Bien sûr, la mascotte de la Françafrique, version argent occulte, Albert Bourgi, cette mascotte disculpe de long en large Nicolas Sarkozy quant aux crachats dans le bassinet de chefs d’Etat africains pour financer les campagnes électorales des politiques français, notamment de Jacques Chirac. En tout cas, si on s’en tient à ses confidences sulfureuses dans son brûlot : Ils savent que je sais, à mis parcours du plaidoyer prodomo, justification de la Françafrique et «balance» politique !
Mais voilà, il y a comme une accusation qui colle aux souliers de Sarkozy comme une infamie : l’argent du Al-Tawsra, le Guide libyen, qu’il aurait appâté avec le deal sous contre «reconnaissance internationale» pour l’alors astre de la Jamahiriya infréquentable. Même s’il s’agit de faisceaux d’indices ! Et cela fait 10 ans, 10 longues années !
Lièvre levé en 2011 par le média d’Eddy Plenel, Médiapart qui, après investigations, fit ses choux gras de révélations d’une agence libyenne en 2010, puis du «glaive de l’Islam», le fils de Kadhafi, puis du dirigeant libyen lui-même.
Alors, le bédouin de Syrte a-t-il donné de l’argent à Nicolas Sarkozy pour financer sa campagne présidentielle de 2007 ? Les révélations du non moins rocambolesque Ziad Takieddine, accablant Sarkozy sont-elles vraies ?
Y a-t-il une causalité entre désir d’étouffer ce scandale d’Etat et l’invasion de la Libye qui a abouti à la mort de Kadhafi en 2011 ? C’est de tous ces entrelacs que le tribunal de Paris devra connaître et devant lequel se tient depuis hier 6 janvier 2025 Nicolas Sarkozy, c’est pour démêler donc le fil de l’écheveau de cette ténébreuse affaire que le tribunal jugera l’ancien président français.
Que pensent les Africains, les Sahéliens donc d’un Nicolas Sarkozy dans le box des accusés, pour cette histoire avec Kadhafi ? D’abord, Sarkozy n’a pas beaucoup d’amis solides en Afrique excepté le président ivoirien, au contraire, son nom est négativement connoté avec les quotas de reconductions à la frontière, les délits de faciès» avec son ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, à ses côtés d’ailleurs devant la justice, et de ce fait, beaucoup d’Africains sont mécontents de sa politique africaine de la France.
Mais surtout, si le dossier de financement indu est diversement apprécié sur le continent, la balance penche du côté de ceux qui croient que Sarkozy a trempé le doigt dans la confiture. Le film de sa relation avec Mouamar Kadhafi depuis place Beauvau, son déplacement en Libye, les allers-retours de Ziad Takieddine, le séjour de Kadhafi à Paris le 10 décembre 2007 à l’occasion d’un Kadhafi Tour… Tout cela milite en défaveur de Sarkozy. Rama Yade à l’occasion, du haut de son poste de secrétaire aux droits de l’homme et de ses origines africaines, avait déjà dit non au fait que Kadhafi vienne essuyer ses mains tâchées sur la France, comme un paillasson. Bernard Kouchner, le «French Doctor» s’éclipsa dans un pays voisin pour ne pas serrer la main de Kaddafi. Réponse de Sarkozy à l’époque : «C’est bien beau les droits de l’homme, et les postures entre le café Flore et le Zénith». L’ex-président était un «Kadhafilâtre».
Mais, il est un dossier où les Africains pensent que Sarkozy est coupable : le fait d’avoir bataillé dur pour obtenir un mandat onusien (Résolution n°1973) pour frapper la Libye et se débarrasser de ce Kadhafi qui est une menace réelle pour sa carrière politique.
Rétrospectivement, Kadhafi n’était pas un Saint et son long règne est jonché de cadavres, et libertés prises avec les droits de l’homme, mais pour l’Afrique, il ne méritait pas que sur la base de mensonge, il finisse ainsi. Pire, le Sahel sur lequel ont fondu les hordes kadhafiennes, et toutes les rébellions tribales et les terroristes de tout acabit, ce Sahel ne peut pas trop porter Sarkosy dans son cœur. Bref, en écartant le Guide, Sarkozy a ouvert les vannes de ce terrorisme contenu par la manne des pétrodollars et la mansuétude kadhafienne ! Reste que c’était un président français qui a agi pour la France, même si affleure un motif personnel, et les Africains ne doivent pas oublier cela.
La REDACTION
COMMENTAIRES