Printemps arabe, 10 ans après : Qu’est devenue la révolution tunisienne ?

Printemps arabe, 10 ans après : Qu’est devenue la révolution tunisienne ?

Célébration mitigée et ambivalente hier en Tunisie, où il y a dix (10) ans jour pour jour, le jeune marchand  de fruits Mohamed Bouazizi s’immolait par le feu dans la ville de Sidi Bouzid. Ce geste de dépit et de désespoir posé par ce jeune «qualifié d’étincelle» va embraser tout le pays et conduira même à la chute du président Ben Ali dont la galaxie avait en grande partie contribué à éroder la popularité. Corruption, mal gouvernance, népotisme, gabegie, violences policières, paupérisation grandissante…, voilà autant de raisons qui avaient poussé des millions de Tunisiens à descendre dans les rues pour désavouer le régime en place et demander le départ du Raïs Ben Ali. Le ton était ainsi donné pour ce que l’on a appelé «printemps arabe».

De Tunis à Sanaa en passant par le Caire et Tripoli, plusieurs régimes jadis policés, vieux de plusieurs années et réputés solides passeront à la trappe. Une décennie après, la Tunisie, rampe de lancement de cette bronca demeure un pays en jachère et les fruits que promettaient les fleurs de ce vaste mouvement d’émancipation, né sous les frustrations accumulées des décennies durant.

 A y voir de près, les désillusions entraînées par les soulèvements démocratiques de 2011 dans le monde arabe empêchent toute commémoration festive de ce 10e anniversaire. En somme, les problèmes qui avaient poussé l’immense majorité de la population dans les rues et provoqué la chute du clan Ben Ali, restent entiers et sont toujours d’actualité. Dix ans après, l’ouverture démocratique consécutive à ce vent de changement qui a soufflé sur le monde arabe a certes permis de procéder à des changements à la tête de plusieurs pays, mais les aspirations des millions de personnes n’ont toujours pas reçues un écho favorable de la part de la nouvelle classe dirigeante, qui peine à trouver la formule adéquate pour soulager leurs souffrances devenues quasi quotidiennes.

En effet, jusque-là, la Tunisie cherche ses marques. De Béji Caïd Essebsi, premier chef d’Etat issu d’un scrutin présidentiel libre en 2014, qui s’était assigné la mission de réhabiliter le  prestige de l’Etat, menacé à ses yeux par les «surenchères» de la révolution à l’actuel Kaïs Saïed, le pays de Carthage, éprouve du mal à satisfaire les «revendications» d’une jeunesse désemparée et ballottée par un chômage endémique. Et au fur et à mesure que les années passent, la désillusion est d’autant plus grande, et les espoirs s’amenuisent pour nombre de jeunes tunisiens qui avaient cru que ce «printemps» leur apporterait plus l’essor tant recherché.

Il revient au régime actuel de trouver les voies et moyens pour libérer cette frange de la société de l’oisiveté car c’est à ce prix qu’il parviendra à relever le défi de la paix sociale et de la stabilité politique gages d’un développement harmonieux. Ce sera le meilleur hommage à rendre aux dizaines de martyrs qui ont payé le prix fort pour l’avènement de cette révolution.

Davy Richard SEKONE

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