Présidentielle au Zimbabwe post-Mugabe : Les démons de 2008  clignent des yeux

Présidentielle au Zimbabwe post-Mugabe : Les démons de 2008  clignent des yeux

En attendant les résultats provisoires de la Commission électorale du Zimbabwe, les camps des deux principaux duellistes, Emmerson Mnangagwa et  Nelson Chamisa, revendiquent chacun en ce qui le concerne, la victoire. Attitude irresponsable, mais sans doute instrumentalisée qui ne présage rien de bon pour ce pays abonné aux violences postélectorales. On a observé l’enthousiasme des votants qui estiment qu’un vent nouveau souffle sur le pays, avec ces élections, les premières, de l’après Papy Bob. Vote pour le changement donc ! Mais quel changement ? Avec Emmerson Mnangagwa, même si ce dernier avance avoir mis une croix sur son passé ? Mais il y a des passés qui ne passent pas, surtout lorsqu’il y a des fantômes non exorcisées, comme ceux du Matabeland ou de 2008 après les élections.  Sous réserve d’inventaire, celui qui fut le Bad cop de Mugabe, donc le patron de tout l’appareil répressif et dont le fantôme hante toujours les plaines et collines du Matabeland, notamment chez l’ethnie Ndele, peut-il changer ce Zimbabwe qu’il a contribué à formater ? Seuls les imbéciles ne changent pas nous dit l’adage populaire. Et tirant peut-être leçons des errements de son  ex-patron et camarade de lutte, et touché aussi par la grâce, Emmerson peut émerveiller en faisant lever une aube nouvelle sur le Zimbabwe s’il est élu, parmi les 23 postulants.

«Son élection ! Voici justement la hantise de bon nombre de ses compatriotes qui tablent sur un second tour. Car le 20 juillet dernier, un sondage, donnait la victoire à la ZANU/PF donc à Emmerson, dans un petit mouchoir de poche (trois points d’avance) dans les intentions de vote. En dix jours, ce sondage a sans doute évolué, mais dans quel sens ? Et si par extraordinaire, le jeune Nelson Chamisa du MDC battait Emmerson ?», écrivons-nous dans notre éditorial du 30 juillet dernier.

Voilà que les faits nous donnent raison, car le septuagénaire Emmesron Mnangagwa, revendique la victoire, et son challenger de 40 ans, porte-étendard du MDC, se dit également oint par les urnes. Supputations sans doute sur la base de calculs fantaisistes ou résultats réels fondés sur des dépouillements ? Toujours est-il que observateurs, analystes et bon nombre de Zimbabwéens, subodorent qu’au moins la Commission électorale,  a le nom du vainqueur de ce 1er tour, à moins qu’un ballotage ait contraint à départager les deux candidats dans un second tour. Leur conviction se fonde sur le fait qu’il n’y a que 10 000 bureaux de vote, et que même avant vendredi, délais impartis pour la proclamation des résultats provisoires, les urnes ont déjà parlé.

Le président sortant, Emmerson Mnangagwa du fait de son passé de combattant, qui connaît quasiment les arcanes du pouvoir, acceptera-t-il qu’un jeune premier Chamisa en l’occurrence, lui dispute un second tour, et même l’envoie au tapis ? De même, si le MDC a gagné, il a gagné. Car dans cette Afrique du XXIe siècle où les révolutions à multiple odeur, les insurrections, et les urnes, renvoient les dictateurs dans les poubelles de l’Histoire, et élisent des ‘’inconnus’’. l’histoire peut se répéter au Zimbabwe, vu les conditions d’accession du ‘’crocodile’’ et la sortie tonitruante et anti-Emmerson de Mugabe la veille du scrutin.

A présent, à moins que cette atmosphère anxiogène ne s’apaise, on sent déjà les démons de 2008 cligner des yeux. Ça sent déjà le roussi au Zimbabwe, pays qui, à l’image du Kenya s’enflamme, pour les crises postélectorales. Pourra-t-on éviter cette plausible tragédie ? Le vrai vainqueur acceptera-t-il le verdict des urnes sans lancer ses ouailles dans la rue ? Réponse au plus tard ce vendredi 3 août 2018.

La Rédaction

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