Prestation de serment de Bah N’Daw-Moctar Ouane, nommé premier ministre : Deux hommes pointilleux pour tirer le Mali  de la gadoue !

Prestation de serment de Bah N’Daw-Moctar Ouane, nommé premier ministre : Deux hommes pointilleux pour tirer le Mali  de la gadoue !

Devant Dieu,  la cour suprême, le ban et l’arrière ban de tout ce qui tient lieu d’Etat et les Maliens et de la CEDEAO, via son émissaire Goodluck  Jonathan, ce 25 septembre le colonel major à la retraite Bah N’Daw a pris officiellement le gouvernail de l’Etat malien pour 18 mois affublé du vice-président, le colonel Assimi Goïta le chef des putschistes du 18 aout 2020. Celui que les Maliens appellent «le Grand», il a 1,95 ou encore  «De Gaulle» par ses frères d’armes a été investi président de la Transition. Deux jours après, advenait le Premier ministre civil tant attendu : Moctar Ouane.

Dans les faits la transition s’était ébranlée car avec le choix d’un président intérimaire et d’un vice-président, l’Etat malien va recommencer à essayer de fonctionner normalement. Cette Transition dont le mode d’emploi a été dicté par la CEDEAO n’a pas respecté à la lettre les dictats de l’institution sous-régionale. Laquelle organisation qui a serré la vis économique en exigeant un président et un premier ministre civils. In fine c’est un militaire haut gradé en réserve de la république qui a été choisi, et surtout le CNSP s’est imposé nolens volens par la vice-présidence, un poste qui échoit au chef de la junte qui s’arroge des pouvoirs exorbitants dont l’exercice risque d’empiéter sur ceux du chef de l’Etat transitoire avec comme conséquence de probables couacs surtout que ce dernier est réputé être à cheval sur les principes et les règles.

 Un attelage bicéphale qui n’avait convaincu guerre la CEDEAO laquelle organisation aura attendu la nomination de Moctar Ouane, ancien ministre des Affaires étrangères hier 27 septembre comme chef de gouvernement de ce pouvoir intérimaire. Un Premier ministre qui a un petit avantage temporel, car il n’aura pas de problème de survie, il a 18 mois, une longévité exceptionnelle par rapport aux autres Premiers ministres du régime déchu dont l’espérance de vie n’excédait pas 1 an.

On peut déplorer le fait que la CEDEAO n’ait pas levé le pied sur les restrictions économiques et commerciales qui frappent de plein fouet le Mali car dans le pire des cas, les putschistes seront les derniers à manger la vache enragée , ce sera toujours les populations qui verront rouge, mais au regard de ce début de bidonnage transitionnel c’est-à-dire un président militaire par intérim qui n’est plus statutairement en activité ,mais qui reste un militaire et un vice-président militaire «pouvoiriste», pas l’once d’un civil la prudence et la rigueur étaient de mises, en attendant ce premier ministre.

C’est désormais chose faite ce 27 septembre avec le décret présidentiel nommant Moctar Ouane l’ex-délégué à la paix et à la sécurité de l’UEMOA comme Premier ministre. Avant d’accepter ce poste, l’impétrant a rencontré le président intérimaire, et le chef de la junte, devenu vice-président.

Exit les postulants du M5, lequel mouvement avait présenté une short list de… 14 noms, ce qui était en soi fastidieux, encore que le dossier de Moctar Ouane était quasiment entériné. Un second camouflet pour les partisans de l’imam Dicko car après le coup d’Etat qui leur a coupé l’herbe sous les pieds, le poste de Premier ministre qui leur échappe frustre et enrage. C’est donc un diplomate de métier rompu aux circonlocutions des salons feutrés, des non-dits, des arrondissements d’angle, qui prend la place du premier des ministres dans une transition où il sera encastré entre 2 militaires.

On le dit très précautionneux ce Ouane, ne transigeant pas sur les principes et à ce sujet, il pourrait être en osmose avec le président intérimaire N’Daw lui aussi ayant les principes chevillés au corps. A présent, tous les regards sont rivés vers la CEDEAO, qui ne devrait pas tarder à enfin lever le pied sur les restrictions économiques et commerciales qui inhibent la marche du pays. Plus rien ne s’oppose à la cessation des sanctions contre le Mali qui aura satisfait à ce point crucial (nomination d’un PM), sorte de dernier arrêt d’un court chemin de croix, bref mais oh combien désastreux pour les Maliens !

Ça urge d’ailleurs, car le pays sous le régime déchu était quasiment sur cale, alors avec ces semaines de ce yoyo politico-militaire, il faut relancer la machine malienne.

Mais le fait que la CEDEAO ait déridé la situation économique ne suffira pas à sortir de cette crise à tunnel. Il faudra que les 3 têtes de l’Exécutif ( il faut compter  avec Goïta) travaillent en symbiose, et campent sur les mêmes positions.

Se mettre rapidement au travail donc avec l’équipe ministérielle attendue demain 29 septembre, un gouvernement qui ne peut être que celui de combat, voilà la priorité des priorités de cette transition après l’acte de la CEDEAO qu’on espère imminent.

Moctar Ouane a déjà fixé quelques objectifs majeurs : Organisation d’élections transparentes, Refondation de l’Etat, renforcement de l’indépendance de la justice, poutre central de la démocratie.

Une gouvernance transitoire  est une parenthèse pour se dire les vérités, laver le linge sale  en famille, promettre de ne plus retomber dans les mêmes travers, et mettre le cap sur un avenir qu’on aura arrêté de commun accord. Bref léguer un pays de nouveau sur pied aux futurs dirigeants qui seront élus par la loi des isoloirs.

Bah N’Daw-Moctar Ouane, un militaire retraité et un diplomate chevronné, tous 2 à cheval sur les règles, ayant le sens de l’Etat. C’est un tandem à vue d’œil qui rassure. Le resteront-ils par leurs actes pour la postérité ? Pourront-ils dépêtrer le Mali de la gadoue ? On le saura dans 18 mois.

Zowenmanogo Zoungrana

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR