Les dés sont jetés. Et le jeu semble pipé pour l’ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba. La Cour constitutionnelle de la République démocratique Congo (RDC), n’a pas été tendre avec lui. Elle a rejeté la candidature de celui qui a été condamné par la Cour pénale internationale (CPI) pour subornation de témoins. Un passé qui le rattrape et qui s’avère être un bien gros boulet à ses pieds. Un boulet encombrant et qui lui coûte, à l’heure actuelle, peut-être le fauteuil présidentiel.
Car, il faut le dire, Jean-Pierre Bemba a été présenté comme celui qui pouvait tutoyer le Medvedev de Joseph Kabila à la présidentielle. Il l’a prouvé pendant son retour triomphal. Les observateurs semblent lui accorder des chances, les Congolais sont nombreux à l’acclamer et le pouvoir Kabila a apparemment des sueurs froides rien que d’entendre son nom. Premier à déposer son dossier de candidature, il était bien parti pour peser de son poids pendant la campagne électorale et lors du dépouillement de la machine à voter.
Mais voilà ! La Cour constitutionnelle en a décidé autrement. Du reste, il fallait s’y attendre. Le pouvoir de Kabila fait tout pour déblayer le terrain et créer un véritable boulevard pour son candidat vers le fauteuil présidentiel. Voilà pourquoi un certain Moïse Katumbi est tenu loin des frontières du pays de l’enceinte de la CENI, afin de l’empêcher de déposer sa candidature. La libération de Bemba avait sans doute semé le désarroi dans les rangs de Kabila et compagnie, avant que la dernière condamnation pour subornation vienne offrir la grenade inespérée pour exploser les aspirations et prétentions de ce candidat trop encombrant et dangereux pour les ambitions des tenants actuels du pouvoir en RDC.
Ils doivent donc boire leur petit lait en ce moment avec cette décision sans appel de la Cour constitutionnelle. De ce fait, sur le plan légal, il ne reste plus rien à faire pour Jean-Pierre Bemba. Les décisions de cette juridiction sont sans appel. Même si le CPI, le 17 septembre, revenait sur sa décision, soit deux jours avant la publication des listes définitives des candidats, il n’est pas certain que quelque chose puisse être fait.
Il reste donc deux options à Bemba. Soit jeter ses partisans dans la rue, soit étudier la formule du choix de l’union de l’opposition. La mobilisation générale des Congolais contre le régime de Kabila est une option qui peut avoir ses avantages. Mais les inconvénients pourraient être nombreux. Avec l’argument de la légalité avec lui, le fils de Joseph Kabila n’hésitera pas à libérer le monstre de la répression aveugle et sans pitié. Ce qui risquerait de plonger le pays dans une grave crise dont on risquerait de ne pas maîtriser les limites et les contours.
La formule du choix de l’unité des candidats de l’opposition pourrait être assez inédite sous les tropiques où le rassemblement des opposants est l’exception et la division (mieux vaut être tête de rat que queue de lion) la règle. Mais elle offre l’avantage de finalement dresser devant le pouvoir de Kabila ce qu’il a tout fait pour éviter : les poids lourds de l’opposition ensemble derrière un seul candidat pour le combattre. Mais avant cette belle image, il faudra réussir à enfoncer dans le même, les tentacules disparates et antagoniques des intérêts et des ambitions.
Ahmed BAMBARA
COMMENTAIRES