Présidentielle guinéenne : La campagne bat son plein, le FNDC compte ses morts

Présidentielle guinéenne : La campagne bat son plein, le FNDC compte ses morts

Le contraste que présente la scène politique guinéenne à quelques jours du scrutin est de plus en plus symptomatique de la difficile conciliation des positions. Si d’un côté, nous avons les deux principaux candidats qui ne se font pas de cadeaux lors de cette campagne, il y a l’autre facette de ce pays où prédomine la passion politique, caractérisée par les sirènes de la contestation. Il s’agit du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).

Ce regroupement de partis politiques, d’organisations de la société civile et d’associations, fer de lance des manifestations contre le 3e mandat du président Condé, connaît une léthargie depuis la décision de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de descendre dans l’arène avec son candidat Cellou Dalein Diallo pour affronter Alpha Condé.

Ce que d’aucuns ont qualifié de scission au sein de ce front, constitue en effet  un coup de Jarnac porté au moral des milliers de Guinéens qui s’étaient approprié la cause et qui étaient décidés à faire rendre gorge au président sortant, Alpha Condé. Certains ont même payé le fort prix, fauchés par des balles assassines des «sicaires» du pouvoir. Et le bilan est plus qu’évocateur de la violence de la répression qu’ont abattue les Forces de l’ordre sur les manifestants contre ce «mandat de trop». Au total, 92 morts dont 56 par armes de guerre ont été dénombrés à travers le pays une année après le début des manifestations. C’est le bilan macabre de cette répression instaurée pour faire plier les contestataires. A ces victimes, viennent s’ajouter des corps non encore identifiés dans la région de Nzérékoré qui abriterait des charniers et les dizaines de prisonniers qui croupissent dans les geôles. Ce bilan qui tombe six jours avant l’élection est le signe que le FNDC, ne veut pas se laisser compter les choses. En plus de la pression morale qu’il exerce sur le pouvoir de Conakry, il s’agit d’un appel déguisé qui est lancé à tous les Guinéens épris de paix pour un sursaut d’orgueil en vue de remobiliser ses troupes pour les prochains mots d’ordre. Et il n’est pas exclu que ce 18 octobre, à l’appel du FNDC, on assiste à un tsunami électoral (vote-sanction) contre le candidat du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG).

C’est une lapalissade, dans sa volonté de torde le cou à la loi fondamentale et briguer un troisième, l’ancien opposant n’a pas lésiné sur les moyens. En plus du puissant rouleau compresseur politique dont il dispose à travers l’appareil d’Etat et ses forces publiques,  l’homme a  tout de même réussi à s’entourer de plusieurs partis satellites membres de la majorité pour cette élection qui s’annonce palpitante. En parcourant le pays lors de cette campagne, l’enfant de Boké veut montrer l’apparence d’un démocrate qui va à l’assaut des votes de ses concitoyens, mais que l’on ne se leurre pas, le scrutin semble jouer d’avance en dépit de l’optimisme de son challenger et rival Cellou Dalein Diallo, qui promet de lui faire mordre la poussière le soir du 18 octobre prochain. C’est connu de tous, le Chef de file de l’Opposition guinéenne, est plus que tenace, et ne compte reculer devant aucun obstacle. Lui qui a vécu la barbarie des militaires lors du massacre du 28 septembre  2009, dans le stade éponyme, n’a d’autre choix que d’aller au charbon. Il le fait si bien que ses sorties dérangent le camp d’en face d’où les barricades dressées contre son convoi à Kankan, par des militants du parti au pouvoir. C’est dire donc, que malgré sa supposée toute puissance, Alpha Condé et ses «hommes», craignent la capacité de l’ancien premier ministre dont l’invitation à «débattre» adressée au locataire du palais de Sékoutoureya a été purement et simplement repoussée.

Richard Davy SEKONE

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