Procès putsch manqué : Les deux sergents qui ont interrompu la radio Oméga et la 108.0 FM à la barre

Procès putsch manqué : Les deux sergents qui ont interrompu la radio Oméga et la 108.0 FM à la barre

A la barre le mardi 28 août 2018, les sergents Lamoussa Badoum et Hamidou Pagbelem poursuis pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures  et de dégradation volontaire aggravée de biens, les deux accusés  ont rejeté les faits qui leur sont reprochés. Ceux-ci qui avaient pour missions de mettre fin à l’émission de la radio Oméga FM de même qu’à celle de la radio de la résistance, 108. 0 FM ont reconnu les avoir effectuées tout en niant en bloc les incidents produits durant leur intervention.

A la reprise du procès ce matin le lieutenant Zagré a poursuivi son interrogatoire avant de faire place au  sergent Lamoussa Badoum. Après la lecture des chefs d’accusation qui pèsent contre lui, il a plaidé non coupable. Il explique que le 16 septembre 2015 aux environs de 18 heures lorsqu’il était de garde au poste intermédiaire, il a reçu un appel du major Eloi Badiel, qui lui a demandé  s’il pouvait mettre fin à des émissions puisqu’il est un transmetteur. L’accusé a confié lui avoir répondu par la négative ; ce qui l’a amené à contacté le sergent Pagbelem pour la même raison. Afin d’exécuter la mission, il explique que le major l’a ordonné de l’accompagner. C’est ainsi que les deux, en compagnie du conducteur se sont rendu au centre d’émetteur à Gounghin et à Kamboinsé  pour procéder à l’arrêt des émissions a confirmé le prévenu. Il explique que c’est revenant de cette mission, que le major Badiel les a appelés  pour leur demander de continuer à la radio Oméga FM. Le sergent va souligner qu’à Oméga, son collègue Pagbelem a demandé au directeur d’alors  de mettre fin à l’émission de la radio. Il va nier l’avoir menacé  avec une arme afin qu’il accède à leur exigence ; ce qui est contradictoire à la déclaration faite par lors du témoignage du directeur et rappelé par le procureur militaire. «Nous n’avons menacé personne,  nous avons juste porté à leur connaissance que compte tenue de la situation, nos chefs souhaiteraient que vous cessiez d’émettre», a-t-il soutenu. Il fera de même pour ce qui est des tirs entendus et dont la confirmation a été rapportée par les riverains, de même que les motos incendiées. «Nous n’avons pas eu à faire à des manifestants ou effectué des tirs», a-t-il déclaré. Pour ce qui est des motos incendiées devant la radio, l’accusant rejetant sa responsabilité, va affirmer : «c’est lorsque je suis descendu que j’ai constaté que les motos étaient en feu et j’ai même demandé au sergent pagbelem qui a fait ça, lui aussi m’a fait comprendre qu’il ne savait pas».

Le prévenu va poursuivre en racontant que c’est la même mission qui lui a été confiée le lendemain soit le 17 septembre. Il confié qu’il était toujours au poste intermédiaire, quand le sergent Pagbelem et le sergent- chef Mahamadou Bouda, sont venus lui dire que sur instruction du capitaine Dao, ils doivent retrouver la radio 108.0 FM. Il indique qu’ils ont mené cette mission avec le directeur de l’ARCEP et un technicien. A en croire le sergent Lamoussa Badoum, avec l’aide des deux hommes, ils ont localisé cette fréquence qui émettait depuis la radio Savane FM. Il explique qu’ils ont simplement procédé à l’enlèvement du matériel.

Si le sergent a reconnu avoir effectué ses missions, il va également confier les avoir exécuté sans savoir qu’il participait à un coup d’Etat. D’après lui, c’est le 18 septembre étant toujours au poste intermédiaire  qu’il a appris que le général Diendéré a perpétré un le coup d’Etat.

Il faut rappeler que son interrogatoire n’est pas arrivé à terme et a même été suspendu. Cela est dû aux procès-verbaux détenus par le parquet militaire dont une partie ne se retrouve pas avec le conseil de l’accusé. Face donc au refus du procureur militaire de le laisser consulter lesdits procès-verbaux, l’auxiliaire de justice à qui il a été demandé de formuler une observation auprès du président du Tribunal, s’il se trouvait lésé, a demandé une suspension  de 24 heures de l’interrogatoire afin qu’il se concerte avec son client.

Cette requête a été acceptée par le président du tribunalet c’est le sergent Hamidou Pagbelem qui a été appelé à la barre.

 Hamidou Pagbelem nie aussi  les faits

Après le sergent Lamoussa Badoum, c’est le sergent Hamidou Pagbelem, qui s’est présenté devant le Tribunal. Tout comme son prédécesseur, il est poursuivi pour complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et de dégradation volontaire aggravée de biens. Ce technicien de l’armée (transmetteur) n’a pas reconnu ces faits, indiquant au passage que le 16 septembre 2018 il était chez lui en train de regarder la télé lorsqu’il a reçu a reçu un coup de fil du sergent Théodore Nikiéma, l’informant que ça n’allait pas à la présidence. Aux dires du sergent Pagbelem, il a fait remarquer à son interlocuteur qu’il doit se rendre au rassemblement de la soirée et qu’il en saura davantage sur ce qui se passait. «Quand je me suis rendu au camp dans la soirée j’ai effectivement constaté une situation inhabituelle. J’ai même voulu passer un appel téléphonique mais j’ai été empêché par l’adjudant Jean Florent Nion», a-t-il ajouté. Poursuivant son argumentaire, le transmetteur a confié qu’en ce moment il a voulu repartir chez lui. Cependant, on lui a fait comprendre à la porte que ne personne ne pouvait sortir. «Face donc au refus de me laisser partir j’ai continué au parking et de là, j’étais assis sur ma moto». En outre, celui-ci a déclaré que  c’est aux environs de 18 heures que le major Eloi Badiel est venu porter à sa connaissance  qu’il avait pour mission d’aller arrêter les émetteurs qui se trouvaient à Gounghin et à Kamboinsé. Et d’après lui, il s’y est rendu à ces deux endroits en compagnie du sergent Badoum Lamoussa et d’un jeune soldat qui les conduisait. Si au niveau de Gounghin il indique qu’il n’y avait rien car les locaux étaient en réfection, à  Kamboinsé  par contre ce dernier confirme qu’ils ont procédé sans violence à l’arrêt des émetteurs. A l’en croire, c’est sur le chemin du retour qu’il a été joint téléphoniquement par le  major Badiel, lui donnant l’ordre de continuer à la Radio Oméga et de mettre fin à l’émission de ladite radio. A cet endroit, l’accusé a confié que c’est un homme en tenue civil se trouvant sur place et dont il ignore l’identité qui les a conduits dans les locaux de la radio. Là aussi, il a noté que c’est sans violence qu’ils ont ordonné au directeur de couper l’émission. Tout en  plaidant qu’ils n’ont pas mis le feu aux motos du personnel de la radio, il souligne en sus qu’il ne connaissait  le ou (les) auteur (s). A l’issue de ces missions, le sergent a par ailleurs précisé, qu’ils sont retournés au camp et le compte rendu a été fait à l’adjudant- chef major Eloi Badiel. Sur ce, l’audience a été suspendue et reprend ce matin avec la poursuite de l’interrogatoire du sergent Hamidou Pagbelem.

Edoé MENSAH- DOMKPIN et Boureima SAWADOGO

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