Procès  putsch  manqué : Quand des victimes racontent leur mésaventure face aux éléments du RSP !

Procès  putsch  manqué : Quand des victimes racontent leur mésaventure face aux éléments du RSP !

Le procès du putsch manqué a repris hier mardi 9 avril 2019 avec le témoignage des victimes. Plus de 300, elles seront une soixantaine de victimes qui témoigneront devant la Chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou. Si d’aucuns estiment que leur seul tort a été d’avoir croisé le chemin des éléments du RSP durant les événements, d’autres étaient sortis pour manifester leur ras-le-bol contre la forfaiture de l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.

Depuis hier mardi 9 avril 2019, le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015 vient de rentrer dans une nouvelle étape : celle du témoignage des victimes estimées à plus de 300. Mais finalement, ce sera une soixantaine d’entre elles qui a été retenue pour passer à la barre du tribunal militaire, au sortir d’une concertation qui a duré environ trois heures entre les différentes parties prenantes au procès avec les membres du tribunal. Cela fait suite à une requête (formulée à l’entame de l’audience) de l’avocat des victimes, Me Prosper Farama qui, tout en jugeant  pléthorique ce nombre, a indiqué qu’il serait fastidieux  si elles devaient toutes témoigner. Cette demande n’ayant pas trouvé d’objection et du parquet et de la partie défenderesse, c’est de concert que  les 60 personnes ont été  sélectionnées. Ainsi donc, avant la pause  de 13 heures, plusieurs victimes sont passées raconter leur mésaventure avec les éléments de l’ex-Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) pendant les événements des 16 septembre et jours suivants. Atteint pour la plupart par des balles, parfois tirées à bout portant,  certains portent toujours les séquelles et peut-être pour toute la vie. A les écouter, leur seul tort  a été d’avoir croisé la route de ces éléments en cagoulés qui n’en faisaient qu’à leur guise. Le technicien supérieur en génie civile et résidant à Ouagadougou, Abdou Ata est le premier à être appelé par le président Seidou Ouédraogo. Pour celui-ci,  c’est le 18 septembre 2015 qu’il a reçu une balle alors qu’il se trouvait à son lieu de travail. Transporté d’urgence à l’hôpital Yalgado Ouédraogo après un passage au CSPS de Bogodogo M. Ata restera quelques jours dans le coma avant de reprendre conscience. Séance tenante, il a même présenté la balle extraite de son corps au tribunal. Quant à  Gildas Yoda atteint également par balle non loin du rond-point des Nations unies, il a eu la vie sauve grâce à l’intervention d’un de ses bourreaux. «Un militaire a dit que  je suis de Le Balai Citoyen et j’ai répondu que non. Ils m’ont dit où est l’argent du peuple. Il a enlevé son arme pour m’abattre mais son collègue a dit de me laisser. Ils sont partis en me disant que s’ils me retrouvaient là j’allais voir», a raconté longuement Gildas Yoda. Hamadé Zonou, un étudiant en réseaux informatique et télécommunication a reçu deux balles aux environs du stade Municipal où il avait rejoint ses camarades pour une manifestation contre le coup de force du RSP. C’est en boitillant qu’il s’est présenté à la barre, expliquant que son nerf sciatique a été touché ce qui a d’ailleurs provoqué une fracture de son fémur. Dans cette cohorte de témoignages, il est à noter celui de Patrice Sanogho, professeur certifié de français au lycée Philippe Zinda Kaboré qui, lui aussi doit sa vie à un élément du RSP qui a changé la trajectoire du tire en déviant la main de son frère d’armes après qu’il ait reçu une première balle à l’avant-bras gauche. Dans son argumentaire, il a fait observer que sa mésaventure est intervenue  le 17 septembre alors qu’il avait quitté son domicile sis à Tampouy pour se rendre au lycée Zinda (centre-ville). Malgré les barricades, il a pu se frayer du chemin. Cependant, c’est lorsqu’il a dépassé la Place de la nation qu’il a remarqué qu’il était suivi par un Pick-up d’éléments du RSP qui l’ont d’ailleurs tenu en respect pendant quelques temps. Avant de rejoindre son siège, cette victime habituée des audiences depuis le début du procès, tout en louant le geste du militaire qui a empêché son collègue de l’abattre a  confié au président du tribunal que tous les éléments de l’ex-RSP n’étaient pas animés d’une mauvaise intention. Toutefois, à en croire des infortunés, leurs motos ont été brûlées par les militaires. Par ailleurs, répondant au procureur militaire et à leur avocat, la défense n’ayant pas pris la parole, les victimes sont unanimes quant à l’identité de leurs bourreaux. Ils ont déclaré que ce sont bel et bien des éléments du RSP encagoulés circulant dans des V8 ou Pick-up mais reconnaissables par leur tenue léopard.

Boureima   SAWADOGO

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