Finalement c’est ce 8 décembre au journal télévisé de 20 heures que les Burkinabè ont appris la démission du 2e premier ministre de Roch Kaboré : Christophe Dabiré.
Une demie surprise pour 2 raisons :
– Primo, depuis l’adresse nocturne de son patron en date du 25 novembre dernier annonçant l’avènement d’un «gouvernement resserré», le Tout-Burkina savait plus ou moins que le gouvernement de Dabiré était en sursis.
– Secondo, l’actuel locataire de l’Avenue Agostinho Neto ployait sous le poids de l’âge et de la fatigue. Dans de nombreux commentaires, il n’est pas rare d’entendre que «Christophe aurait fait un bon premier ministre, il y a 20 ans quand il avait la cinquantaine». il fut d’ailleurs un bon ministre de la Santé dont l’épidémie de la méningite a malmené la gestion et aussi il a tenu bien la maison au département de l’Enseignement supérieur sous le règne de Blaise Compaoré.
A la primature sous Roch, il a essayé de faire le job comme diraient les anglo-saxons, mais avec un Burkina, ensanglanté par les terroristes, une économie qui tire la langue, des milliers de réfugiés internes, et des populations qui ont des bleus à l’âme, soucieuses comme pas possibles, Dabiré semble dépassé. Hier Roch a accepté le départ de son PM.
Qui pour remplacer Dabiré ? A vrai dire il se dit que depuis 48 heures, le président du Faso avait sa short list, et reste injoignable, tant à l’orée d’un remaniement, son téléphone pleure, car entre les interventions de mentors, et de personnalités morales, si ce ne sont pas les supplications de parents pour que X ou Y ministre reste ou change de poste il n’aurait pas pu réfléchir sereinement.
Revenons au nouveau premier ministre.
Le nom qui sort du lot est évidemment Zéphirin Diabré. Déjà, un confrère, l’Obs. Paalga vendredi passé avait balancé son nom avec d’autres, et par hasard, lorsque nous l’avons eu au téléphone pour lui demander son avis, l’homme a tout simplement dit qu’il «travaille à remplir sa tâche» (Réconciliation nationale). Pourtant, il tiendrait la corde, car ce scénario aurait même été échafaudé, avant qu’il n’étrenne le maroquin actuel taillé sur mesure pour lui. 2e dans l’ordre protocolaire, une sorte de vice-premier ministre, passerelle vers la primature ? Mais cela se ferait après le forum de réconciliation nationale. C’était sans compter avec les évènements d’Inata qui contraignent Roch à changer son timing.
Zéphirin Diabré à la primature, contenterait les UPCistes, dont l’entrée de leur champion au gouvernement, était d’abord une bonification, mais ils ne comprendraient d’ailleurs pas que cette primature lui échappe, car «c’est le chemin tout tracé Inata ou pas».
Il a le physique de l’emploi et formerait un beau couple avec Roch. Avec sa compétence, son carnet d’adresses fourni… son expérience de la gestion de l’Etat, il ne peut faire qu’un bon premier ministre. Et même plus si réussite totale, notamment Kosyam 2025. Mais attention tenir le bon bout de la corde ne signifie pas certitude mathématique. Un chef a toujours une surprise !
Lassina Zerbo serait en embuscade. Après avoir été à l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) en Autriche, il a aussi les faveurs de Roch Kaboré, qui l’apprécie bien. Il vient d’organiser un forum sur les sciences et la diplotmatie avec Bissiri Sirima du 29 novembre au 1er décembre 2021 qui a été fort apprécié. «Atomic Zerbo» possède aussi une expérience, et un carnet d’adresse étoffé et c’est un bon poulain pour la primature.
Les 2 «Z» (Zerbo et Zèph) sont autant des favoris avec un grand avantage pour l’enfant de Fungu Yakala (Zoundwéogo) car politiquement, Roch fera d’une pierre 2 coups, il résout la question géostratégique (dosage régional) avec un président mossi, un occupant du perchoir mossi, et un premier ministre d’une autre ethnie (Bissa ou Samo).
Mais en plus du premier ministre c’est l’avènement de cette équipe resserrée qu’attendent les Burkinabè. Des ministres qui assurent actuellement l’expédition des affaires courantes. Combien seront des victimes colatérales d’Inata ?
Qui passera à la trappe ? La dizaine ou la quinzaine de ministres comme le clament certains. 5 ou 7 ministres ? La disparition de ministères délégués ? La création de grands départements par exemple rattacher la réconciliation à l’Administration territoriale ? Attendons d’abord, la surprise ou la non-surprise du chef : le nom du PM !
La REDACTION
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