Prestation de serment de Goïta au Mali : Adroit dans ses bottes,  mais … attention !

Prestation de serment de Goïta au Mali : Adroit dans ses bottes,  mais … attention !

Sauf à être incurablement naïf ou de mauvaise foi, le colonel Assimi Goïta en perpétrant son 1er coup d’Etat le 18 août 2020 ne rêvait que de ce cérémonial d’hier dont il a confirmé 9 mois plus tard par son 2nd putsch : être drapé de pourpre et d’hermine par la Cour constitutionnelle qui l’a renvoyé hier à son serment, pour devenir chef d’Etat.

En tombant la tenue kaki bariolée qu’il arborait depuis août 2020, date de son entrée tonitruante dans l’arène malienne, en revêtant le costume-cravate d’officier, Goïta a finalement empoigné donc sa chose, le pouvoir pour lequel, ils sont descendus lui et ses frères d’armes, des hauteurs de Kati pour le prendre par 2 fois !

Nulle illusion donc, surtout avec sa posture face d’abord aux envoyés spéciaux de la CEDEAO, puis face aux dirigeants de l’organisation à Bamako : «Puisque je vous dis que je veux être président», tel est le message subliminal qui a traversé son discours depuis quelques semaines.

Bienvenue dans le syndicat mon colonel ! Reste à respecter les engagements pris, et qui ne peuvent être réduits ni à des incantations ou vœux pieux, ni à des mesures populistes pour amuser la galerie !

Réduire les fonds spéciaux du président de la République de 1,8 milliard, cette fameuse «caisse noire» dont certains 1ers responsables de l’Etat sont pourvus, lesquels usent et en abusent, à des fins personnelles (distribution à tire-larigot, usage électoraliste …) abaisser le train de vie de l’Etat pour améliorer des infrastructures sociales (eau, électricité), c’est bien, mais le défi majeur pour le Mali, reste le retour à un Etat de droit, la lutte contre le terrorisme, et redonner l’espoir aux Maliens.

Assimi Goïta et son cercle restreint de colonels pourront-ils respecter le timing de la Transition à savoir un référendum constitutionnel en octobre 2021 et des élections (présidentielle et législatives) en février-mars 2022 ? On peut un peu en douter, et croire plutôt à un «bonus» de la Transition, voie royale, vers l’inconnue, quand on devine aisément, l’allusion qu’a faite Goïta à Goodluck Jonathan et sa délégation au camp de Kati : ATT n’a-t-il pas été putschiste puis président élu dans les années 90 ? A-t-il dit en substance aux émissaires de la CEDEAO.

Vouloir endosser le boubou d’ATT, alors que le Mali de 1991 est différent de 2021 c’est tout simplement croire à son étoile ou que les Maliens n’ont pas mûris politiquement ! Or prolonger la transition et vouloir coûte que coûte être juge et parti, c’est jouer avec le feu. Et lorsqu’on voit le charme qu’il déploie à l’endroit du M5-RFP dont un porte-voix illustre, Choguel Kokala Maïga vient d’être nommé premier ministre, l’accueil triomphal organisé au retour de Goïta d’Accra, il est évident que le colonel renifle déjà le nectar qu’on appelle pouvoir suprême.

Dans un Mali disjoint par le terrorisme au Nord et au Centre, et dont les tentacules risquent de se ramifier avec les récentes sanctions (suspension de Takuba, de la coopération avec les USA, et financière par la Banque mondiale), dans un tel Mali, le colonel Goïta mesure-t-il qu’il hérite d’un Etat avec mille problèmes ? Les FAma, jusqu’à présent avec toute la bonne foi, et le courage dont on peut leur faire crédit n’y peuvent rien face à la noria de katibas, qui ont infesté le Sahel. Surtout face à cette connexion avec le M5-RFP, qui pourrait concéder des compromis dangereux et risqués aux islamistes, Goïta ne le sait pas mais marche sur un terrain miné. Enfin, ce qui a fait le terreau fertile à ces 2 putschs, au retour des prétoriens au pouvoir, c’est bien le ras-le-bol d’une population qui ronge son frein à attendre des lendemains qui ne chantent jamais. Paupérisation, chômage endémique des jeunes, sont des problèmes rédhibitoires au Mali.

Que Goïta surfe sur une vague d’un sentiment anti-français qu’il tire au cordeau, qu’il veuille jouer sur le soft power d’une Russie qui veut prendre pied au Sahel via le business et la kalach, qu’il actionne les entrelacs du conglomérat M5-RFP, on a la vague impression qu’il y a de la manipulation dans l’air ou pour faire dans le doux euphémisme, un théâtre d’ombres.

Qui est le bouffon ou le pantin et qui sont les marionnettistes ? A quoi est adossé Goïta ? A quoi va ressembler l’existant sécuritaire au Mali, sans Takuba, d’ici les 9 mois ? Et surtout quelle trajectoire pour cette transition cahoteuse ? On est habité par un doute : les Maliens ne semblent pas être à l’orée du tunnel qui s’éloigne comme une ligne d’horizon. Adroit dans ses bottes Goïta, mais dans une posture à haut risque .

La REDACTION

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