Matalema Cyril Ramaphosa, élu par une coalition de 3 formations politiques (ANC-IFN-Parti démocratique) a prêté serment à l’Union Building à Pretoria hier 19 juin 2024, c’était devant Raymond Zondo, président de la Cour constitutionnelle, et d’un aréopage de chefs d’Etat dont Félix Tshisekedi de la RD Congo, Denis Sassou N’Guesso du Congo-Brazza, Bola Tinubu du Nigeria.
Une prestation de serment qui marque le début des jours de Ramaphosa II, pour le prochain quinquennat. Sans majorité absolue, c’est un second bail marqué du sceau de la fragilité, non seulement pour l’ANC, mais aussi pour Ramaphosa. Chef de l’Etat et président de l’ANC, Ramaphosa sait que ce second mandat est risqué, car le gouvernement d’Union nationale qu’il cornaque est composé de personnalités venant justement de partis politiques qui n’ont pas toujours eu les mêmes visions que l’ANC, pour ne pas dire qu’ils constituent l’opposition.
Le parti démocratique qualifié à tort ou à raison de «parti des Blancs» est idéologiquement opposé à l’ANC, et pourtant c’est grâce à ses députés que Ramaphosa étrenne le second mandat. Idem pour l’Inkhata Freedom, formation communautaire, qui a rejoint l’ANC pour gouverner.
Gouvernement meelting pot comme l’ait cette nation arc-en-ciel née des cendres sanglants de l’apartheid, qui doit gouverner autrement. La raclée électorale de l’ANC est un vote-sanction de l’incapacité du parti-Etat à faire voir les Sud-Africains le bout du tunnel. Eau, électricité, chômage, criminalité sont des défis non relevés par l’ANC, qui tient le gouvernail depuis 1994.
Alors, quand Ramaphosa, hier affirmait que ses compatriotes veulent une société «égalitaire et protectrice» et qu’ils n’admettront plus les contreperformances passées, et la corruption qui gangrène le pays, il sait de quoi il parle.
La nation sud-africaine, par ce vote-avertissement sonne le glas des mœurs et pratiques dont s’adonnaient les caciques de l’ANC, dont souvent le seul idéal est que c’est le Blanc l’ennemi Ramaphosa est averti que ce narratif ne peut plus prospérer. Les Sud-Africains ont ras-le-bol des «querelles politiques», a-t-il laissé entendre encore hier 19 juin.
Du concret, c’est-à-dire l’amélioration du quotidien des populations, voilà le message pas du tout subliminal du vote des 27 millions d’électeurs. Un gouvernement d’Union nationale pour le début d’une ère nouvelle ajoutera-t-il. On voudrait bien le croire.
Mais est-ce que l’ANC, ex-parti-Etat, est capable de faire le deuil, de ses mauvaises habitudes pour mettre le cap sur cette ère nouvelle ? 30 ans d’actions et de réactions quasi-pavloviennes peuvent-elles s’arrêter en 5 ans ? Le parti démocratique et l’Inkhata Freedom ont-ils le pouvoir d’influencer l’ANC pour faire ce virage à 180° ? Vous avez dit nouvelle ère ? On attend de voir.
La REDACTION
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