Présidentielle tunisienne : 26 pour Carthage, une fournée à urticaire pour l’ISIE !

Présidentielle tunisienne : 26 pour Carthage, une fournée à urticaire pour l’ISIE !

En attendant le tamis définitif de l’Instance supérieure indépendante électorale (ISIE), 26 postulants pour le palais de Carthage ont été retenus sur les 97 qui ont candidaté. Dans un peu plus de 2 semaines, l’ISIE affichera les admis définitifs qui compétiront pour remplacer Beji Caïd Essebsi (BCE).

La logique de cette short list non-définitive a été respectée, car comme pour toute élection, surtout pour l’impérium d’un pays, on a les candidats sérieux, ensuite ceux qui veulent que l’Histoire retienne qu’ils ont été présidentiables et enfin, il y a la 3e catégorie, les saltimbanques qui veulent amuser la galerie.

Que retenir de ce 1er essorage de l’ISIE ? Il faut dire que le mode d’admission n’était pas léonin, loin s’en faut puisqu’il fallait soit avoir le parrainage de 10 députés, 40 maires ou de 10 000 électeurs inscrits dans au moins 10 circonscriptions électorales.

Sous réserves donc que certaines erreurs (double parrainage, mauvais compte caution financière) soient corrigées, pour que peut-être certains des 71 dossiers recalés soient validés, les grosses pointures peuvent déjà débuter leur précampagne, avant-goût de l’ouverture officielle le 2 septembre. Une revue de détail fait apparaître déjà les forces en présence pour ce 1er round pour le fauteuil présidentiel :

  • à tout seigneur, tout honneur, l’actuel locataire de la Kasbah, le premier ministre, ingénieur de 42 ans, Chahed Youssef est un candidat sérieux. En bisbilles avec Nidaa Tounès, il se présentera sous la bannière de Tahya Tounès (vive la Tunisie), crée par lui avec le soutien des islamistes. Le 31 août prochain, il aura 3 années de primature et espère transformer ses 10% d’intentions de vote dont il est crédité en un ersatz victorieux.
  • Il y a également Nabil Karaoui, ‘’Monsieur télécoms’’, fondateur de la chaîne TV Nesma. Il surfe sur la vague des déshérités avec son association Kalil, du nom de son défunt fils, et est le chouchou des médias et les sondages le placent au 2nd tour quel que soit le cas de figure, avec ses 30% d’intentions de vote.
  • Mohamed Abdou ou ‘’Monsieur anticorruption’’, adossé à sa femme députée, ils forment un duo infernal du ‘’Courant démocrate’’, de la sociale démocratie.
  • Comment ne pas mentionner Abdel Fattah Mourou, le ‘’M Bethoven’’ de cette présidentielle pour sa propension à chanter la musique de ce genre du classique. Il est pourtant le candidat des islamistes pour ne pas dire d’Ennahdha. Paradoxalement, il souhaite ne pas gagner, car pour lui, c’est pour promouvoir une cause.
  • Autre challenger de poids, Abdel Karim Zbidi, ce médecin-militaire est un fidèle de BCE, dont il fut le ministre de la Défense. Il portera les couleurs d’Afek Tounès.

L’ISIE aurait fait preuve de misogynie si le genre avait été absent, même s’il n’y a que 2 femmes : l’une d’elles mérite le détour à savoir l’avocate Abir Moussi, quasiment une égérie benaliste, car elle défend becs et ongles l’héritage de Ben Ali, et souhaite l’embastillement de tous les membres d’Ennahdha. Elle ne reconnait pas la Constitution de 2014.

Salma Ellouni est la 2e femme à ce duel de titans.

Enfin, mention à Kais Saied, juriste en droit constitutionnel, c’est un candidat télévisuel et ses prestations sur le petit écran vont toujours dans le même sens : une mise à plat de tout par la constitution d’où son surnom de «Robespierre sans la guillotine».

26, ça fait beaucoup de candidats pour cette présidentielle post-BCE, où les 2 principaux partis, Nidaa Tounès et Ennahdha voient leur électorat émietté, par des formations scissipares, mais surtout par le retour (à moins d’alliances à venir) de blocs bien tranchés.

Ainsi, de cette présidentielle, on sent par exemple que Hafeth Caïd Essebsi (HCE), le secrétaire exécutif de Nidda Tounès, de par la volonté de son défunt père, aura fort à faire avec le premier ministre-candidat Chahed Youssef. Et encore !

Quel sera la consigne de vote du vieux lion d’Ennahdha Ghannouchi dans tout ça ? C’est évident, cette fournée de 26 mousquetaires qui veulent se lancer sabre au clair pour la citadelle de Carthage, donnera de l’urticaire à Nabil Baffoun, le patron de l’ISIE, d’ici le 31 août date de la publication de la liste définitive, et même après. Car des recours, des contestations et même des procès d’intentions ou vrai procès ne sont pas à écarter. La période post-BCE s’avère donc pleine d’espoir, mais en même temps gorgée d’incertitudes, tant les appétits et les désirs de revanche sont à l’image des égos des postulants : boulimiques !

Sam Chris

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