Radio de la résistance/ SMS… : Place à Mathurin Bako ex-président de l’ARCEP

Radio de la résistance/ SMS… : Place à Mathurin Bako ex-président de l’ARCEP

Les témoins se succèdent à la barre du tribunal militaire. A la suite de l’ex directeur général de la police, Lazare Tarpaga, c’est l’ex-président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), Mathurin Bako qui a été appelé à la barre ce lundi 11 février 2019 pour témoignage. Il a procédé à la narration de ce qu’il a vécu lors des faits. Mais avant lui, l’ex-patron de la police a maintenu sa déposition.

Le témoignage de l’ex-directeur général de la police, Lazare Tarpaga débuté le vendredi 8 février 2019, s’est poursuivi hier lundi 11 février 2019. Invité par Me Latif Dabo, conseil du général de brigade, Gilbert Diendéré à faire un commentaire sur l’attitude qu’il a adoptée au cours des évènements et surtout quand il lui demande d’assumer ses responsabilités quant au dérapage constaté en ville pour n’avoir pas respecté les ordres reçus, le témoin déclare : «je n’assume rien». D’après lui, ce sont ceux qui lui ont demandé d’assurer le maintien d’ordre auquel il a désobéi, qui doivent assumer leur responsabilité. Il refuse cela parce que selon lui, l’ordre lui a été donné de disperser des gens sur qui ceux qui lui ont donné l’ordre tiraient. Faisant ses observations, le conseil du général rejette le témoignage fait par le policier et rappelle que lorsqu’il est question de son implication, le témoin refuse de répondre aux questions sous prétexte que la mémoire lui fait défaut.  Il regrette par la même occasion que si c’est pour faire des déductions, il ne se prive pas. Tirant une conclusion, il affirme : «les dires du témoin au lieu d’apporter de la clarté, apporte des zones d’ombre». Abondant dans le même sens que son confrère, Me Mireille Barry rappelle que Lazare Tarpaga est l’ancien DG de la police et de par sa fonction, son expérience sait ce qu’est un témoin. Tout comme son confrère, elle dit douter de son témoignage et rappelle qu’il a attendu le lundi pour faire des témoignages alors que le vendredi, il avait des problèmes de mémoire.

Le général pas tendre avec l’ex-patron de la police

On se rappelle que lors de son interrogatoire, le général de brigade, Gilbert Diendéré avait soutenu que les chefs militaires étaient complices du coup d’Etat et qu’ils devraient répondre en tant qu’accusés et non témoins. Devant l’ex-DG de la police, le conseil des parties civiles, Me Prosper Farama a demandé au général s’il soutient toujours que l’ex-patron de la police a soutenu le coup d’Etat. Comme réponse, l’ex-patron du RSP confirme que le 16 septembre, le DG n’était pas de la réunion des officiers et que c’est le 18 septembre qu’il se sont rencontrés et qu’il lui a demandé de l’accompagner à travers le maintien de l’ordre tout en rappelant qu’à l’issue de la réunion avec les chefs militaires, le chef d’état-major général le général des armées, Pingrénoma Zagré le lui avait déjà demandé. S’il confie n’avoir jamais dit que Lazare Tarpaga est complice du putsch, soutenant que dans les jours suivants le putsch la police a posé des actes sur ses instructions; il déclare : «cela peut être considéré comme étant une complicité».

Poursuivant avec ses questions au général, Me Farama lui demande de confirmer la présence des caméras à certaines parties stratégiques de la ville. Reconnaissant les dires de l’avocat, il souligne que les images filmées par les caméras, sont vues à la présidence grâce au ministère de la Sécurité qui détient les équipements. Il explique qu’à la présidence du Faso il y a une salle où sont disposés des écrans sur lesquels l’on peut voir les vidéos filmées à partir du ministère de la Sécurité. Rappelant qu’il n’y a pas une dépendance entre l’équipement qui est au ministère et celui qui est à la présidence, il soutient que si le système est endommagé et que le ministère ne peut pas voir les images, il en est de même pour la présidence. A cette réponse, l’avocat des parties civiles déclare être étonné que le RSP ne parle pas de ces caméras qui, selon lui, pouvaient le disculper et rappeler que lors de son passage, le général avait fait cas de la présence de forces étrangères qui tiraient sur des gens lors des évènements. Pour lui, le régiment qui a accès aux vidéos, pouvait les utiliser pour apporter la preuve de ce qu’il avance. N’ayant pas la preuve de ce qu’il avance, le général soutient qu’à la présidence, il n’y a que des écrans. Relevant le fait qu’il n’y a pas de matériel que l’on peut manipuler, il insiste sur le fait que l’on ne peut rien enregistrer. Ne croyant pas à la réponse du chef militaire, Me Prosper Farama estime qu’il s’agit de la rétention d’informations et rappelle que c’est lui qui avait dit qu’il a vu des forces étrangères tirées sur des gens et donc il doit être en mesure de dire qui sont-elles.

La leçon de morale du colonel-major Kiéré à la hiérarchie militaire

Les responsables de ce pays, ne montrent pas le bon exemple. C’est ce que l’on a compris du coup de gueule du colonel-major Boureima Kiéré qui confie que si le coup d’Etat avait marché, ils seraient avec les putschistes. Les traitants d’opportunistes, il confie que quand ils ont su que le coup n’allait pas prospérer, ils ont changé de veste. D’après lui, c’est leur attitude qui a conduit au coup d’Etat.Il explique que si les responsables de l’armée avait dit non, le général Gilbert Diendéré allait reculer car le RSP ne pouvait pas à lui seul sécuriser le pays, a-t-il soutenu. Citant le nom de l’ex-DG de la police, il confie qu’il a demandé les moyens, de l’argent qui lui ont été donnés, mais regrette qu’il n’a pas rempli sa part de contrat.

Sur la même lancée que son subordonné, le général Gilbert Diendéré déclare : «si certains se trouvent dans le box des accusés, c’est normal que Lazare Tarpaga s’y trouve aussi». D’après lui, des jeunes se sont retrouvés à la barre, alors qu’ils n’ont pas posé le 10e des actes posés par le témoin. Soutenant que le témoin a fait des faux témoignages, il conclut : «Lazare Tarpaga est le prototype du faux témoignage».

Le témoignage de l’ex-président de l’ARCEP, Mathurin Bako

Après le directeur général de la police, c’est l’ex-président de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), Mathurin Bako qui a été appelé à la barre pour son témoignage. Avant que le parquet ne lui pose ses questions d’éclaircissement, il a relaté ce qu’il a vécu durant les évènements. Ce qu’il faut retenir, c’est que sur son instruction, ses agents ont aidé les éléments du RSP à localiser la Radio de la résistance, c’est parce qu’il était contraint. Si dans un premier temps, les militaires étaient convaincus que la radio en question émettait depuis les locaux de l’ARCEP, il dit les avoir rassuré du contraire avant qu’il ne fasse appel à deux de ses agents qui sont des spécialistes dans le domaine à venir les aider à retrouver la radio. Dans sa narration, il accuse le colonel Déka qui selon lui a ordonné à ses éléments de défoncer le bureau dans lequel se trouvait le matériel de détection tout simplement parce que l’occupant dudit bureau tardait à venir à cause des tirs. Il rappelle que le colonel après avoir donné l’ordre, a indiqué que l’occupant allait réparer la porte à ses frais.

Invité par le parquet à dire si oui ou non, ses agents et lui ont fait objet de menace ? Le témoin répond par l’affirmative et explique que les militaires lui ont demandé de leur laisser un de ses agents notamment Seybou Yao. Naturellement, il dit avoir refusé.  A la question de savoir pourquoi il  n’a pas dit non quand il lui a été demandé de localiser l’emplacement de la Radio de la résistance, l’ingénieur en télécommunication déclare : «je n’étais pas dans les conditions de dire non. Quand vous avez derrière vous une dizaine d’hommes armés menaçants, vous ne pouvez pas dire non». Il faut rappeler que le témoin avait confié dans sa narration que le 16 septembre aux environs de 20 heures 30 mn, le général l’avait appelé pour lui demander s’il y avait une possibilité de couper les SMS. Ne reconnaissant pas l’avoir fait, Gilbert Diendéré rappelle qu’à cette date et à l’heure donnée par le témoin, il était en réunion avec la hiérarchie militaire.

Edoé MENSAH-DOMKPIN

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