Raila Odinga rejette la victoire de Ruto donnée par l’IEBC craquelée : Dernier baroud d’honneur d’un vieil opposant ou symptômes du pire ?

Raila Odinga rejette la victoire de Ruto donnée par l’IEBC craquelée : Dernier baroud d’honneur d’un vieil opposant ou symptômes du pire ?

Raila Odinga se rebiffe ! Ce n’est plus le même homme qui, dimanche, 14 août lors d’un office religieux faisait confiance au peuple, à l’IEBC et se disait serein. Son discours, après la publication des résultats, ce 15 août, était un tantinet calme, mais ferme, comminatoire et surtout accusateur.

 Car lorsque le vieil opposant de 77 ans, chaperonné par son adversaire des 2 précédentes présidentielles Uhuru Kenayatta, le président-sortant, lorsque l’éternel perdant, assène que la publication des résultats du lundi est «une parodie et un mépris flagrant de la Constitution du Kenya … selon nous, il n’y a ni gagnant, ni vainqueur légalement et valablement déclaré, ni de président élu», il est évident qu’il ne reconnaît pas sa défaite et de facto, la victoire de Ruto.

4 sur les 7 commissaires de l’IEBC, dont la vice-présidente Juliana Cherera, ne se reconnaissent pas dans cette désignation de William Ruto comme vainqueur. Et pour le camp Odinga, l’opacité qui a entouré le décompte des voix, n’était pas «mathématiquement correcte». On redoutait bien que les graves péripéties qui ont entouré la publication des résultats, ainsi que les rancœurs et les désirs de revanche, sans oublier la dévolution du pouvoir qui a toujours opposé des grandes familles, en l’occurrence les Kenyatta et les Odinga, on devine aisément donc qu’avec tout ça, cette victoire de Ruto qui a été obtenue dans un mouchoir de poche, n’allait pas passer comme une lettre à la poste. Ruto, ex-vendeur de poulets qui terrasse les deux grandes familles Kenyatta et Odinga, c’est inédit et… rageant.

Bien qu’après toutes ces menaces à mots à peine couverts, Odinga ait laissé entendre que c’est devant la justice qu’il va engager la bataille des recours et des contestations, autrement dit il va ester en justice au lieu de lâcher ses partisans dans la rue, des nuages noirs s’amoncèlent au-dessus du Kenya.

Paroles d’un vieux briscard de la politique sans doute transi par des échecs à répétition, ce qui fait craindre le pire, surtout que lui-même est à la remorque d’Uhuru Kenyatta qui voit le pouvoir quitter sa dynastie, et rejoindre un compatriote aux origines modestes, qui par le système D est devenu Crésus, même s’il y a des choses à dire sur le «débrouillard » milliardaire.

Ce refus et cette menace d’Odinga pourraient être soit le dernier baroud d’honneur d’un opposant ou la promesse du pire, c’est-à-dire une copie des évènements de 2007-2008. Pour la 5e fois, ce fils du vice-président du père de la Nation kenyane, Jaramonji Oginga Odinga, a mordu la poussière à ce scrutin crucial. Toute sa vie, il l’a passée à courir derrière le pouvoir qui lui a encore échappé ce 9 août 2022. Une quête pour tuer le père à titre posthume, en devenant président, son géniteur ayant été vice-président. Tant qu’à sortir par le haut même avec cette défaite, autant le faire en combattant, les armes à la main, ou plutôt en épuisant tous les recours, et en usant de tout ce qui est permis pour peut-être inverser la tendance, après tout en 2017, la Cour suprême avait invalidé les résultats de la présidentielle, car des irrégularités avaient gravement entaché l’intégrité du scrutin. C’était sur saisine d’un certain Odinga. Bis repetita en 2022 ?

Enfin, derrière ce discours à double détente (rejeter, mais appeler ses ouailles au calme) pourrait être aussi la brise qui annonce la bourrasque violente. Se sentant humilié par ces défaites, son ethnie (les Luos) voyant encore une fois le pouvoir échapper à l’un des siens, son ethnie pourrait mal le prendre, et leurs vis-à-vis les Kikuyus, aigris par cette stratégie non payante d’Uhuru Kenyatta qui a misé sur un ancien et vieux adversaire tout ce cocktail politique pourrait également faire déterrer la hache de guerre.

Deux scénarios, dont le premier est de loin le meilleur, c’est-à-dire des réclamations devant des juges au lieu de laisser la rue arbitrer avec son cortège de violences et de victimes. Mais chacun le sait pour le pouvoir, on est prêt à tout en Afrique, hélas et pas seulement au Kenya !

La REDACTION

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