Procès putsch manqué : Quel est le contenu des trois documents de JBO ?

Procès putsch manqué : Quel est le contenu des trois documents de JBO ?

Le  président  Jean Baptiste  Ouédraogo a terminé son témoignage hier mardi 12 mars 2019 à la barre de la Chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou. Cette audience a été marquée par un incident qui a divisé les différentes parties prenantes au procès quand il s’est agi pour le témoin d’introduire ses trois documents dont l’accord secret sur la Charte de la transition  dans le  dossier.

Son témoignage était très attendu dans ce dossier du coup d’Etat du 16 septembre 2015. Il l’a confirmé d’ailleurs, au regard des déclarations qu’il a faites à la barre. Jean Baptiste Ouédraogo, appelé affectueusement JBO, puisque c’est de lui qu’il s’agit a été impliqué dans la résolution de toutes les crises qui ont secoué le pouvoir de la transition jusqu’à celle qui a abouti au coup de force de septembre 2015. Après sa déposition et s’être prêté aux questions du parquet militaire, l’ancien chef de l’Etat faisait  face aux avocats des parties civiles et de la défense hier mardi. Confortablement installé sur une chaise, il avait à ses côtés les accusés Gilbert Diendéré, Boureima Kiéré, Abdoulaye Dao, Houssène Zoumbri, Moussa Nébié et Jean Florent Nion, appelés pour une éventuelle confrontation avec les propos du témoin assermenté. C’est l’avocat des parties civiles Me Prosper Farama qui s’est prêté premièrement à l’exercice. Constatant à maintes reprises que le général Gilbert Diendéré refuse de répondre à ses interrogations en rapport  avec la déposition du témoin, le renvoyant à sa déposition, l’auxiliaire de justice s’est  contenté de faire des observations. «Ce n’est pas la peine de continuer avec cet exercice, car il est insensé», concède t-il. Cependant, il dénonce le caractère versatile du présumé cerveau du putsch qui, devant le juge d’instruction a demandé que  certains témoins à commencer par JBO soient inculpés. Demande réitérée à  la barre, selon Me Farama. A en croire l’homme de droit, c’est le moment d’en parler en présence des concernés et non dans leur dos. Devant le refus catégorique de Diendéré de piper mot, l’avocat affirme : «Pour nous c’est le général Diendéré qui est le commanditaire et le concepteur de ce coup d’Etat».

«Le général  a jeté ses armes et ne veut plus se battre»

 Son confrère embouche la même trompette. «Le général a jeté ses armes et ne veut plus se battre», lance Me Hervé Kam. Persuadé que le fait de ne pas répondre  à une question  signifie qu’on consent, ce dernier invite le  tribunal  à en tirer les conséquences qui s’imposent. S’adressant maintenant  au  médecin  commandant, l’auxiliaire de justice a voulu de plus amples informations sur l’épisode de la Nonciature le 29 septembre de l’année 2015. Précisons également que c’est le même jour que l’assaut a été donné sur le camp Naaba Koom II. Contrairement à ce qu’a relaté Golf lors de son passage, JBO a confié que des dispositions ont été prises sous le feu de l’action des ‘’boys’’ pour trouver un refuge au natif de Yako afin de préserver  son intégrité physique. De concert avec l’ambassadeur des Etats Unis de l’époque, Tulinabo Mushingi,  de  même que les  autorités de la transition qui étaient mises  au courant.  Après cet éclaircissement, Me Kam s’est permis de faire l’observation suivante : « En bon général qu’il est, Diendéré n’a pas voulu dire qu’il a fui pour se  retrouver à la Nonciature». S’appuyant sur des dires de l’ex-bras droit de Blaise Compaoré, Me Kam a cherché à savoir si  M. Ouédraogo a été sollicité pour être président lorsque le pouvoir de M’bâ Michel était vacant et qu’il aurait opposé un non catégorique. «On ne m’a jamais proposé d’être président et j’ai refusé. Si c’est  le cas je devais dormir», rétorque l’officier supérieur à la retraite.  Même réponse à la question de Me Aoua Sawadogo qui  demande  s’il  a  eu à proposer  à  l’homme  mince d’assumer sa responsabilité.

Des  pièces qui divisent  les  parties prenantes au procès

A la suite des parties civiles, la parole a été donnée  à la partie défenderesse en l’occurrence aux  conseils  du  présumé cerveau  de ce putsch. Succédant à Me Latif Dabo, Me Olivier Yelkouni a tenu à répondre à ses confrères de l’autre partie qui n’ont pas été du tout tendre avec son client. Il laisse  entendre que les parties civiles  se livrent à des conclusions hâtives. «En droit pénal, ne pas répondre à une question ne veut pas dire qu’on acquiesce», fait-il savoir. A cet effet, il invite Seidou Ouédraogo et son conseiller en tant que juges professionnels ainsi que les officiers militaires qui composent le tribunal  à dire  le droit  sans haine ni passion. Quant au revenant Jean Yaovi Degli, l’un des avocats étrangers de Gilbert Diendéré, son intervention a créé un incident qui a valu une suspension temporaire de l’audience. En effet, il a  invité  le témoin à introduire ses documents dont l’accord secret qu’il détient par devers lui dans le dossier. JBO, ne voyant aucun inconvénient accède à la requête. Il s’agit de : l’accord secret complémentaire annexé à la Charte de la transition ; le PV de la réunion des Forces armées nationales (FAN) relative au cabinet militaire de la transition ; le rapport de la CRAD sur la réforme du RSP. Si cela  est  accueilli à bras ouverts par les avocats de Golf ainsi que  leurs collègues de  la  défense ce n’était pas le cas du ministère public et des parties civiles. A écouter le parquet militaire, il revient au président du tribunal d’apprécier d’abord ces dits documents afin de ne pas verser sur la place publique  des secrets militaires.

Partageant la position du parquet, les parties civiles affirment que cela ne devrait même pas être communiqué en fin de témoignage mais au début. Mieux, d’après elles, ces documents portent sur des faits antérieurs au 16 septembre 2015. Le dernier mot reviendra désormais au garant de la police des audiences. Mais qu’à cela ne tienne, nous nous interrogeons sur ce «que peuvent révéler ces trois documents» que n’entendent pas lâcher les avocats de Diendéré. L’audience se poursuit ce matin à 9 heures à la salle des banquets de Ouaga 2000, avec un autre témoin à la barre.

Boureima   SAWADOGO

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR