Le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à Conakry qui connaît de l’affaire du massacre de 157 personnes et de viols de femmes connaît depuis hier un tournant car après les 12 coaccusés dont le président du CNDD, Moussa Dadis Camara, Toumba et Cie, l’heure est aux dépositions des parties civiles. Avec un témoignage qui fait hérisser les poils d’Oury Bailo Bah, frère d’un des tués de ce funeste jour du 28 septembre 2009.
Selon ce dernier, il est impossible de faire le deuil car «il n’y a pas de tombe pour se recueillir». Avec fortes minuties, il raconte comment il a cherché son frère après ces graves évènements.
El Hadj Hassan, son puîné qui était entraîné par l’effet de foule, lequel petit frère depuis le stade lui décrira par téléphone, le film de l’horreur : les premiers morts, la foule énorme, la présence du colonel Tiegboro Camara … le crépitement des balles, les cris d’horreur des suppliciés… Puis l’effarante recherche de frère, anxiété, frénésie, et la nouvelle tant redoutée tombe vers 18 heures ; quelqu’un aurait vu le corps de son frère sur l’esplanade du stade… mais après des jours… aucun corps du disparu.
Oury Bailo Bah n’est que le premier d’une longue liste, mais son cas pose avec lucidité un mystère non résolu de tous ces tués dont on n’a jamais retrouvé les dépouilles. Tous les accusés ont nié, l’existence de cimetière caché, ou de charniers, mais où ont été ensevelis tous ces morts ?
C’est une question que les différents témoignages des parties civiles permettront peut-être de répondre, car s’il y a eu autant de tués, leurs corps doivent reposer quelque part. Et des gens savent notamment ceux qui ont fait le sale boulot, et les commanditaires également. Quelle horreur ces parties civiles vont laisser entendre ? Qui et qui seront indexés par ces parties civiles ?
Véritablement, on rentre dans le vif du sujet avec ce défilé de parties civiles, et manifestement, certains accusés seront confondus.
C’est de toute façon, ce que souhaite chacune des familles affectées et tous les Guinéens, après 13 années de chape de plomb, de tergiversations et de ping-pong. Connaître la vérité sur ce qui s’est passé ce jour-là, rendre justice et voilà ce qu’attendent les Guinéens du Tribunal criminel. Après, on verra pour la paix des cœurs. Et dans un tel procès, les dires des parties civiles aident beaucoup les juges à décider en leur intime conviction et au vu des preuves.
La REDACTION
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