Qatar 2022 : Le sacre institutionnel du football business

Qatar 2022 : Le sacre institutionnel du football business

Dans quelques heures seulement, tous les regards seront braqués vers le Qatar où se déroulera le plus prestigieux rendez-vous de la planète foot. A peine plus grand que la région du Centre-Sud (11 321 km2) du Burkina, le Qatar, pays de 11 586 km2 de la péninsule arabique, ne compte que quelques 3 millions d’âmes. Rien ne prédestinait ce pays sous monarchie absolue et son football embryonnaire inscrit dans les registres oisifs, à s’offrir un raout de perles mondiaux. Rien, si ce n’est son insolent pouvoir économique, volontairement exhibitionniste et conquérant à dessein.

Si personne ne peut contester l’évolution du schéma caractéristique du football, force est de reconnaître que l’hôte qatari impose un dualisme assez problématique au monde de la boule de cuir. Probablement, la sève paradoxale dont aime se délecter les amoureux de cette discipline sportive, capable de combiner l’ultra fine technologie à la bassesse morale. Avec ce mondial aux forts relents de corruption et d’esclavagisme, le monde entier s’apprête à vire la mise en scène la plus bouleversante de l’histoire du football. Même l’aspect festif si spontané et si cher aux adeptes de la boule de cuir qui semblait compromis dans ce pays de 3 millions d’âmes, aurait trouvé la bonne parade. Peut-être inspiré par le servile bétail électoral dont ne se lassent guerre les pères des nations africaines et autres dictatures éclairés, le Qatar fera bonne figure, quitte à déployer les charters.

Dans la chaleur torride du Qatar, les climatiseurs installés dans les stades pour adoucir la canicule n’empêcheront pas les esprits en proie au repos éternel d’errer dans les couloirs et les gradins de ces sanctuaires faits de sang et de larmes. Asiatiques et Africains pour l’essentiel, ils sont nombreux à avoir payé de leur dignité et de leur vie, l’édification de ces temples qui vont accueillir les génies artistiques tels que Karim Benzema, Messi, Neymar…

L’organisation de cette Coupe du monde de la démesure sacralise une bonne fois pour toute, le critère très select que nous imposent les instances mondiales du football. Désormais, la capacité économique semble être l’unité principal de mesure. Les considérations humaines et morales ne s’inscrivent que dans le chapitre de l’hypocrisie. D’ailleurs, ramené au niveau africain, le cahier de charge de plus en plus rigoureux de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) prouve à souhait, que dans un proche avenir, le pass organisationnel s’obtiendra en fonction de l’indice financier. La Guinée vient de se voir retirer l’organisation de la CAN 2025. Excepté une brochette de pays dont ceux du Nord du continent et l’Afrique du Sud, combien de pays africains peuvent organiser la CAN sans consentir des sacrifices presqu’irraisonnables ?

Entre indignations, regrets et boycotts en tous genres, les cinq (5) représentants africains auront le devoir de hisser haut le fanion du football continental. Dans ce désert bordé de littoral où les rêves extravagants se côtoient au gré des rentes gazières et de pétrolières, les Lions du Cameroun, de l’Atlas et du Sénégal, les Blacks Stars du Ghana et les Aigles de Carthage vont devoir s’adapter à un terrain de chasse assez inhabituel, avec le sentiment que le sang versé sur ces stades par des milliers travailleurs africains, que l’abréviation de la vie des Africains sur l’hôtel de la démesure gargantuesque de ce petit pays, constituent une source supplémentaire de motivation.

Quoi qu’il en soit, cette Coupe du monde sur fonds de corruptions, de concussions, de compromissions, de pleurs et de sang, marquera son temps. Il ne manquera plus qu’un ultime pied du nez au monde du football : Qatar champion du monde au soir de la finale… 

Hamed JUNIOR

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