Présidentielle  du 24 février au Sénégal : Le Conseil constitutionnel confirme le 4 contre 1 et la  «sécheresse démocratique»

Présidentielle  du 24 février au Sénégal : Le Conseil constitutionnel confirme le 4 contre 1 et la  «sécheresse démocratique»

Le 24 février prochain, à moins d’un miracle digne d’un super puissant marabout sénégalais, Macky Sall est bien parti pour être seul face à quatre candidats pour la conquête de son fauteuil présidentiel. Même les saltigués, ces pythies sénégalaises qui vous disent votre passé et vous prédisent l’avenir, ne pourront pas affirmer autre chose, que l’Avenue Léopold Sedar Senghor, le siège de la présidence est largement balisé pour que l’actuel locataire se succède à lui-même. Le Conseil constitutionnel a en effet expurgé les deux «repris de justice» de la liste des présidentiables. Karim Wade et Khalifa Sall devront fourbir leurs derniers arguments devant cette haute juridiction avant ce dimanche 20 janvier pour espérer, sauf pirouette du  destin, revenir dans la course.

En attendant, la décision juridique est catégorique: Impossible pour le condamné à plus de cinq ans de prison qu’est l’ancien maire de Dakar et au privé de carte d’électeur qu’est le fils d’Abdoulaye Wade de faire acte de candidature pour présider aux destinées des Sénégalais, car, la Justice leur a ôté ce droit et cette dignité.

Ce scénario était prévisible dès les premiers déboires judiciaires de l’ancien ministre «du ciel et de la terre». La célérité avec laquelle Khalifa Sall a été également accusé par les tribunaux afin qu’une sentence assez lourde tombe sur son chef laissait entrevoir qu’un argument fatal était en train d’être roulé dans des fours obscurs afin de le brandir de façon imparable et légalement irréprochable, même s’il est politiquement révélateur d’une fourberie trempée dans les forges du machiavélisme.

C’est dommage que des coups soient donnés aussi bas dans la localisation géographique du combat politique sénégalais. Ce pays a en effet habitué depuis des lustres d’être un phare de la démocratie où l’égalité des chances pour les candidats aux mandats électifs, il a séduit aussi par la hauteur d’esprit de ses hommes politiques, qui ont sans doute tiré leur combativité et leur loyauté dans la sève des grands lutteurs qui font le renom de la Téranga.

C’est une première au Sénégal, que la justice soit utilisée pour écarter de façon grossière des candidats sérieux aux compétitions pour la présidence. Que Macky Sall ait utilisé d’abord la massue des parrainages, soit 0,8% du corps électoral (52 000 électeurs) répartis dans sept (7) régions pour écarter les saltimbanques et ses adversaires, on peut comprendre, mais qu’il use du glaive judiciaire pour mettre hors compétition deux candidats de l’envergure de «Rimka», comme l’appellent ses intimes et Khalifa Sall, c’est tout simplement cultiver la «sécheresse démocratique» selon les mots du professeur Abdoulaye Bathily.

Mais pourquoi user de moyens aussi détournés que déloyaux pour pouvoir conserver le pouvoir ? La réponse la plus évidente c’est que Macky Sall n’est pas assez confiant en son bilan, à la capacité de ses deux (2) principaux alliés, Moustapha Niasse et Tanor Dieng pour comvaincre les Sénégalais face à Karim Wade et surtout Khalifa Sall.

Non pas que les Idy (Idrissa Seck), El Hadj Issa Sall, le transfuge du PDS, Madiké Niang ou l’étoile montante du firmament politique, Ousmane Sonko, ne soient pas méritoires  ou aient des performances électorales, mais, il est fort à parier que certains, tentent un baroud d’honneur, d’autres une répétition pour l’échéance de 2020 donc pas dangereux pour Sall. Mais surtout, avec Karim Wade et l’ancien bourgmestre de Dakar sur la ligne de départ, le président candidat  aurait eu du mal à passer, car électoralement Khalifa Sall, même derrière les barreaux de la prison de Rebeuss, aurait pu contre Macky Sall, même si des surprises peuvent surgir au moment et aux endroits où on ne les attend pas. En attendant, l’ancien maire de Fathick a plutôt avec lui les bons arguments pour rester vissé à son moelleux fauteuil. Ainsi en ont décidé les 7 grands juges.

Ahmed BAMBARA

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