12 mois pour souffler. Les 76 pays pauvres dont 40 africains ont eu un an pour mieux se doter afin de rembourser l’échéance de 2020 de leur dette. Décidé le 14 avril dernier par le club de Paris, c’est-à-dire l’ensemble des pays prêteurs, le moratoire de 20 milliars de dollars a été entériné par les ministres des finances et les patrons des banques centrales des 20 puissances économiques du monde qui se sont accordés en visioconférence, Covid-19 oblige.
Seul Bémol à cette bouée d’oxygène, la position des prêteurs privés qui invoquent la complexité technique de l’opération, mais aussi, même s’ils ne le disent pas, la perte qu’engendrera cette suspension de 12 mois. D’où leur position alambiquée.
Néanmoins, la chose est pliée, et dans l’immédiat 14 milliards de dollars des créanciers bilatéraux publics sont allégés et payables en avril 2021. La même tonalité a été entendue au niveau de ces gros prêteurs publics. De l’Allemagne qui a parlé d’un acte de solidarité et de la France qui n’a pas dit autre chose quand on a écouté Emmanuel Macron, la veille.
Dans cet océan de misère accentué par la pandémie, les 4 pays qui tireront leur marron du jeu, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, l’Ethiopie et l’Ouganda, devront servir de modèle pour les 36 autres, afin que l’aide contribue à mettre fin à l’aide, que les prêts s’effacent et que l’Afrique puisse un jour se prendre en charge toute seule. Cela tombe bien d’ailleurs 2 de ces pays exemplaires sont dans l’Afrique de l’Ouest, un dans la corne du continent et l’autre dans l’Est. Une répartition géographique qui montre à souhait que le développement est possible partout en Afrique. Pour peu que d’abord les premiers dirigeants y croient et indiquent la voie, qu’ils aient des peuples travailleurs, et disciplinés et un environnement propice (aléatoire).
Rien qu’en prenant le cas de la Côte d’Ivoire, qui aura toujours un taux de croissance à faire pâlir ses voisins (7%), on le doit à un pouvoir qui a travaillé d’arrache-pied, qui a bien géré ses ressources, et qui a de la vision. Alassane Ouattara pour ne pas le nommer a peut-être trébuché sur le plan de la réconciliation, mais il a tenté de revêtir le costume d’un deuxième Houphouët-Boigny.
De par son expérience, il a su faire redécoller un pays plombé par 10 années de cahotement politico-militaire et c’est cette sorte d’auto-ajustement, d’investissement adéquat et d’un bon climat des affaires, qui font que la période post-Covid-19 ne sera pas catastrophique. Un peu comme le Sénégal, avec aussi une gestion saine, une confiance des bailleurs de fonds et une diplomatie bien assise qui font que le pays de la Terranga est le chouchou d’une communauté internationale.
Quant à l’Ethiopie, depuis le défunt Meles Zerawi, le pays est en pole position du décollage économique. Une œuvre que porte Ahmed Abiy qui en dépit d’un héritage politique brûlant, construit patiemment la nation de Hailé Sélassié.
Dans ce quatuor, seul l’Ouganda fait figure d’anomalie en échappant à cette marque au fer rouge sur le plan économique après le coronavirus. Mais à y regarder de près ses fondamentaux économiques, on comprend pourquoi. Avec une projection de 6,3% de taux de croissance en 2020, et le FMI qui table sur le même taux les 5 prochaines années. Le Président Yoweri Museveni, qu’on a d’ailleurs vu faire son jogging dans son salon pour meubler son confinement, ce «Bismarck» des grands lacs, ex-guérillero, absout par les suffrages universels, a su sans doute être un timonier éclairé durant ses 34 ans de règne. Ceci expliquant cela.
4 pays qui prouvent donc que toute l’Afrique peut y arriver, pourvu de se donner tous les moyens pour y parvenir à coup de sacrifices. Avant-hier Singapour, hier la Corée du Sud, demain la Côte d’Ivoire ou le Sénégal ? Pourquoi pas !
Pélagie OUEDRAOGO
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