Procès Thomas Sankara  Le témoin : Adama Tinto sème le doute sur l’existence des postes Delta nord et Delta sud

Procès Thomas Sankara Le témoin : Adama Tinto sème le doute sur l’existence des postes Delta nord et Delta sud

Delta Nord et Delta Sud, des postes créés à la résidence de Blaise Compaoré au moment des faits existaient-il vraiment ? C’est la question que la Chambre a posé au témoin Adama Tinto. En effet, les accusés Yamba Elysée et Idrissa Sawadogo lors de leur interrogatoire avaient été clairs et ont fait savoir que ces postes existaient et étaient des postes de sanction. Adama Tinto, chef de poste à l’époque dit le contraire. Les deux accusés ont été appelés à la barre avec le témoin pour confrontation. Chacun est resté campé sur sa position. Alors trêve de bavardage, le président fait savoir que la Chambre appréciera. C’était hier mercredi 15 décembre 2021 au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et ses douze compagnons.

Au domicile de Blaise Compaoré où Hyacinthe Kafando était le chef de sécurité, des postes étaient affectés aux militaires qui y montaient la garde. Il y avait donc Delta Nord et Delta Sud. A l’audience d’hier mercredi, les parties civiles, la défense, ainsi que le parquet militaire se sont beaucoup attardé sur l’existence ou pas de ces postes. Au passage des accusés Yamba Elysée et Idrissa Sawadogo, le problème ne se posait pas, puisque les deux ont été unanimes quant à l’existence de ces postes jusqu’à ce que le témoin Adama Tinto, chef de poste au moment des faits vienne semer le doute. Pour lui, ces postes n’existaient pas. Alors, la Chambre a réuni les trois à la barre pour une confrontation. Hélas, chacun est resté campé sur sa position. Comment se fait-il que Tinto, chef de poste n’a pas eu connaissance de l’existence de Delta Nord et Delta Sud ? S’interroge les parties civiles. Pour la défense, la Chambre doit comprendre exactement qui étaient au domicile de Blaise et si réellement ces postes existaient. Pour le président de la Chambre, c’est peine perdu. «On va beau faire défiler les témoins à la barre mais chacun va garder sa position ce qui est sûr, la Chambre appréciera», dit-il.

Avant le passage du témoin Adama Tinto, c’est Dénis Bicaba adjudant-chef de l’armée de l’air qui a fait sa déposition. Il raconte qu’en juillet 1987, il était à Cuba lorsque Thomas Sankara a envoyé sa garde pour lui dire de venir l’aider à consolider la Révolution. Lorsqu’il est arrivé au pays, son beau Gabriel Tamini l’a reçu pour lui dire d’aider Blaise Compaoré à faire un coup d’Etat à Thomas Sankara. Evidemment, M. Bicaba a averti Thomas Sankara. «Il m’a dit de dire à Tamini de venir le voir», explique le témoin. Quelques jours après, le témoin de ses dires, va rencontrer Thomas Sankara pour savoir ce qu’il a fait de l’information qu’il lui a donnée. «Sankara m’a dit qu’il ne sera pas le premier à arrêter Blaise. J’étais découragé et je suis rentré chez moi», confie le témoin. Après le 15 octobre, l’adjudant était obligé de «disparaître», puisque selon lui, si on le trouvait il était un homme mort. A sa suite, c’est Ambroise Nana, militaire à la retraite qui est passé à la barre. Sa déposition n’a pas apporté grand-chose à la Chambre. Quant à Adama Tinto, caporal au moment des faits, il a raconté qu’avant le 15 octobre, il y avait une réunion à laquelle lui et d’autres personnes ont assisté sur ordre de Hyacinthe. Mais à l’en croire, cette réunion n’a pas abouti car il y avait des tractations. «Le 15 octobre, j’étais au domicile de Blaise Compaoré lorsque j’ai entendu des coups de feu. Des éléments sont venus m’arrêter et enfermer d’abord au Conseil de l’entente puis à la gendarmerie», relate le témoin. Il passera donc 2 ans en prison avant d’être libéré en 1989. Pourquoi on vous a arrêté ? Interroge le parquet militaire. «J’ai été arrêté parce que Hyacinthe me soupçonnait d’avoir eu des informations qu’il y avait un coup à 20 heures et que je ne l’avais pas informé», répond le témoin. Pensez-vous qu’il y avait réellement un coup à 20h ? Enchaîne les parties civiles. «Non je n’avais pas d’information à ce sujet». Dans sa déclaration au juge d’instruction, le témoin avait affirmé avoir vu le colonel Jean Pierre Palm au domicile de Blaise Compaoré à la veille du coup d’Etat. Le parquet demande alors une confrontation avec l’accusé Palm qui nie catégoriquement ce que le témoin lui reproche avant de préciser qu’il n’avait même pas de véhicule et qu’il était préoccupé à inscrire sa fille à l’école à Bobo. Le procès se poursuit ce matin.

Omar SALIA

 

 

COMMENTAIRES

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    Philibert Coyitungiye 2 ans

    Je ne suis pas Burkinabe et j’ignore certainement les arcanes de la politique au Burkina Faso mais il me semble que Compaoré a plongé le pays dans une misère politique , et sociale dont le pays sera longuement handicapé. Mais je pense que le peuple burkinabe est capable de s’ en sortir mais il faut qu’il connaisse d’abord la vérité .

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