Quasi-insurrection au Sénégal, 15 tués : Week-end infernal pour Macky Sall

Quasi-insurrection au Sénégal, 15 tués : Week-end infernal pour Macky Sall

Ces 1er, 2 et 3 juin 2023, exhalaient au Sénégal, les miasmes de l’insurrection burkinabè avec un zeste guinéen et du jasmin tunisien ! Le président Macky Sall a compté durant ces 3 jours ses amis et surtout ses ennemis aussi, car si son pouvoir n’a véritablement pas vacillé, il y avait le feu au propre comme au figuré qu’il devait éteindre. Ainsi, plusieurs chefs d’Etat de la sous-région lui ont passé un coup de fil, même certains qui ne sont plus au pouvoir. Tandis que d’autres ont observé une neutralité qu’il appartient à Macky Sall d’interpréter. La CEDEAO, quant à elle, observe et appelle au retour au calme.

Le président sénégalais a repris la main mais en fait véritablement, selon plusieurs sources, il ne l’a jamais perdu, malgré qu’une Toile même bridée par les coupures de WhatSapp, Instagram, Twiteer s’est affolée via le VPN. Hier, le ministre de la Communication a sorti un oukase à ce sujet à l’endroit des opérateurs de téléphonie mobile.

Du procès du salon de massage Sweet Beauty à la condamnation d’Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme, donc au spectre de l’inéligibilité, il y a seulement la requalification des faits, (corruption de la jeunesse) lesquels ne figuraient pas dans les actes d’accusation, mais il y a surtout la croyance tenace du PASTEF et de ses militants et d’autres Sénégalais que la justice est désormais l’arme de destruction massive des opposants au Sénégal. D’où la bronca sanglante qui a balayé Dakar, Ziguinchor, Kolda, Saint-Louis… il n’est pas jusqu’à la Sainte ville Touba habituellement calme où le Serigne M’Backé a invité les jeunes à cesser les manifestations et à rentrer chez eux. Son homologue des Tidjanes, Mansour Sy, qui est en séjour médical à l’étranger s’apprêtait à rentrer, affirmant que le Sénégal est supérieur à lui sa santé ! Il y a de quoi : 15 victimes, indexées par Amnesty International contre le gouvernement, lequel évoque des  «forces occultes». Voici donc de par un simple fait divers, la République du Sénégal qui vit une crise politique liée au 3e mandat, alors qu’un président qui a combattu ce phénomène, il y a 12 ans contre Abdoulaye Wade est soupçonné de cultiver cette tentation !

Plus de 6 décennies après l’éclairage du Soleil des Indépendances et 40 ans après les pagailleuses conférences nationales souveraines, le recul démocratique en Afrique, principalement dans la sous-région est notoire, du fait des itératives irruptions des prétoriens au pouvoir mais aussi de civils bien ou mal élus qui veulent toujours «terminer leurs chantiers», par l’affranchissement indu des alinéas limitatifs du nombre de baux présidentiels constitutifs. Le Sénégal de Macky Sall semble être dans cette optique. Et si le président a toujours la situation en main, il lui faudra agir et vite.

Que se passera-t-il si on tente d’amener Sonko de sa résidence de Keur Gorgui à la prison de Rebeuss ? Assurément, cela risque d’être un peu mouvementé !

A 7 mois de la présidentielle sénégalaise, et eut égard à un 3e mandat  réel ou fantasmé  par Macky Sall, de nombreuses incertitudes planent sur ce pays détenteur de la palme démocratique en Afrique de l’Ouest. Que doit faire Macky Sall pour tenir jusqu’au 25 février 2024, car si l’opposition se montre plus hargneuse, c’est qu’au fil des mois qui rapprochent de cette échéance affleure chez le président-sortant une sorte de volonté accrue de s’offrir ce 3e mandat. C’est à se demander qu’est-ce qui se passe, car même chez des opposants qui ont guerroyé contre ce bail de trop, parvenus au pouvoir, ils veulent se l’offrir. Convenons-en : le pouvoir doit être succulent, malgré ses servitudes !

La guérilla urbaine et civique des populations du Sénégal a été maîtrisée, mais Macky Sall doit parler. Acceptera-t-il de dire par exemple : «Peuple du Sénégal, j’ai vu votre colère, je vous ai compris, je ne me présenterai pas à la prochaine présidentielle». Il fera tomber davantage la tension, mais ses partisans disent qu’il n’en est pas question car seul le président peut décider librement, mais pas sous le diktat de l’opposition.

Et pourtant, le pouvoir suprême est solitaire, et c’est dans le secret du palais, seul, que Macky Sall devra penser à son départ du pouvoir et au… Sénégal.

Quoiqu’on dise et à la lumière des derniers évènements, les 7 mois qui le séparent de la présidentielle seront les plus longs de son septennat et quinquennat. Quoi qu’il fasse, qu’il recule ou persiste, il est désormais un chef d’Etat qui a perdu quelque chose de son pouvoir. A lui de savoir négocier sa sortie, car c’est possible que Ousmane Sonko ne soit pas candidat, ou qu’il le soit et est battu, mais lui Macky Sall doit songer à son avenir, à sa vie après la présidentielle. Il a 7 mois pour préparer son départ, quitter le pouvoir par la grande porte (même un peu chahutée) au lieu de le faire par la petite voire la fenêtre, en sorte finir dans les poubelles de l’Histoire. Ce serait un gâchis pour quiconque connaît le pédigrée de ce 2e artisan de l’alternance civile au Sénégal, après  le Gorgui !

La REDACTION

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