictoire des bulletins de vote», martèlera celui qui affirme être au second tour. Au regard de tout ce qui se trame, le directeur de campagne de Soumaïla Cissé souhaite la mise en place « d’un vaste front démocratique autour de son candidat, afin d’éviter au Mali de tomber». Pour réussir cette mission, il a lancé un appel d’union à tous les candidats.

Au stade actuel, la configuration la plus attendue n’est autre que le second tour. IBK occupe certes majestueusement la première marche du podium, mais les résultats provisoires seraient loin de lui créditer un «Takokele». Pour le compte des fauteuils de faiseurs de roi, la bataille fait rage entre le discret astrophysicien Cheick Modibo Keïta et le richissime Aliou Diallo, qui estime même que les projections lui confèrent le droit de disputer le second tour. Enfin, s’il y a quelque chose de fondamentale à reprocher aux organes ayant en charge l’organisation de cette élection, c’est leur maladive penchante à l’opacité. Lézardé par des attaques terroristes et des conflits intercommunautaires, le Mali aurait pu se refaire une santé à travers une transparence qui aurait grandi son peuple et sa démocratie.

Hamed Junior à Bamako

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