Ce dossier avait pris les traits d’une affaire d’Etat. Elle a ensuite été enterrée dans les dédales de la Justice française. Mais voilà qu’elle ressurgit, un peu comme un éléphant qui apparaît en plein milieu d’océan. La question qu’on se pose, c’est pourquoi maintenant, après 14 ans de flou et de cache-cache diplomatique et judicaire ?
Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï des forces loyalistes ivoiriennes bombardent le camp de la Force française Licorne à Bouaké dans le centre de la Côte d’Ivoire. 10 cadavres sont ramassés sur le carreau. 9 soldats français et un civil américain. 38 blessés sont aussi enregistrés. Les pilotes, Yury Sushkin, Biélorusse et Patrice Ouei et Ange Magloire Ganduillet Attualy, Ivoiriens, réussissent à franchir tranquillement la frontière ivoirienne. Ils arrivent au Togo où ils sont appréhendés par les autorités de ce pays, qui les livrent sur un plateau d’or à la France. Mais contre toute attente, pas de réaction de Paris. Lomé les relàche finalement. Et les «bombardiers» se volatilisent dans la nature.
L’instruction judiciaire enclenchée alors n’aboutit à rien. Les corps des soldats ne sont pas autopsiés. Ils seront inhumés un peu à la hâte. Trois anciens ministres du président français Jacques Chirac, Michelle Alliot-Marie, Dominique de Villepin et Michel Barnier sont mis en cause. Mais jusqu’à présent, rien n’a prospéré jusque-là.
Mais voilà que près de 14 ans après cette affaire, une lueur d’espoir point aux yeux des proches des victimes. Le parquet de Paris requiert le renvoi devant une cour d’assises des trois pilotes. Mais quel impact aura cette réquisition si elle était suivie ? Il faut noter que les trois mis en cause sont aussi trouvables que de la fumée de bois dans un amoncellement de nuages pluvieux. Ils ont disparu. Ils n’ont pas été arrêtés. Quel élément révélateur ce procès aura-t-il si jamais il était tenu ? Il est fort à parier que pas grand-chose tant que les trois anciens ministres ne seront pas de la partie. De sorte que les supputations qui planent sur les décombres de l’ancien camp de la Force Licorne risquent de n’appartenir qu’à cette race : un bombardement ourdi pour trouver un alibi au départ du président d’alors Laurent Gbagbo, mais qui a finalement tourné à une bavure qui a coûté la vie à 9 soldats français.
Ahmed BAMBARA
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