Alors que les regards de millions de Burkinabè sont tournés vers la Salle des banquets de Ouaga 2000, où doivent comparaître le général Gilbert Diendéré et ses 83 coaccusés, un fait retient l’attention des médias.
La présence dans le box des accusés du malien, Sidi lamine Oumar, membre du Mouvement arabe de l’Azawad (groupe actif dans la région de Tombouctou) accusé de complicité avec les putschistes. Selon plusieurs sources, c’est le 21 octobre 2015, soit un mois après l’échec du coup de force de l’ex-RSP que Sidi Lamine Oumar sera interpellé en compagnie de deux autres de ses camarades alors qu’ils venaient de quitter la mosquée.La même nuit, tous seront libérés, à l’exception d’un seul : Sidi Lamine Oumar, membre du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), organisation partie prenante de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). «Ce dernier a été retenu en garde à vue sur insistance d’un chef militaire burkinabè», précise une source proche du dossier qui s’est confié à Jeune Afrique.Le 26 octobre, Sidi Lamine Oumar, 31 ans, est présenté devant un juge militaire qui lui notifie les charges retenues contre lui : «association de malfaiteurs» et «atteinte à la sûreté de l’État». Sauf que, selon une source judiciaire, Sidi Lamine Oumar «a été en contact téléphonique avec le général Gilbert Diendéré, à qui il a proposé d’apporter un soutien en hommes, dans un contexte où la reddition des éléments du RSP [l’ancienne garde présidentielle, proche des putschistes] n’était pas complète».
Mais selon l’avocat de Sidi Lamine Oumar, les charges n’ont pas lieu d’être, car «Au moment où mon client a passé ce coup de fil au général Gilbert Diendéré, le coup d’État était déjà consommé.Les militaires avaient déjà pris le contrôle des institutions de la République, donc on ne peut rien reprocher à mon client. Sidi Lamine Oumar n’a même pas eu le général Gilbert Diendéré directement au téléphone : c’est un message qu’il a laissé sur son répondeur», affirme Me Paul Kéré. Et le message dit ceci : «Mon général, est-ce que vous avez besoin d’une aide ?» «Sidi Lamine Oumar dit qu’il n’a jamais proposé au général Gilbert Diendéré un soutien en hommes. D’ailleurs, il n’a pas d’hommes : c’est un simple membre du MAA», affirme pour sa part un proche de l’accusé. «Dans cette histoire, mon client est utilisé comme un bouc-émissaire. Il a été arrêté uniquement pour tenter de montrer aux gens qu’il y a une collusion entre Touaregs ou djihadistes et le général Gilbert Diendéré», dénonce Me Paul Kéré.
COMMENTAIRES