Procès putsch manqué : Le «Touareg» maintient ses déclarations

Procès putsch manqué : Le «Touareg» maintient ses déclarations

Le sergent-chef Roger Koussoubé dit le «Touareg», accusé d’avoir été le messager du général Gilbert Diendéré par le major Badiel et l’adjudant Nion, a été rappelé à la barre ce mardi 22 janvier 2019. Tout en maintenant ses déclarations faites lors de sa première comparution en juillet dernier,  il dit s’inscrire en faux en ce qui concerne l’accusation de ses frères d’arme.

Après l’adjudant-chef major Eloi Badiel et l’adjudant Jean Florent Nion, c’était au tour du sergent-chef, Roger Koussoubé dit le «Touareg» d’être rappelé à la barre pour son audition complémentaire. Accusé par ses prédécesseurs d’avoir été  le messager du général de brigade Gilbert Diendéré, (celui qui a apporté le message qui ordonnait de faire le coup d’Etat), l’ex-sous-officier du RSP réfute cette accusation.

«Je n’ai jamais été le messager du général Diendéré»

Dès l’entame, répondant au président du tribunal, il a déclaré ceci : «Je maintiens mes déclarations faites les 10, 11 et 12 juillet 2018». Et de poursuivre : «Je n’ai jamais été le messager du général Diendéré. Le général Diendéré ne m’a jamais envoyé chez le major Badiel». Tout en rappelant que le major Badiel et l’adjudant Nion occupaient tous les deux des postes stratégiques dans le dispositif sécuritaire du président de la transition Michel kafando, il estime que s’il était porteur d’un tel message, ils auraient dû le mettre aux arrêts.

A l’en croire, avant l’action, c’est-à-dire l’interpellation des autorités de la transition, il n’a pas été en contact avec l’adjudant-chef major Eloi Badiel ni avec l’adjudant Nion. Clamant avec la dernière énergie son innocence dans ce dossier, le prévenu confie qu’il avait été accusé à tort dans d’autres dossiers tels que l’attaque de la poudrière de Yimdi, le dossier du pont du Nazinon, etc., mais rappelle qu’il a été blanchi par la suite. A l’entendre, ce n’est que pour désertion qu’il est condamné à trente-six (36) mois. Dans le présent dossier  dont il accuse également ses frères d’arme de mensonges à son encontre, il a laissé entendre : «de mon vivant, je ne vais jamais permettre qu’on mente sur moi». Si le sergent-chef à fait cette déclaration, c’est parce qu’il estime que de nombreux accusés l’ont chargé  à tort parce  qu’il était en exil et confirme : «beaucoup de choses ont été dites sur moi du fait que j’étais en exil». Il est évident qu’entre ses frères d’arme d’hier, le divorce est consommé. L’accusé le confirme quand il raconte que le sergent-chef Mohamed Laoko Zerbo a essayé de faire la médiation entre lui, d’une part et  Badiel et Nion d’autre part, car ils ne se parlaient plus. Cependant, il lui a fait comprendre qu’il ne va jamais faire la paix avec des gens qui veulent sa mort.

Accusé par l’avocat de l’adjudant-chef major Eloi Badiel, Me Bertin Kiénou, d’être un agent double, le «Touareg»  rejette  cette accusation. Invité à se prononcer sur l’existence de clans au sein du RSP, il a souhaité ne plus revenir là-dessus. Même face à  l’insistance du parquet, le sergent- chef n’a dit mot sur ces  ditsclans qu’il avait pris le soin de citer lors de son premier passage. En effet, il avait surpris plus d’un, en faisant cas d’un clan appartenant au général de gendarmerie Djibrill Bassolé.

Les observations du conseil de l’accusé

Volant au secours  de son client, Me Alexandre Sandwidi, dès l’entame de ses observations, a fait remarquer que le parquet n’a apporté aucun élément nouveau dans l’audition complémentaire du sergent-chef, Roger Koussoubé. Prenant au mot le ministère public, il rappelle qu’il avait lui-même reconnu que n’eut été les parties civiles qui ont reversé dans le dossier une vidéo sur laquelle apparait le prévenu à la radio Savane FM et dont il ignore à quel moment il a été introduit dans la procédure, il n’aurait eu aucun élément contre lui. Pour l’avocat, le sergent-chef n’est pas un témoin, mais un accusé. Par conséquent, il a demandé au parquet militaire de ne pas amener  l’accusé à donner des éléments pour compléter le vide du dossier ou pour charger un autre accusé. «S’il n’y a rien dans son dossier, ayez le courage de le reconnaître et de le dire, pour qu’on puisse mettre fin à cette procédure au lieu de nous épuiser les fesses», a-t-il conclu.

Partageant également la position de son confrère,  Me Michel Traoré quant à lui, affirme qu’un coup d’Etat n’est pas un jeu. Pour ce faire,  on ne peut donc pas envoyer quelqu’un (faisant référence à son client) d’aller dire de faire un putsch. A l’en croire,  pour perpétrer un putsch, il faut, au préalable, réunir un certain nombre de moyens logistiques que ne possédait pas le sergent-chef Koussoubé, ajoute t-il. Convaincu que le parquet militaire revient toujours sur les mêmes éléments et n’a pas de preuves concrètes pour incriminer «Le Touareg» dans cette affaire, il s’interroge en ces termes : «Qu’est- ce qu’il a fait concrètement ?».

Les parties civiles constatent une version illogique  de l’accusé

Du côté des avocats des parties civiles, c’est Me Guy Hervé Kam qui a été le premier à intervenir. Au lieu de faire des révélations comme il l’avait annoncé,  l’homme de droit a l’impression que le sous-officier de l’ex-Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) est en train d’ajouter de la confusion à la confusion. Constatant  que l’accusé a des difficultés à répondre correctement aux questions qu’il lui soumet, Me Prosper Farama, à la suite de son confrère Me Kam, a confié que le sergent-chef Roger Koussoubé a une version illogique des faits et raison pour laquelle il a du mal à la soutenir.

Par ailleurs, Me Haoua Sawadogo, dans son intervention, s’est intéressée à la notion de  discipline qui avait foutu le camp dans ce corps d’élite de l’armée burkinabè, si on se réfère aux déclarations de certains officiers passés à la barre, faisant donc place à l’indiscipline qui avait pignon sur rue. En effet, du chef de corps Aziz Korogo, en passant par les lieutenants Aliou Gorgo et Relwindé Compaoré, pour ne citer que ceux-là, ils n’ont pas manqué lors de leur audition, de décrire le climat qui y régnait, avant et après le 16 septembre 2015. A telle enseigne que des éléments parmi lesquels, le sergent-chef Koussoubé et bien d’autres ont même été taxés d’incontrôlés et d’indisciplinés du fait qu’ils ne se soumettaient pas aux ordres de la hiérarchie.

Tout en revenant sur les circonstances dans lesquelles il circulait avec un véhicule qui appartenait au corps que lui a reproché le chef du corps, le mis en cause a affirmé qu’il s’est exécuté lorsqu’il a été rappelé à l’ordre par le colonel-major Boureima Kiéré, le Chef d’état-major particulier de la présidence du Faso (CEMPPF), à son temps. Poursuivant sa narration, il a assuré n’avoir  jamais eu de difficultés avec le chef du corps, ainsi qu’avec ses autres frères d’arme, ni avant ou lors des événements. Par conséquent, il s’étonne de constater que certains le taxent d’être un indiscipliné. Sur ce, l’audience a été suspendue. Elle reprend ce matin avec la suite de l’audition complémentaire du sergent-chef Roger Koussoubé dit «le Touareg».

Boureima SAWADOGO et Edoé MENSAH-DOMKPIN

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