Rached Ghannouchi, nouvel occupant du perchoir tunisien : C’est bien Ennahdha qui  gouvernera le pays

Rached Ghannouchi, nouvel occupant du perchoir tunisien : C’est bien Ennahdha qui  gouvernera le pays

C’est le retour sur le devant de la scène d’un dinosaure du marigot politique tunisien avec l’élection hier 13 novembre 2019 de Rached Ghannouchi à la tête du parlement tunisien par 123 voix sur 217. Il a laminé ses concurrents Ghazi Chaouachi (43 voix) Marwen Falfel (18 voix) et autre Abir Moussi (21 voix).

Fondateur d’Ennahdha, il en est le maître incontesté depuis 34 ans, et même si le  «cheick» comme l’appellent ses partisans, n’a jamais été au cœur du pouvoir, rien ne se fait en Tunisie sans son quitus, et il est à lui seul un pouvoir, de par la puissance et le maillage d’Ennahdha, et avec sa proximité avec les Frères musulmans. Des Frères musulmans dont il aura réussi à brider l’influence au sein de son mouvement en y imposant une sorte de modération, en expurgeant la prédication et la radicalité.

Ghannouchi avait compris bien avant la révolution de Jasmin de 2011, que si l’islam politique reste présent en Tunisie, il n’a plus trop le vent en poupe.

L’arrivée de Caïd Beji Essbsi, va un peu rudoyer Ennhada, car le vieil locataire de Carthage en créant Nidaa Tounes avait pour ambition de contrer d’Ennahdha. BCE y réussira quelques temps, avant de concéder encore la main à Ghannouchi, qui reste populaire malgré des courants centrifuges et c’est pourquoi aux dernières législatives du 6 octobre 2019 son mouvement engrangera 58 sièges, devenant de ce fait la boussole du gouvernement tunisien.

Malin, le «cheick» modifiera même les statuts du parti qui permet à son président de compétir pour le fauteuil de Carthage. Mais il se gardera bien de le faire laissant à Abdel Fattah Mourou être le porte-étendard de la présidentielle du 13 octobre dernier de le faire, tout en jetant son dévolu sur le perchoir.

Le voilà qui le régentera le gouvernement tunisien pour ne pas dire le président Kaïs Saïed lui-même, dont les mouvements au parlement restent étriqués de par sa représentativité. En effet, bien qu’élu, sans presqu’un appareil ou une formation digne de ce nom, le juriste pétri de rigorisme politico-religieux n’a pas d’autre choix que de gouverner sous le parapluie d’un parlement dominé par Ennahdha et la trentaine de députés de Nabil Karoui, le magnat des médias.

A 75 ans, dont 23 passés en exil, celui qui vient de s’installer au perchoir, d’où il devra pouvoir manœuvrer avec maestria, c’est-à-dire comme le chef spirituel des islamistes tunisiens tout en se tenant à équidistance des excès des Frères musulmans aura le beau rôle. C’est l’ultime revanche de cet ancien enseignant, qui aura attendu son heure, pour parvenir à ce lot de consolation, car beaucoup de ses proches susurraient que Ghannouchi rêvait d’un destin à la Erdogan en Turquie, mais à l’évidence, il devra se contenter du parlement. Un must tout de même, dans cette Tunisie post-révolution !

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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