Présidentielle en Guinée-Bissau : Une élection qui ne résoudra rien du tout !

Présidentielle en Guinée-Bissau : Une élection qui ne résoudra rien du tout !

La CEDEAO a dû se résoudre à appliquer l’adage africain qui dit que si «tu ne peux rien contre ton voleur qui t’a dépouillé, mieux vaut l’accompagner à partir avec le butin dont il t’a délesté». Puisque du père-fouettard qu’elle était  censée être, si le président Mario Vaz ne rappelait pas le premier ministre Aristide Gomes qu’il a congédié, la CEDEAO en est réduite à observer une présidentielle tenue dans des conditions imposées par le même Vaz, envers et contre tous.

Soit Vaz intégrait Gomes, soit on gelait les avoirs de certaines personnalités voire même une intervention militaire à la gambienne pouvait survenir, voici l’alternative qu’avait offerte la CEDEAO à un président-sortant, mais non encore sorti. Désavoué par son parti politique le PAIGC, laquelle formation politique a choisi comme porte-étendard Domingo Simoes Pereira, ‘’JOMAV’’, surnom de Vaz a imposé à la communauté régionale la présente présidentielle. Et c’est une CEDEAO avec l’ex-premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga comme chef de mission qui joue les superviseurs des présents votes.

Hier 24 novembre, le corps électoral s’est rendu aux urnes, dense le matin, il était clairsemé à midi et moyen l’après-midi. Calme et ponctualité ont marqué cette journée électorale, dont le second tour est prévu pour le 29 décembre, mais qui ne résout rien du tout, loin s’en faut ! Pour deux raisons simples :

D’abord, Mario Vaz dont le mandat est périmé, écarté par le PAIGC, qui s’arc-boute à son fauteuil, en recherchant un second bail, ne peut être ni un bon perdant ni un bon gagnant, sa posture et son statut lui colleront comme une marque d’infamie. C’est déjà mauvais pour la Guinée-Bissau.

Ensuite, JOMAV ne s’est pas donné tout ce mal s’il ne tenait pas à rester au pouvoir. Il n’acceptera les résultats des urnes que s’il est proclamé vainqueur.

Congédiement du premier ministre, Conseil de guerre, il y a 2 semaines avec le chef d’état-major et nique à la CEDEAO en ignorant ses oukases ! Une telle politique de la terre brûlée n’augure rien de sain !

Des 12 candidats sur la ligne de départ pour le pouvoir suprême, outre le président ‘’JOMAV’’, il y a celui officiel du PAIGC, Simones Pereira, l’opposant n°1 le patron du MADEM Umbalo Sissoko. Un second tour est plus que probable, mais un entre-deux-tours lourd déjà de dangers, sans compter, l’éventuelle déflagration post-électorale de   ce 2nd tour. Avant même la fermeture des bureaux de vote hier, le camp du président Vaz criait aux bourrages des urnes dans les régions de Bafata (Est), Canchango (Nord) et Bisorra (Centre-Nord). Ça sent déjà le roussi !

En effet, la Guinée-Bissau qui porte toujours les stigmates d’une vie politique violente et sanglante, et où l’instabilité le dispute aux querelles pour le contrôle des ressources hydriques (poissons) forestières (bois), le pouvoir est le seul moyen d’y parvenir.

Quasiment classé au mieux de narco-Etat, au pire d’Etat failli comme la Somalie, ou la Libye, la Guinée-Bissau est tel un bateau encalminé au milieu de l’Océan, prenant doucement l’eau à bâbord, et sans vrai capitaine pour tenir le gouvernail.

Si Vaz gagne, ce sera un retour à la case-départ, car il n’aura pas d’appareil, et à moins que l’armée lui prête main-forte (ce qui serait un faux régime civil) et la classe politique ne l’acceptera pas.

Si c’est un autre candidat qui sort vainqueur le 29 décembre, ‘’JOMAV’’ se rebiffera, et ouvrira les hostilités post-électorales pour ne pas dire plus.

Il faut donc se résoudre à une vérité : la présente présidentielle ne résoudra rien en Guinée-Bissau tant on a enjambé des prérequis dans ce pays constamment crise.

Sam Chris

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