Présidentielle en Egypte : Le sacre forcé du maréchal-pharaon

Présidentielle en Egypte : Le sacre forcé du maréchal-pharaon

60 millions d’Egyptiens, c’est normalement le corps électoral qui doit se rendre dans les bureaux de vote les 26, 27 et 28 mars pour élire le président de la République. 10 millions de la diaspora ont déjà voté du 16 au 19 mars dernier.

Une présidentielle en Egypte, pourquoi faire, tant la présente s’apparente à une chronique d’une victoire annoncée ? Celle du maréchal Abdel Al-Sissi ! En effet, depuis la convocation des électeurs en novembre 2017, et avant même que le président-candidat, ne manifeste son intention de remettre le couvert, c’était le 19 janvier 2018, plusieurs candidats, pour ne pas dire la quasi-totalité ont été contraints de se retirer ou ont été embastillés. Sans que la liste ne soit celle de Prévert, on peut citer :

– le général Sani Anan, arrêté pour candidature illégale

– Hachim Genena, ex-conseiller d’Al-Sissi, lui aussi arrêté

– Ahmed Chafia, exilé aux Emirats Arabes

– colonel Ahmed Konsowa, emprisonné pour «comportement nuisant aux exigences militaires»

– mohamed Anouar El Sadate, neveu du président Sadate, emprisonné

In fine, Al-Sissi se retrouve seul sur un boulevard, du moins, face à un candidat-alibi, ou candidat faire-valoir, Moussa Mostafa Moussa, du parti El Ghad, celui-la même qui, 15 mn avant la clôture des candidatures, le 29 janvier, était un pro-Al-Sissi et battait campagne pour ce dernier. Sauf donc tsunami électoral, le maréchal restera scotché à son fauteuil, le 2 avril prochain date de la proclamation des résultats, même si sa hantise demeure celle du taux de participation que le maréchal souhaite supérieur ou égal à celui de 2014, soit 48%. Cependant, si cette présidentielle est une promenade de santé pour Al-Sissi, c’est que l’ex-chef des renseignements militaires égyptien a travaillé pour ça et la mise à l’écart de ses concurrents n’est que l’épilogue d’un boulot qu’il a accompli proprement. D’abord, on le voyait venir avec ses souliers après le printemps arabe, qui a déboulonné son rais de parrain, Hosni Mubarak, puisqu’à l’époque déjà, ses velléités pour le pouvoir suprême étaient manifestes. Elu pour la première fois en 2014, avec 97% après avoir fait la nique aux Frères musulmans par purges massacres et embastillements interposés, dont le plus emblématique des prisonniers reste le président élu, Mohamed Morsi, dont il fut le ministre de la défense, Al-Sissi s’est attelé à museler toute opposition et à couper toute tête qui émerge. Pendant les premières années de son règne, il mit au pas les Frères musulmans et fut un prédateur des multiples libertés. Les cris d’orfraie que poussèrent les droits-de-l’hommiste et les rodomontades timorées des Occidentaux, n’eurent aucun effet sur le nouveau pharaon qui a de qui tenir, puisqu’on le dit proche de Mubarak, dont il a hérité de certaines méthodes. Fin stratège, il sut également se rapprocher de ses mêmes Frères musulmans, ces derniers mois en cultivant un rigorisme confessionnel, dont le moindre n’est pas le retour à certains fondamentaux de l’islam : finis les habits féminins que laissent ostentatoirement voir un bout de chair, Haro, sur les danseuses du vendre, dont certains tâtent actuellement de la prison, liberté de ton de certaines pythie de l’islam, qui prônent des fatwas télévisuelles, toutes choses, qui ont conquis un électorat, qui l’abhorrait, celui par qui leurs représentants ont perdu le pouvoir. Faute donc de la variable d’indétermination de ce vote, et si le taux des suffrages est satisfaisant, le maréchal-pharaon, règnera jusqu’en 2022, date à laquelle, il annonce déjà qu’il va raccrocher. Mais comme les promesses d’un politique n’engagent que ceux qui l’écoutent et le croient…

Sam Chris

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