Présidentielle en RDC : Inquiétante machine à voter

Présidentielle en RDC : Inquiétante machine à voter

La présidentielle en République démocratique du Congo avance à grands pas. Mais les pas de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), eux, donnent plus tôt à réfléchir et ne semblent pas s’accorder au rythme du calendrier. Le principal indice de cette  hâte lente est le débit de livraison des machines à voter. La RDC a effet décidé de faire le pas de l’innovation et de l’appropriation des technologies au profit de la démocratie.

C’est ainsi que faisant l’affaire des écologistes et de la lutte contre la pollution et la dégradation de l’environnement terrestre, une machine à voter à écran tactile va remplacer les fameux et bons vieux bulletins de vote en papier. Les Congolais, parfois vivant sans électricité et dont une bonne partie ne sait pas manipuler un téléphone, auront l’inouïe chance et le sélect privilège d’exprimer leur désir électoral par le biais d’un ordinateur.

Un processus qui a beaucoup d’avantages. Cela factorise par exemple l’étape du décompte manuel des votes et réduit ainsi les marges d’erreur. La sacro-sainte technique du bourrage d’urnes qui permettait ainsi à certains malins candidats de remporter les élections, tout en écran des crises post-électorales, a également des chances de ne pas vivre dans cet environnement fortement mécanisé et moins sali par les mains des hommes et des femmes.

Toutefois, l’adoption de cette machine n’est pas tout à fait aussi lumineuse qu’il n’y paraît. Elle est d’ailleurs fortement critiquée par l’opposition politique congolaise et la société civile. La preuve, c’est le mouvement La Lucha, qui a lancé un mot d’ordre de manifestation devant les représentations de la CENI à travers le pays hier lundi. Le mouvement, dont des membres ont été brièvement interpellés ce lundi, dénonce cette machine à voter, trouvant qu’elle est une porte par laquelle des choses pas très catholiques pourraient rentrer dans le processus de désignation du futur président de la RDC.

Leur critique et remarque pourraient avoir des aspérités auxquelles le doute peut s’accrocher. D’abord, la RDC n’est pas le plus électrifié du monde. Ensuite, la fiabilité de cette machine n’a pas été testée par des regards externes objectifs. La CENI a par exemple opposé une fin de non-recevoir à des experts britanniques qui voulaient scruter les entrailles du bidule. On comprend ce refus sous l’angle de la souveraineté. Il ne viendrait pas à l’idée d’experts congolais de réclamer à jeter un regard scrutateur sous les circuits des machines à voter en France. Mais la RDC n’a pas habitué le monde à être fiable dans la gestion de sa démocratie et de la chose publique. Normal donc qu’on soit un tantinet dubitatif sur sa probité. Dès lors que le doute raisonnable n’est pas écarté, il n’est pas condamnable de penser que cette belle innovation peut s’avérer être une façon moderne de tourner les électeurs en bourriques et de leur voler leur choix.

Autre élément, cette machine n’a pas été testée pour s’assurer qu’elle répondra présente pendant le scrutin. Que se passerait-il si ces merveilles de la technologie étaient prises d’un bug et qu’il n’y a pas de solution de rechange à la hauteur ?

Enfin, la CENI a accusé un retard dans la réception de ces machines. Seront-elles prêtes à temps ? Il est à espérer que sous les câbles de cette trouvaille ne se cache un virus qui permettrait à l’actuel locataire du fauteuil présidentiel de prolonger son bail à la tête de l’Etat.

Ahmed BAMBARA

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