L’interrogatoire du soldat de 1ère classe Hamado Zongo débuté le mardi, s’est poursuivi le lendemain, mercredi 25 juillet 2018. Celui qui a plaidé non coupable en ce qui concerne les charges qui pèsent contre lui a poursuivi sa défense. A sa suite, c’est le sergent Yahaya Guiré qui va être appelé à la barre pour répondre des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat ; de meurtre ; et de coups et blessures. Celui qui a confié avoir fait l’objet de menace de mort de la part du caporal Abdoul Nafion Nébié ainsi que d’autres éléments, n’a pas reconnu les faits.
Le mardi 24 juillet 2018, le soldat de 1ère classe Hamado Zongo appelé à la barre pour répondre des faits qui lui sont reprochés pour son rôle joué lors du coup d’Etat manqué, a déclaré ne pas reconnaitre lesdits faits. A la suite de cette déclaration, il va tenter de se défendre. L’interrogatoire s’est poursuivi avec ce dernier hier mercredi. Appelé de nouveau à la barre, le prévenu n’est pas revenu sur sa déclaration. Si depuis le 24, il tente de convaincre le Tribunal de son innocence, il faut dire qu’il n’a pas réussi au regard de cette question que lui a adressé le procureur militaire : «à vous entendre depuis hier, vous prétendez n’avoir rien fait dans le coup d’Etat mais pourquoi aviez-vous franchi la frontière pour vous retrouver en république de Côte d’Ivoire» ? A en croire l’accusé, c’est pour préserver sa vie qui était menacée par les pro-Zida. Me Alexandre Sandwidi avocat de la l’accusé va observer à la suite de cela que : «si vous dites que ceux qui ont fui le pays se reprochent quelque chose ; à contrario, ceux qui n’ont pas fui ne se reprochent rien. Mais on constate que jusqu’à preuve du contraire que c’est ceux qui sont restés qui sont à la base de cette affaire». Le procureur va poursuivre en rappelant à l’accusé que devant le juge d’instruction, il a confié s’être rendu à Zorgho avec une équipe dirigée par le sergent-chef Ali Sanou où ils ont détruit la radio Laafi et a même fait cas d’une dame en civile qui a mis le feu à ladite radio. Le soldat de 1ère classe va déclarer n’avoir pas fait cette déclaration. Ne partageant pas son attitude qui est de contester à chaque fois les déclarations qu’il a faites et qui sont consignées dans le procès-verbal qu’il a signé, Me Somé avocat de la partie civile va indiquer que : «depuis le début du procès, certains accusés se sont évertués à décrédibiliser le travail de la justice. Ce qui est d’autant plus malheureux c’est que des inculpés disent que des procès-verbaux d’instruction authentifiés par un greffier sont faux sans apporter des preuves». Pour lui, il s’agit simplement d’une défense sans suite. Me NDorimana de la défense va lui rappeler que la loi permet à l’accusé de revenir sur ses déclarations, et qu’il appartient au tribunal de tirer les conséquences qui s’imposent. Il conclut en ces termes : «ce n’est pas aux avocats des parties civiles de nous donner la conduite à tenir».
Le sergent YahayaGuiré menacé de mort par ses frères d’arme
Après le soldat de 1ère classe Hamado Zongo, c’est le sergent Yahaya Guiré qui a été appelé à la barre. Poursuivi répondre pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, et de coups et blessures. Il s’est également dit non coupable. Il explique que le 15 septembre 2015, il était de permanence. Il indique que c’est le 16 dans la matinée qu’il est descendu avant d’être rappelé une fois chez lui par l’adjudant-chef Idani. A son arrivée au camp vers 18 heures, il a confié avoir remarqué que des voitures ont été enlevées dans le garage qu’il avait en charge. Après s’être renseigné poursuit-il, il lui a été rapporté que des éléments du Groupement des unités spéciales (GUS) ont arrêté les autorités de la transition. Suite à cette information, il dit s’être rendu au carré d’arme où il a retrouvé les véhicules manquants dans lesquels il a vu des armes qui étaient déposées. Par la suite, le sergent va confier être sorti à deux reprises pour un dépannage avec un jeune nommé Abdou Compaoré. A en croire le prévenu, de retour d’un dépannage, ce dernier a fait usage de son arme à deux reprises. «Quand on est arrivé au niveau du jardin du 8- Mars des manifestants nous lapidaient, et il a effectué des tirs en l’air», a-t-il expliqué. A travers cette explication, le prévenu a tenté de démontrer au tribunal son innocence. Il va d’ailleurs rappeler qu’il n’a effectué que deux sorties et elles ont consisté au dépannage. «Je suis un garagiste, je ne sors pas, je n’ai pas effectué non plus de patrouilles».
Si le parquet a semblé accordé un peu de crédit à ses explications, il n’a pas non plus manqué de lui poser quelques questions d’éclaircissement. Il faut rappeler que Yaha Guiré a reconnu avoir effectué ses sorties en ayant son arme avec lui. C’est un détail qui a touché le procureur militaire va lui demander à savoir pourquoi pour juste une mission de dépannage, il porte une arme. La réponse de l’accusé est la suivante : «la situation qui prévalait en ce temps au RSP le nécessitait». Il va se justifier en confiant avoir fait l’objet de menaces à plusieurs reprises. L’une c’est quand le caporal Abdoul Nafion Nébiél’a menacé sous prétexte qu’il a laissé que l’on vienne chercher les véhicules qui sont dans son garage pour les amener au camp Guillaume au moment du désarmement. Il soutient que pour ce qui est de l’autre, c’est le même caporal et d’autres jeunes, qui l’on menacé de mort pour avoir refusé leur donner les clés des véhicules qui sont à sa charge. Il va conclure : «il y a aussi que personne n’avait confiance à l’autre avec les histoires de clans, donc je ne pouvais pas laisser mon arme». Sur ce, l’audience a été suspendue et reprendra le vendredi 27 juillet.
Edoé MENSAH-DOMKPIN et Boureima SAWADOGO
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