Sans doute, le pater familia qui repose à Amdjareff pour l’éternité aurait félicité son général de fils d’avoir organisé cette présidentielle, qui ne sort pas des canons habituels en cours au Tchad. En effet, aujourd’hui 6 mai 2024, se tient une présidentielle censée mettre un terme à la Transition en vigueur depuis la mort le 20 avril 2021 de celui qui fut 30 ans durant le maître du pays : Idriss Deby Itno !
Une élection qui ressemble aux précédentes, même si la présence de Succès Masra donne un parfum d’inclusivité. N’empêche, il y a certes 10 candidats que les plus de 8 millions d’électeurs doivent départager par le suffrage universel, mais à la vérité et à la lecture des forces politiques en présence, il y a 2 candidats contre 8 : le général Deby-fils, le patron des Transformateurs, Succès Masra, et les autres. 10 pour un fauteuil présidentiel, mais en réalité, 2 qui ont l’envergure électorale. Donc, c’est une bataille politique entre 2 partis le Mouvement patriotique du salut (MPS) au pouvoir depuis 33 ans contre les Transformateurs de l’opposant premier ministre Succès Masra. Pour la petite histoire, il y a 228 partis politiques au Tchad.
6 mai 2024, les Tchadiens votent donc, pour en principe fermer la parenthèse de l’après-Deby-père, la Transition civilo-militaire. Et si le camp présidentiel appelle les plus de 8 millions d’électeurs à aller voter ce lundi, il y a par contre les partisans du boycott, regroupé dans le Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP), pour lequel, selon son porte-parole Max Kemkoye, les 9 «candidatures ont été suscitées pour gonfler le taux de participation».
Cette présidentielle tchadienne de l’ère post-Deby-fils est ouverte, sans pourtant véritable part d’indétermination, tant l’issue du vote paraît évidente pour bon nombre d’analystes.
Il s’agit surtout d’observer le match dans le match, c’est-à-dire le duel entre le président de la Transition du haut de ses étoiles de général, et fils de l’ex-chef «Warrior» attitré Mahamat Deby contre un opposant civil, qui a fait preuve de résilience, de pugnacité, mais aussi de discernement et de réalisme politique, Succès Masra. Ce combat-là est le vrai enjeu primaire, puis il y a la suite de la gouvernance politique.
Si cette présente présidentielle a la prétention de fermer la parenthèse de l’après-Deby-père, c’est-à-dire mettre un terme à cette Transition, ce sera le changement dans la continuité, la fin de la Transition, mais véritablement, il faudra attendre de voir. Mais si par extraordinaire, le patron des Transformateurs l’emportait, ce serait un séisme politique qui pourrait faire basculer le Tchad dans une autre dimension. Pour le moment, ce 6 mai 2024, on scrutera, sans doute le taux de participation, l’atmosphère (calme, agitée ou carrément conflictogène) et après, on opinera sur les résultats.
La REDACTION
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