Procès Thomas Sankara : Le conducteur de l’équipée mortelle du 15 octobre se confesse

Procès Thomas Sankara : Le conducteur de l’équipée mortelle du 15 octobre se confesse

Elysée Yamba Ilboudo, l’un des chauffeurs ayant conduit les commandos qui ont assassiné le président Thomas Sankara et ses 12 compagnons était appelé à la barre, le mardi 26 octobre 2021, pour répondre des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et d’assassinat. Il a reconnu les faits à lui reprochés. Cependant, dans sa stratégie de défense, l’accusé minimise sa participation à l’opération.

Complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et assassinat, ce sont là les charges qui pèsent contre Elysée Yamba Ilboudo. Soldat de 1ère classe à l’époque des faits, il est l’un des chauffeurs qui ont conduit les commandos ayant assassiné le président Thomas Sankara et ses 12 compagnons, le 15 octobre 1987. Il a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Pour sa défense, le prévenu rappelle qu’un soldat a un chef qui le commande. Chauffeur, il raconte que c’est au domicile de Blaise Compaoré, capitaine à l’époque, que Hyacinthe Kafando l’a ordonné de le conduire avec d’autres éléments au Conseil de l’entente. Arrivé sur le lieu du drame, il indique être resté dans le véhicule qu’il conduisait et n’a pas participé à l’opération. Selon ses informations, c’est étant dans la voiture qu’il a entendu des coups de feu. Le prévenu déclare : «arrivé à l’entrée du secrétariat du Conseil de l’entente, Hyacinthe a ordonné aux éléments de descendre, ils sont rentrés et j’ai entendu des tirs». A la question du parquet de savoir qui a tiré sur qui, l’accusé affirme ne pas le savoir. Cependant, confie-t-il, le président Thomas Sankara en entendant les coups de feu, est sorti les mains en l’air, en demandant ce qui se passait. «On a tiré sur lui, il est tombé sur ses genoux avant de s’écrouler sur sa gauche», soutient-il. Il dit n’avoir pas quitté son véhicule et ne disposait pas non plus d’arme. Quand il est descendu de la voiture, c’est sur ordre de Hyacinthe Kafando qui lui a demandé d’aller éteindre les rideaux qui étaient en feu dans la salle de réunion où étaient le père de la révolution et ses compagnons, en feu. Face au refus de l’accusé qui parfois déclare ne plus se souvenir de certains détails, le procureur a lu sa déclaration devant le juge d’instruction. Dans le procès-verbal, Elysée Yamba Ilboudo raconte le déroulé de l’opération, et accuse son supérieur, Hyacinthe Kafando, d’avoir tiré sur le président Sankara. Cette déclaration qu’il a faite deux fois devant le juge, contredit ses propos à la barre.

Me Ferdinand Zéba

sonne la charge 

Au regard de ses déclarations, il est évident que l’accusé quand bien même il reconnait les faits, minimise sa participation. Il a d’ailleurs déclaré devant le juge d’instruction, qu’en se rendant au Conseil de l’entente, il ne savait pas que c’était pour un coup d’Etat, à plus forte raison, ôter la vie de quelqu’un. A la lecture de cette déclaration par le procureur militaire, il va reconnaitre être l’auteur. Face à cette stratégie, le conseil de la famille Sankara, Me Ferdinand Zéba, va lui demander s’il sait quelle fonction occupait Thomas Sankara. le prévenu va répondre par la négative. L’avocat va reformuler sa question en lui demandant «Qui était le président du Faso avant le 15 octobre 1987 ?». Il répondra Thomas Sankara. Il lui demande alors pourquoi lui qui a reçu une formation commando, sachant que des hommes qu’il a conduits tire sur son président, il n’a pas réagi, il est resté dans son véhicule, il n’a pas cherché à les dissuader ? Pour sa défense, le soldat de 1ère classe à l’époque des faits, va indiquer n’avoir pas réagi pour se protéger. «Si j’avais tenté quelque chose, on allait me faire comme lui», a-t-il déclaré.

Des trous de mémoire qui

suscitent des interrogations

A la barre, Elysée Yamba Ilboudo a affirmé à plusieurs reprises ne plus se rappeler de certains détails, ou de déclarations faites devant le juge. C’est par exemple la présence ou non du général Gilbert Diendéré à l’époque capitaine, au Conseil de l’entente. Si devant le juge d’instruction il a déclaré l’avoir aperçu en tenue militaire avec ses hommes, à la barre, il déclare ne plus se souvenir. Ce trou de mémoire qu’a par moments le client de Me Eliane Kaboré est-il volontaire ? Une stratégie pour ne pas répondre aux questions qui lui sont posées ? Ou cherche-t-il à protéger quelqu’un ? Ou était-il sous pression ? Ce sont autant d’interrogations soulevées par Me Ferdinand Zéba, qui l’a encouragé à se soulager, à dire la vérité comme il a commencé par le faire. Car, c’est en cela aussi qu’il pourra écrire l’histoire. Il est le premier accusé à se présenter à la barre. Son interrogatoire se poursuit ce matin. Il semble qu’il est le seul des 12 dans le box des accusés à reconnaître les faits qui lui sont reprochés. C’est dans ce sens, que l’homme de droit l’a encouragé à continuer de dire la vérité.

A l’audience du 25 octobre, les conseils de 11 des prévenus à l’exception de Gilbert Diendéré ont formulé la requête d’une liberté provisoire à l’audience d’hier mardi, la Chambre a accédé à leur requête.

Edoé MENSAH-DOMKPIN

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