C’est le branle-bas au niveau des organisations internationales africaines. L’heure semble être grave en République démocratique du Congo (RDC). Tout est calme. Le vent social fait mine d’être tombé. Mais c’est un secret de polichinelle que le pays est assis dans l’œil d’une forte tension tant politique, que sociale. La victoire de Félix Tshisekedi ne convainc pas grand monde. C’est plutôt la victoire d’un gros deal fumeux passé sur le dos des Congolais qui manifeste son existence, révoltant sans doute les partisans de Martin Fayulu, donné victorieux par l’Eglise catholique et ces documents qui ont fuité vers des médias étrangers.
Dans les faits donc, Martin Fayulu a gagné les élections. Cela ne fait pratiquement plus l’ombre d’un doute. Du reste, le président de la Commission de l’Union africaine a reconnu ce jeudi que des «doutes sérieux» pesaient sur le résultat de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo. Dépouillé de tout ce qui est marinade diplomatique, la vérité crue est donc là. Mais sur les papiers de la CENI, dans les mains de Joseph Kabila, c’est bien le fils de son défunt coriace opposant qui est le Président de la RDC.
Au plan international, Félix Tshisekedi n’est cependant pas le bienvenu. Les pays occidentaux ont déjà manifesté leur position et ont montré la couleur de l’accueil qu’ils ont réservé à ces résultats. En Afrique, comme toujours, les choses sont moins tranchées. Du reste, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui avait appelé, rien que le dimanche dernier, à un recomptage des voix et à un gouvernement d’union nationale au pays de Patrice Lumumba, a fait un revirement digne d’un «moon walk» d’un certain Michael Jackson.
A l’issue de la rencontre tenue en Ethiopie avant celle convoquée par le président rwandais Paul Kagamé, les voisins de la RDC sont plus prudents et appellent les Congolais et leurs acteurs politiques à épouser le calme et à s’inscrire dans le respect des lois. En d’autres termes, plus question de recomptage des voie, encore moins d’union nationale, mais plutôt attendre «sagement» que l’autorité électorale suprême saisie par les recours contestataires des candidats opposants, livre son verdict.
Cette position de la SADC est compréhensible. Il n’est pas indiqué de jeter de l’essence brute sur un feu qui menace déjà d’embraser tout un pays. Les prises de position de la communauté internationale, surtout de contrées voisines, peuvent conforter l’un ou l’autre camp, renforçant davantage les risques d’une escalade de violences.
La SADC a donc fait le choix de la neutralité, espérant que cela va calmer les esprits. Il reste maintenant à savoir si le reste de la communauté internationale va la suivre dans cette voix, celle de privilégier un mauvais arrangement tolérant Félix Tshisekedi comme président de la RDC à un procès en règle qui se tiendra immanquablement dans la rue.
Ahmed BAMBARA
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