Présidentielle et législatives au Niger et en RCA : La démocratie à double détente en Afrique

Présidentielle et législatives au Niger et en RCA : La démocratie à double détente en Afrique

Hier 27 décembre, le Niger et la République centrafricaine (RCA) ont bouclé le pow wow électoral de l’Afrique qui aura vu se dérouler près d’une dizaine d’élections notamment au Togo, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Burkina-Faso, pour ne citer que celles-là. Au Niger c’est le président et les 171 députés qui doivent être élus, en RCA c’est également un double scrutin, présidentiel et 140 députés à choisir par les urnes.

Sous réserve de la fin du processus, le Niger offre un exemple de dévolution démocratique du pouvoir. Une première dans  ce pays où un chef d’Etat civil refuse de tripatouiller la Constitution pour un Tatzarché, et désigne même son dauphin. De mémoire de Nigériens, depuis les années 90, jamais le pays n’a connu pareille situation politique. Les élections ne font pas la démocratie, tout comme l’est le pluralisme des partis, mais ils sont des éléments essentiels dans la respiration de cette démocratie. Mahamadou Issoufou, qui apparait comme un OVNI dans le cercle fermé de ses pairs a tenu mordicus à ce passage de témoin, et quoiqu’on dise sur son bilan, l’Histoire retiendra que civil, il aura réussi cet exercice, même si l’opposant principal Hama Plus a été écarté … par la justice.

Malgré la pauvreté ambiante et les coups de boutoir de terroristes de tout acabit, le Niger est en passe de relever le défi d’une alternance civile, en phase avec sa constitution, évènement rarissime dans la sous-région où les 3es mandats le disputent …aux pantalonnades constitutionnelles et autres raccourcis militaires.

A des milliers de km du Sahel, en Afrique centrale, se déroulent une autre présidentielle et des législatives, ou ce qui en tiennent lieu. Changement de décor : dans cette RCA chroniquement instable depuis 2013, on a voté car ainsi en ont voulu le président-sortant Faustin Archange Touadera, l’Autorité nationale des élections (ANE), la Cour constitutionnelle, l’ONU et la Communauté internationale même si le scrutin a connu plusieurs visages, selon qu’on se trouve à Bangui, la capitale, ou à Birao, Bouar, Bossangoa, ou encore Kaga Bandoro, localités où les élections ont été perturbées ou n’ont carrément pas eu lieu. Et pour cause, dans cette RCA, 80% du territoire sont occupés par près de 14 rebellions, dont  certaines ont lancé dès le 18 décembre, des attaques sur plusieurs villes et projetaient même une descente sur Bangui. Pour ces assaillants agglomérés dans la coalition des patriotes pour le changement (CPC) pendant armé de la Coalition de l’opposition démocratique (COD 2020), regroupement de l’opposition, il faut repousser les élections et tenir une assise nationale des forces vives ! Une COD 2020 dans laquelle se trouve le Kwa Na kwa, de l’ex-président Bozizé qui a son candidat, Annicet-Georges Dologuélé, considéré comme un outsider à ce scrutin, une COD qui  semble souffler sur les braises.

Pas question d’un recul de ces élections n’a cessé de marteler Touadera, adossé à la MINUSCA, forte de 13 000 casques bleus (dont 3 ont été tués la veille de l’élection) et de l’arrivée de Rwandais et de 300 instructeurs russes. Un Touadera, qui met dans le même sac CPC et COD 2020, tous «voulant une vacance du pouvoir afin de ramener la RCA à une transition» !

Hier 27 décembre avec les 1ers tours des présidentielles nigérienne et centrafricaine, voilà donc l’Afrique qui présente deux facettes de sa conception de la démocratie :

-Dans l’un au Niger, c’est une élection calme, sans psychose, sans présence de godillots pour sécuriser le vote, inclusive (30 candidats pour la présidentielle), et de surcroit respectueuse de la Loi fondamentale, malgré sa pauvreté et même son passé politique tumultueux, faits de coups d’Etat et de remous politiques, et l’existant sécuritaire délicat.

-Dans l’autre, en l’occurrence dans l’ex-Oubangui-Chari, un scrutin sous tutelle internationale, la présence des FACA étant marginale, où la démocratie a mal à sa classe politique agrippée à ses privilèges, gangrenée par une impéritie, des esprits revanchards et une propension à toujours régler tout par les armes. A l’image d’un François Bozizé, personnification de cette race qui n’hésite pas à lancer ses spadassins sur les populations civiles. Quel que soit l’élu du palais de la Renaissance, se posera la question de sa légitimité, mais surtout, il faudra que la même Communauté continue à soutenir la RCA à bout de bras, pour un retour de l’Etat, une vraie reconstruction des FACA … bref à en faire un Etat normal.

Niger et RCA, l’illustration avec ces élections, de la démocratie à double détente sur le continent.

Sam Chris

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